L'affaire Thomas Crown

1968

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(The Thomas Crown affair). Avec : Steve McQueen (Thomas Crown), Faye Dunaway (Vicky Anderson), Jack Weston (Erwin), Paul Burke (Lieutenant Eddy Malone). 1h42.

Thomas Crown, riche et séduisant homme d'affaires, organise le braquage d'une banque pour tromper l'ennui et satisfaire son goût du risque. Il engage quatre hommes de main qui exécutent parfaitement son plan, puis il récupère le butin déposé dans une poubelle après le hold-up.

Vickie Anderson, détective dans une compagnie d'assurances, se rapproche de Crown pour les besoins de son enquête. Le milliardaire, qui se croyait hors de danger, est inquiété par les soupçons de la jeune femme. Un jeu du chat et de la souris commence alors entre eux, mêlant séduction et intimidation...

Comédie policière assez vaine au service de Steve McQueen, producteur du film, jouant au polo, faisant du planeur (jaune) ou conduisant son buggy (rouge) à toute allure sur la plage. L film est resté célèbre pour son utilisation virtuose du split-screen.

Contemporain de L'étrangleur de Boston de Fleischer qui utilise le split-screen dans une optique dramatique (faire ressentir la peur qui s'empare de la ville en tout lieu), L'affaire Thomas Crown utilise le split-screen dans une optique presque musicale, pour rythmer l'action. Quatre grandes séquences utilisent cet effet : le générique, la préparation du premier hold-up, la rencontre entre Thomas et Vickie sur le terrain de polo, le second hold-up.

C'est la préparation du premier hold-up qui est la plus fameuse. Thomas Crown dirige depuis son bureau l'action des quatre gangsters entre 15h00 et 15h45 où tout est terminé. Le début à 15h00, le moment de flottement quand une cabine est en dérangement, puis la convergence vers la banque sont les moments cruciaux où le split-screen entre en action alors que des moments de plein écran, de repos, sont institués entre eux.

Non seulement le split-screen est virtuose avec ses cadres variant de un tout petit dans un coin à huit dont plusieurs au même endroit mais encore les mouvements d'appareils au sein des cadres sont très travaillés. Ainsi de la première séquence: zoom avant sur la glace d'un salon de coiffure pour cadrer le reflet d'un homme téléphonant dans une des cabines d'une rangée de celle-ci. Trois heures passant sur la pendule et Thomas raye le premier acte à accomplir de sa liste, la caméra panoramique vers le haut pour saisir le visage de Thomas, fractionnement du cadre du haut pour qu'il dialogue avec sa secrétaire. Il raye de nouveau un item de la liste pendant que le personnage du bas fait l'objet d'un insert sur ses mains tenant un plan. La caméra remonte et saisit le personnage de la cabine de face et non plus dans un reflet. Thomas téléphone. Il est 15h10 et il demande à être appelé à 15h40.

Pour le moment de flottement à 15h20 où le téléphone est en dérangement, le flou dans certains cadres n'empêche pas de préciser les cinq endroits. Sur le fondu au noir du fauteuil de Thomas commence la convergence vers la banque en split-screen avec la succession des "Allez !" qui se termine sur sa tête fractionnée dans différents cadres de Thomas se saisissant de ses jumelles. Ensuite, un petit cadre amorce un faux suspens avant qu'une quatrième séquence de split-screen termine la convergence jusqu'à l'entrée de la banque.

Le hold-up lui-même est filmé en plein écran. Ce ne sera que le second hold-up, répétition du premier qui fera l'objet de la quatrième grande séquence de split-screen après la rencontre de Vickie et Thomas sur le terrain de polo.

Le film donera lieu à un remake réussi, Thomas Crown (John McTiernan, 1999)

Jean-Luc lacuve, le 02/05/2013