Les grands cinéastes qui visent au génie sont convoqués : des photographies de Fritz Lang, Nicholas Ray et John Ford, des extraits d'Allemagne année zéro de Rossellini, d'Othello de Welles ou de For Ever Mozart de Godard lui-même. Des extraits aussi de films en 3D : Piranha 3D (Alexandre Aja, 2010), Trois mousquetaires 3D (de Paul W. S. Anderson, 2011), Fright Night (Craig Gillespie, 2011) et Destination finale 5 (Steven Quale, 2011) où les effets gore dominent.
Le génie des hindous est d'avoir complété le zéro arabe par l'invention des nombres négatifs pour résoudre, par exemple x+3=1. Mais le hasard, celui du jeu de dés, reste présent. Ainsi, au hasard des films de genre, quelques beaux plans : les cheveux pris dans une hélice de Piranhas 3D, un corps qui explose devant un flic ahuri, une femme qui descend du ciel pour s'empaler sur le mat d'un bateau
La 3D et plus généralement le numérique imposeront
ils leur dictature comme le fit la perspective à l'aube de la Renaissance
? Mais tout savoir et toute technique sont peu de chose par rapport à
l'enfance enfuie, à l'intensité de son regard, celui du garçon
du ghetto de Varsovie levant les bras ou des enfants, l'illeton sur
la caméra, dans France Tour
détour Deux enfants
Incapacité du cinéma fut-il en 3D de raconter totalement une histoire : et c'est l'extrait de Clio de Péguy lu off : "Il me faut une journée pour faire l’histoire d’une seconde. Il me faut une année pour faire l’histoire d’une minute. Il me faut une vie pour faire l’histoire d’une heure. Il me faut une éternité pour faire l’histoire d’un jour." Impossibilité de vivre et de raconter en même temps.
C'est ce que le cinéma poussé dans ses limites ne réussit pas qui est le plus beau. Le cinéma n'a pas vraiment réussi à être l'art du XXe siècle, n'a empêché ni la Shoah ni Hiroshima mais Godard ne renonce pas à lui faire rendre gorge du réel. La modernité de la 3D, est ainsi sans doute un malheur historique (dernier carton du film) mais qu'importe puisque trois désastres s'écrit Dés-astres marquant l'importance pour Godard de la science, ici les mathématiques, pour capter l'infini.
Beauté-dés-astres
Patchwork d'images de multiples origines, extraits de films, photographies, vidéo de France Tour détour Deux enfants, de citations ou de mots d'esprit plus (dés-astres) ou moins subtils (Quand il s'écroule, un immeuble perd sa troisième dimension), le numérique et la 3D ne font que rajouter une touche de complexité dans la saisie du réel. En témoignent, les plans des deux caméras côte à côte pour saisir le relief ou bien encore la succession de Welles à la caméra puis d'une caméra moderne filmée en 3D.
La maitrise de la 3D ne nous a pourtant pas semblé parfaite avec des effets de figurine -personnages trop petits- lors des légères contreplongées du cycliste filant au travers des voitures ou lors de la séquence en costume en langue anglaise (Adieu au langage dira clairement qu'il s'agit de Byron et Mary Shelley), ou encore l'inesthétique museau très allongé du chien. Mais la 3D n'intervient qu'au compte-gouttes dans le film avec des effets esthétisants parfois réussis : paysages surexposés aux couleurs ultra-saturées.