![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
En plein milieu de la nuit, le couple Brown observe de l'agitation dans la rue. C'est Mr Moore, le directeur de la troupe de théâtre, qui vient frapper chez Mary Baring pour chercher sa femme. Alertés par le bruit, les Brown, un policier et Mlle Miller, la logeuse de Mary, entrent dans le salon et découvrent Mary prostrée devant le corps sans vie d'Ellen Moore. Miss Miller prépare du thé pour tout le monde mais la police arrête Mary.
Le lendemain la police interroge les acteurs en pleine représentation, Handel Fane puis Ion Stewart ainsi que le régisseur Bobby Brown et Bebe, sa femme. Pour elle, John Stewart aurait eu une liaison avec la victime.
Arrêtée puis jugée, la jeune actrice, qui ne se souvient de rien mais dont tout le monde sait qu'elle n'aimait pas la victime, se révèle incapable de convaincre le jury de son innocence. Elle est condamnée à mort malgré la résistance de Sir John, un célèbre acteur que le sort a désigné pour siéger comme juré.
Entendant chez lui à la radio l'annonce de la prochaine exécution de Mary, Sir John est pris de remords. N'aurait-il pas dû batailler davantage pour convaincre les autres jurés de l'innocence de Mary ? Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Sir John décide de mener sa propre enquête, et engage dans ce but les Brown, qui se désespéraient d'être désormais au chômage et menacés d'être chassés de leur logement.
Sir John explique à Bobby que le mystère sera résolu lorsque l'on saura qui a bu la fiole de brandy retrouvée vide sur les lieux du crime. Comment expliquer en effet que Mary soit sur de n'avoir pas bu alors qu'elle ne se souvient pas des circonstances du drame ? Bobby, ravi d’être engagé comme régisseur dans la prochaine tournée, demande à Sir John d'engager aussi sa femme, Bebe avec qui il fait toujours équipe. Sir John accepte et fait monter dans ses appartements Bebe qui attendait en bas. Bebe est aussi impressionnée que son mari par le luxe dans lequel vit Sir John. Celui-ci la laisse discuter avec son mari, espérant que surgisse une piste. Il est intéressé de savoir que Bebe a vu un policier partir de chez Mary puis, quand elle a appelé son mari à la fenêtre, un autre policier venir d'un autre coté. Le premier policier n'aurait-il pas pu être le coupable ?
Le lendemain, Sir John est chez les Brown pour se faire expliquer les circonstances de la survenue des deux policiers. Moore, une nouvelle fois saoul, frappe à la porte de la logeuse de Mary, Miss Miller. Bobby en profite pour demander à visiter les lieux du crime. Sir John inspecte la pièce et constate que l'on peut entrer par une fenêtre et que non loin de là se trouvent les loges du théâtre. Dans la chambre de Mary, Sir John découvre aussi une photo de lui encadrée avec soin.
Ils poursuivent leur investigations et vont finalement au théâtre. Le gardien signale un lavabo cassé dans une loge occupée par Fane et Stewart et remet à Bobby un étui à cigarette oublié. La fenêtre au-dessus du lavabo donne sur la maison de Miss Miller.
Il se fait tard dans la nuit et les Brown raccompagnent Sir John dans le logement que Bobby a prévu pour lui, celui du policier venu sur les lieux du crime. Le lendemain matin, sir John est réveillé par les nombreux enfants de la femme du policier. Celle-ci révèle qu'un de ces locataires a frappé un jour son fils, Arthur, car il avait découvert un costume de policier que l'enfant croyait être celui de son père. Ce locataire, c'était Fane. Bobby vient aux nouvelles et lui affirme que l'étui à cigarette récupéré la veille était taché de sang; il ne pouvait appartenir qu'à Fane ou Stewart. Bobby Brown révèle de plus à Sir John que Fane comme Stuart étaient les deux seuls acteurs à pourvoir utiliser un costume de policier. Sir John est convaincu qu'il ne peut s'agir que de l'un des deux qui a commis le crime s'est enfui déguisé en policier. Il pense qu'il va pouvoir se servir de l'étui à cigarette pour faire avouer le nom du coupable à Mary.
Sir John interroge Mary qui ne veut pas d'un procès en appel qui la condamnerait à la prison à vie alors que "la mort ne peut être pire que le dentiste". Sir John finit par lui faire avouer qu'elle cache un secret au sujet d'une personne que lui a confié Ellen Moore avant de mourir et que ce secret concerne une personne de la troupe. Sir John insiste pour savoir si elle est amoureuse de cet homme mystérieux, ce qu'elle nie. Il lui lance l'étui à cigarettes avec des traces de sang que, surprise, Mary identifie impulsivement comme étant celui de Fane.
Sir John est maintenant convaincu que Fane est l'assassin. Il va le voir au cirque où il a repris son ancien métier, trapéziste. Il exprime à Bobby l'idée de lui tendre un piège en lui proposant un rôle important dans sa future pièce à Fane, celui du criminel dans l'affaire Mary. D'abord surpris, Fane est mis à la torture en jouant l'approche du criminel dans la pièce. Fane est sur le pont d'avouer quand il tourne la page du script et la découvre vide..Il met alors au défi Sir John de lui faire de nouveau jouer la fin de la pièce quand il l'aura écrite.
