Edward II

Nouvellement couronné, Édouard II rappelle son fidèle ami et amant Piers Gaveston de l'exil. Follement épris de ce dernier, Édouard le couvre de cadeaux et de titres honorifiques, suscitant la jalousie de la cour. Avec l'appui du roi, Gaveston fait torturer et enfermer l'évèque de Winchester, responsable de sa déportation, à la Tour de Londres. Outragé par cet acte, la cour s'organise autour de Mortimer, le chef des armées, et de la reine Isabelle, souveraine délaissée, pour exclure Gaveston. Sous la contrainte, Édouard doit bannir son amant...

Isabelle et Mortimer ourdissent un complot faisant rappeller Gaveston pour mieux l'assassiner, semer la guerre civile et triompher du roi, quitte à jeter contre lui son propre frère. Isabella, la reine et Mortimer célèbrent leur victoire sur sa dépouille : le fer rouge est prêt pour empaler Edward.

Simon Curtis, producteur de la BBC, et Sarah Radclyffe, la cofondatrice de Working Title films, ont coproduit le film. Le budget devait être beaucoup plus important avec des tournages en extérieur dans des chateaux pour cette adaptation de Marlowe. Lorsque les financements extérieurs manquent, la réaction de Jarman est tout à fait étonnante et positive : "C'est génial, on va pouvoir faire autrement". Il ne demande pour tout décor que quatre grands cubes à quatre murs.

Farouche épopée nationale, Edward II est une pièce publiée en 1593 au ton plus mesuré que les précédentes de Christopher Marlowe (1564-1593). Celui-ci y fait preuve d'une profonde pitié envers son héros, faible et victime des circonstances. Nouvellement couronné, Édward II rappelle son fidèle ami et amant Piers Gaveston de l'exil. Follement épris de ce dernier, Édouard le couvre de cadeaux et de titres honorifiques, suscitant la jalousie de la cour. Mais bien vite, il découvre une conjuration de plusieurs barons du royaume dirigée contre lui et dont Gaveston a pris la tête : celui-ci vient d'être arrêté et sans autre forme de procès mis à mort. A sa place est appelé un autre favori Hugh le Despenser, communément appelé Spencer. Par la volonté d'Edouard, la reine Isabelle est éloignée du trône mais un noble cavalier, Mortimer prend sa défense et commence une très audacieuse lutte contre le roi Edouard. Vaincu dans une bataille, le roi est fait prisonnier, contraint à abdiquer et enfermé dans le château de Berkeley où il est mis à mort.

Le ton adopté par Jarman est bien plus héroïque, du moins peut-il être ressenti comme tel par une large partie du public. Le film est en effet une métaphore de l'homophobie moderne dans la société contemporaine, un condensé du radicalisme politique et culturel de l'auteur. Convoquer des militants d'Outrage, association équivalente d'Acte up, pour dénoncer les violences policières permet le parallèle entre le meurtre d'Edouard II et ceux commis contre les gays et les bisexuels. C'est la police qui tue Piers de Gaveston pour trouble à l'ordre public.

Jean-Luc Lacuve le 02/02/2011.

Édouard II, est le sixième roi de la dynastie Plantagenêt, commencée avec Henri II. Compris entre les règnes vigoureux de son père Édouard Ier et de son fils Édouard III, celui d'Édouard II est marqué par l'incompétence et la querelle politiques, et par la défaite militaire. Édouard est, sa vie durant, plus enclin aux plaisirs de la cour et aux divertissements qu'à ses devoirs de souverain. Il est incapable de refuser les plus grandes faveurs à ses divers favoris, dont les plus célèbres sont Piers Gaveston puis Hugues le Despenser, provoquant de constants troubles politiques et, probablement, à terme, sa déposition. Alors que son père Édouard Ier avait conquis tout le Pays de Galles et les basses terres écossaises, qu'il gouvernait d'une main de fer, l'armée d'Édouard II est défaite lors de la bataille de Bannockburn, dont la conséquence est de soustraire l'Écosse au contrôle de son voisin anglais et de permettre aux forces écossaises d'incontrôlables raids à travers le nord de l'Angleterre. Il faut ajouter à ce règne troublé la fin dramatique du roi, dont la mort mystérieuse au château de Berkeley laisse planer des doutes sur ses causes.

	Editeur : Carlotta-Films, février 2011. Nouveau master restauré. 20 €
	Supplément : Edward selon Derek (24 mn). Un retour sur la production d’Edward II et la personnalité de Derek Jarman, au gré d’entretiens avec les producteurs, le directeur de la photographie et l’acteur principal du film, Steven Waddington.