Trois jeunes femmes dans une voiture blanche sont mises au défi d'une course par deux jeunes hommes dans une voiture noire. Au bout d'une route en construction, un pont aux rambardes fragiles, et c'est l'accident : la voiture plonge dans la rivière.

Seule Mary Henry, après trois heures de recherches infructueuses par les secours, émerge miraculeusement sur un banc de sable. Plus tard, elle revient sur le pont où se sont noyées ses amies. Elle essaie les grandes orgues dans une usine dont le patron a installé un modèle semblable dans l'église d'une ville de l'Utah. Elle va bientôt s'y rendre comme organiste, heureuse de quitter son ancien poste. Tous trouvent un peu étrange son comportement, mutique, ni humble, ni reconnaissant après l'accident.

Alors qu'à la nuit tombée, Mary arrive près de Salt Lake City et somnole, elle ne peut soudainement plus changer de station de radio et continue d'entendre le son des orgues. Dans le reflet de la vitre de sa voiture, ce n'est plus elle qu'elle voit mais le reflet d'un homme étrange... qui surgit soudain au milieu de la route. Après une embardée et peu rassurée, Marie repart.

Chez sa logeuse, Mme Thomas, Mary est harcelée par son voisin de palier et est bientôt confrontée à l'homme étrange au faciès blafard. Bientôt les apparitions de l'homme étrange ne sont plus cantonnées à de simples reflets mais semblent être de concrètes manifestations physiques, autant dans l'église que chez elle, au bas de son escalier.

Le Dr Samuels, la voyant terrifiée, lui propose son aide. Elle se plaint de n'être pas vue par les autres, et se surprend même à dire qu'elle n'a peut être plus sa place dans ce monde. Elle avoue avoir du mal à se mêler aux autres.

Son obsession pour un pavillon déserté ne cesse de croître. Elle finit par explorer et déambuler dans de vastes lieux vides envahis par la musique d'orgue. La salle de bal est bientôt investie par un ballet de couples livides effectuant une sarabande silencieuse et sinistre. La jeune femme se retrouve valsant dans les bras de l'homme étrange. La cohorte la poursuit alors sur des accords tonitruants de la partition d'orgue. Des rires résonnent. Bientôt elle est rattrapée et submergée par la foule.

Le prêtre, le docteur et les autorités ont retrouvé des traces près du pavillon déserté. Ils évoquent la mystérieuse disparition d'une personne. La succession d'empreintes ne mènent en effet nulle part et stoppe brusquement sur la plage.

Près de la rivière de l'accident initial, la voiture blanche est tractée hors de l'eau. Dans cette voiture sont retrouvés les cadavres des jeunes filles... dont celui de Mary.

C'est le seul long métrage de Harold "Herk" Harvey qui travailla pendant plus de 35 ans au Centron Productions de Lawrence (Kansas), où il réalise près de 400 films institutionnels. L'idée de Carnival of Souls est née un soir ou Herk Harvey rentra de Californie en voiture et découvrit un parc d'attractions délabré près de Salt Lake City. Au centre se trouve le pavillon dit "Satair" encore plus déglingué que le reste des installations. En complément, la visite d'une usine de constructions d'orgues lui donna l'idée d'un autre décor et de la profession de son héroïne. Le sujet réside dans une variation d'une nouvelle de l'écrivain américain Ambrose Bierce "An occurrence at Owl Creek Bridge".

Herk Harvey prend une année sabbatique pour réaliser le projet. Il écrit (avec John Clifford), produit et réalise ce film, interprétant même le rôle charnière de l'homme étrange. Pour un budget de 30 000 dollars, le film est tourné en 16mm durant cinq semaines, puis gonflé en 35 mm pour l'exploitation en salles. La carrière de sa vedette, Candace Hilligoss, ne décollera jamais vraiment, et celle-ci n'apparaîtra plus que dans un seul film, l'obscur The Curse of the living corpse.

Si Carnival of Souls est sorti de façon modeste en 1962 dans le circuit des drive-in, son influence se révèlera aussi considérable que progressive. George Romero s'en inspirera dans La nuit des morts-vivants (1968). David Lynch pensera probablement à l'individu étrange au faciès blafard pour les personnages de Bob dans Twin Peaks (1992) et l'homme mystérieux de Lost Highway (1996). Le cauchemar éveillé d'une femme en train de mourir trouvera un écho dans Mulholland Drive (2001) à moins quelle ne soit déjà morte comme dans Le sixième sens de M.Night Shyamalan. Christian Petzold donnera un remake moderne du film dans Yella (2007).

Rôle important de la musique, où la partition d'orgue de Gene Moore se fait entendre dès le générique, après l'accident. Les tonalités stridentes et comme dissidentes envahissent des plans d'une rivière où de nombreux branchages morts surnagent, déchirant la surface de l'onde mouvante, comme autant de mains squelettiques se raccrochant à la vie.

 

critique du DVD
Editeur : Wild Side Video, mai 2010. Master restauré. V. O. avec sous-titres français. 10 €.


La collection VINTAGE CLASSICS de Wild Side Video offre aux films tombés dans le domaine public, souvent jusqu'alors très mal édités en DVD, de très beaux masters restaurés constitués avec les meilleures copies existantes.

 

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Le carnaval des âmes
Herk Harvey

(Carnival of souls). Avec : Candace Hilligoss (Mary Henry), Frances Feist (Mme Thomas), Herk Harvey (L'homme étrange), Sidney Berger (John Linden), Art Ellison (Le prêtre), Stan Levitt (Dr. Samuels), Tom McGinnis (Le patron de l'usine d'orgue), Forbes Caldwell (son ouvrier). 1h06.

1962
Genre : Film fantastique
DVD chez Bach Films