Mais sir John le poursuit jusque dans sa loge de trapéziste et le harcèle une nouvelle fois. Fane, lors de son numéro dans les airs, est saisi de vertiges, perturbé par la vision de Mary emprisonnée et Sir John sur ses talons. Il préfère en finir et se pend en plein numéro de trapèze.
On amène à Sir John une lettre que Fane avait laissé pour lui avant son suicide. Elle explique les circonstances du drame : avant de tuer madame Moore pour qu'elle ne révèle pas son passé de repris de justice, il avait poussé la tête de Mary contre une table ce qui explique qu'elle ne se souvienne plus de rien. Mary est disculpée et, amoureuse de Sir John, pose sa tête contre son épaule quand il la ramène de prison dans sa voiture.
Version allemande de Murder, sorti un an plus tôt en Angleterre, tournée dans les mêmes studios britanniques mais avec un scénario ramassé et des acteurs différents. La trame est identique : une actrice est accusée d'un meurtre, mais un comédien célèbre va mener l'enquête. On retrouve aussi la célèbre scène du monologue intérieur du héros, légèrement remaniée, seconde historique du genre.
Au début du parlant, les devis sont plus élevés du fait d'un temps de tournage plus long et doivent continuer de viser le public international. D'où la réalisation de versions étrangères parallèles, réalisées par un cinéaste parlant la langue du pays. Dans ses entretiens avec Français Truffaut, Hitchcock rappelle qu'il pouvait parler allemand assez pour se débrouiller (il avait tourné ses deux premiers films en Allemagne : The pleasure garden et The montain eagle). Avant le tournage, quand il est allé à Berlin discuter du script, on lui a suggéré beaucoup de changements qu'il a tous refusés. Hitchcock explique avoir eu tort "J'ai refusé parce que j'étais satisfait de la version anglaise et , pour des raisons économiques, on ne pouvait pas tourner deux versions trop différentes l'une de l'autre. Je suis donc rentré à Londres avec le script non modifié et j'ai commencé à tourner. Tout de suite je me suis rendu compte que je n'avais pas l'oreille pour la langue allemande; toutes sortes de détails fort drôles dans la version anglaise ne l'étaient plus du tout dans l'allemande. Par exemple l'ironie fondée sur la perte de dignité ou sur le snobisme. L'acteur allemand n'était pas à l'aise et je m'apercevais que je ne comprenais pas l'idiome allemand.
Alfred Abel succède à Herbert Marshall dans le rôle de sir John et Olga Tscechowa à Nora Darling dans celui de l'héroïne. La rumeur veut que Hitchcock, sans doute pour les raisons évoquées plus haut, ait eu des difficultés avec Alfred Abel qui avait interprété le comte Told dans les Mabuse de Fritz Lang. Mais le film ne souffre pas de cet antagonisme supposé du fait des changements progressifs finalement réalisés par Hitchcock : le résultat certes mois humoristique et sentimental et plus ramassé est donc un peu plus noir que la version britannique.
Plus courte de 25 minutes que la version anglaise, le début en reprend pourtant l'intégralité, notamment le travelling sur les maisons conduisant à celle du crime ou la scène de 18' de délibération des jurés et l'annonce hors champ du verdict, ainsi que l'interrogation policière dans les coulisses du théâtre. Les scènes comiques avec les Brown sont plus courtes au point que la cause de la nuit passée chez le policier avec sa nombreuse progéniture n'est pas explicitée. Elle est par ailleurs écourtée (plus de chat dans le lit). Le piège tendu ne fait plus allusion à La souricière, la pièce de théâtre dans le théâtre de Hamlet.
La scène de prison ne bénéficie pas de son final où Sir John et Diana sont sur le point de s'avouer leur amour; la séquence avec la potence en ombre chinoise est supprimée. de même la fin,le retour en voiture, même s'il suggère bien ce lien amoureux, n'est pas aussi explicite que dans le version anglaise. Enfin, il n'est plus fait mention du métissage de Fane et l'acteur choisi pour l'interpréter, plus grand, gomme l'allusion homosexuelle de la version anglaise.
La longue mise en scène du monologue intérieur est un peu retravaillée par rapport à la version anglaise. La radio, déjà présente dans la salle de bain (et non plus apportée par un serviteur), annonce la sentence prochaine puis un S.O.S d'un bateau en détresse oblige à l'interruption des programmes. Sir John sort de la pièce, règle quelques affaires avec Bennet, son majordome en lien avec le procès, puis revient se raser au moment où la radio reprend le fil des programmes et diffuse Tristan et Iseult. C'est sur ce fond musical que Sir John, impressionné par la coïncidence du SOS, et sans doute ému par la jeune actrice, décide de tout faire pour la sauver.
Jean-Luc Lacuve, le 23 mai 2025