C'est bientôt la rentrée dans ce petit village des hauts plateaux algériens, aux confins des Aurès, en cette année 1939. De la métropole, la jeune et belle Claire Boyer est venue pour occuper le poste d'institutrice de l'école communale. A peine arrivée, elle remarque, parmi une bande de gosses, le petit Mouloud qui se distingue par sa turbulence. Claire découvre bien vite cette France coloniale, où quelques Français imposent leur loi et leur pouvoir à la majorité de la population arabe. C'est la passivité de M. Langlois, le directeur de l'école, et l'intolérance de M. Miller, éminent fonctionnaire membre des " Croix de Feu ", face aux Arabes qui subissent l'humiliation. Pas tous : il y a quelques exceptions; comme l'oncle Omar, marginal pour les villageois, et communiste dans l'âme. Mais heureusement pour Claire, il y a aussi la chaleur et la tendresse que lui apportent le timide Simon Attal, le jeune maître d'école juif, et... Mouloud. L'un et l'autre sont secrètement amoureux d'elle.
A mesure que les événements se précipitent, Claire se sent plus proche de Simon, de Mouloud et de son frère aîné, des opprimés.
Sur le continent, la guerre se précise; le pouvoir colonial répercute l'effort de guerre. Avec l'aide des " caïds " locaux, les " bachagas ", on réquisitionne les bêtes et les récoltes de grain; mais aussi, et parfois dans des circonstances dramatiques, les hommes... Devant les notables, Miller prononce un discours " pétainiste " auquel Simon réagit avec vigueur en citant Jean Jaurès. Dans cette société archaïque, aujourd'hui ébranlée et où est en train de naître la rupture entre la " Mère-Patrie " et la Colonie, Claire ne peut plus rester. C'est le cur gros que le petit Mouloud regarde partir Mlle Boyer. De cette époque, c'est peut-être cette dernière image que l'un et l'autre garderont gravée dans leur mémoire.
(Al-sûr al-akhira)