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Alice Guy

(1873-1968)
1 000 films
   
   
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Suite à la faillite de l’entreprise familiale au Chili et aux décès successifs de son frère et de son père, Alice Guy, alors âgée de 17 ans s’installe à Paris avec sa mère. Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère elle étudie la sténodactylo. En 1895, elle postule pour entrer dans une société de photographie parisienne et est reçu par hasard par Leon Gaumont. Quand il lui fait remarquer qu'lel est bien jeune;elel lui répond "cela me passera vite". Il l'engage alors. A la toute fin du XIXe siècle, la société Léon Gaumont et Compagnie a pour objet la fabrication et la vente de matériel photographique. C'est donc pour commercialiser son chronophotographe que Léon Gaumont souhaite présenter à ses clients des vues animées. En mars 1895, Alice Guy, représente s société lors de la projection des vues Lumière au congrès de la photographie à Lyon. Elle est alors persuadée qu'il est possible de filmer autre chose que les sujets choisis par les frères Lumière : des sorties d'atelier, des vues de train... "Il me semblait qu'on pouvait faire mieux", dit-elle.

Dès février 1896, Alice Guy met en scène ses premiers courts métrages, en démarrant par La Fée aux choux, une scène d'une minute, considérée comme le premier film mettant en scène un personnage imaginaire, tournée dans un jardin clos à Belleville, avec quelques amis. Elle en tournera ensuite une version identique  en 1900, qui est la seule conservée aujourd'hui. Léon Gaumont met bientôt à disposition de sa secrétaire une petite partie de son usine pour qu'elle y construise un studio de réalisation et lui confie les rennes du département de production de sa société.

Alice Guy dirige ainsi son studio et tourne près de 400 films devenant la première femme tout à la fois scénariste, productrice et réalisatrice. En 1898 et 1899, elle réalise une série de 10 tableaux sur la vie du Christ qui connaissent un grand succès. Elle manie avec maestria les changements d'échelle de plans dans Madame a ses envies (1906).

En 1906, Alice Guy concrétise l'ambition historique de son cinéma à travers la réalisation de son premier moyen métrage : La vie du Christ en 25 scènes (0h35) qui nécessite une centaine de figurants et vingt-cinq décors.

Elle réalise le premier making off (Alice Guy tourne une photoscène, 1907) et, 15 ans avant Buster Keaton, une course poursuite avec une accumulation de péripéties au sein de plans successifs où les acteurs sont dirigés avec précision (La course à la saucisse). Elle réalise aussi des captations documentaires depuis Baignade dans un torrent (1897) jusqu'à des chorégraphies proches de celles de Loïe Fuller.

C'est à regret qu'elle part à New York pour suivre son mari, chargé de la production américaine des films Gaumont. Elle devient néanmoins une figure dominante du cinéma outre-Atlantique, produisant notamment les premiers films de Charles Chaplin, elle fait construire un gigantesque studio, Solax, implanté dans le New Jersey à Fort Lee. Contrairement à tous les usages, elle pose des petites pancartes à l'intention des comédiens : "Soyez naturels !", les exhorte-t-elle. Rien ne semble l'effrayer : ni les tournages avec des animaux sauvages ni les cascades imposées aux comédiens... En 1912, Alice Guy-Blaché est la seule femme qui gagne aux Etats-Unis plus de 25 000 dollars par an. Ce qui n'empêche pas son mari de faire l'erreur de vendre les droits de The Lure (1914), qui fut pourtant un immense succès au box-office américain, pour une bouchée de pain.

En 1919, son mari la quitte pour une actrice et part à Hollywood, la nouvelle grande cité du cinéma. Elle le rejoint un temps sur la côté ouest et, l'espace de deux films, l’assiste sur ses tournages. Mais c’est la fin. Le couple divorce. Elle est dévastée. Un malheur ne venant jamais seul, en 1921, Alice Guy est contrainte de vendre son studio de Fort Lee pour apurer des dettes en grande partie dues à la mauvaise gestion d'Herbert Blaché. Divorcée et ruinée, elle rentre en France en 1922 avec ses deux enfants à charge. Elle tente de se refaire une place dans le monde du cinéma mais il est trop tard. On l’a oubliée. Elle ne tournera plus jamais.
 
A presque 50 ans, elle se met à écrire de petits contes pour enfants qu'elle vend à des revues pour assurer l'éducation de ses deux adolescents. Devenue adulte, sa fille, Simone, décroche un emploi à l’ambassade américaine. Dès lors, Alice Guy la suivra dans tous ses déplacements. A 80 ans, la pionnière du cinéma rédige ses mémoires mais sa contribution au 7e art a été oubliée et le crédit de certains de ses films ont été attribués à d’autres. Faute d’éditeur, l'ouvrage ne paraîtra qu’après sa mort.

Elle entreprend enfin un dernier combat : récupérer ses films. Elle passera les dernières années de sa vie à la recherche de ses bobines. Elle qui fut l’une des réalisatrices et productrices les plus prolifiques de son temps, n'en retrouvera que trois de son vivant. En 1968, elle meurt à l’âge de 95 ans, dans l’indifférence aux Etats-Unis, où elle s'est installée à nouveau sur la fin de sa vie, avec sa fille. A deux pas de son ancien studio.

A peu près 130 films sur les quelques 1000 qu'Alice Guy aurait écrit, réalisé et produit sont aujourd'hui conservés.


Filmographie très sélective:

1896 La fée aux choux
  Film perdu, rejoué en 1900
   
1898 Jésus devant Pilate
   
   
1898 Le jardin des oliviers
   
   
1898 La fuite en Egypte
   
   
1898 Flagellation
   
   
1898 Entrée à Jerusalem
   
   
1898 Crèche à Bethléem
   
   
1898 le chemin de croix
   
   
1898 La cène
   
   
1899 La descente de croix
   
   
1899 Crucifiement
   
   
1898 Entrée à Jerusalem
   
   
1900 La fée aux choux
Nouvelle version de ce qui a probablement été le premier film avec un personnage de fiction en 1896.
   
1906 La vie du Christ en 25 scènes
Premier moyen métrage (0h35) : La vie du Christ en 25 scènes. Ce film est également intitulé La passion ou encore Naissance, la vie et la mort de notre seigneur Jésus -Christ.
   
1906 Madame a des envies
 
   
1907 Alice Guy tourne une photoscène
   
   
1907 La course à la saucisse
Une course poursuite de 4' en 15 plans
   
1914 The lure
   
   
1913 Making an American Citizen
   
   
1916 The ocean waif

Avec : Doris Kenyon (Millie), Carlyle Blackwell (Ronald Roberts), William Morris (Hyp Jessop), Fraunie Fraunholz (Sem), Edgar Norton ( Hawkins, Le majordome). 0h35.

Une orpheline fuit dans un manoir abandonné bientôt occupé par un riche écrivain...

   
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