Juste à Temps (Peter Greenaway, 17') dans la cathédrale de Guimarães, autour de son cloitre et sur sa place près de deux mille ans d'histoire portugaise aux tarvers de ses personnages célèbres dans une série de trois plans-séquences le matin, le midi et le soir, de 200 ans après JC jusqu’à l'époque moderne en passant par le Gothique et la Renaissance.
Cinésapiens (Edgar Pêra, 22'). Comédie burlesque sur le spectateur croyant, étonné, acteur. Pretention à l’Holocinéma entre la kino-théorie et la pratique-cinématographique. Les Kino-citations Hollywoodiennes et la théorie de l'histoire du cinéma ont été digérées par une créature : le Cinesapiens. Il a fusionné un texte Lovecraft avec la vraie histoire des Krypto-Celulloïdes, créatures trans-dimensionnelles qui vivent dans la mémoire des spectateurs du monde entier. Cinesapiens est un monstre créé par Kino-Frankenstein, une nouvelle forme de ciné-vie, avec sa propre conscience. Quand le monstre de Kino-Frankenstein regarde dans le miroir - l'écran - il y voit un condensé de la Ciné-Histoire. Vive le Cinesapiens ! Mort aux Réalistes !
Les trois désastres. (Jean-Luc Godard, 17'), Est-ce que l'histoire impose à nos yeux une troisième dimension? Ou peut-être ne savons-nous plus faire face à un héritage à deux dimensions ? Est-ce que le Cinéma se réinvente ou tombe-t-il tout simplement tomber dans les abîmes de l'oubli ? "Si la perspective est le péché originel de la peinture occidentale, la technique était son fossoyeur. La conquête de l'espace a fait perdre la mémoire à tous..."
Guimarães, capitale de la culture 2012, a demandé à trois réalisateurs d'explorer la 3D et son influence sur notre perception du cinéma. Surimpression et superposition des images pour Peter Greenaway dans Just in Time, interrogation ludique sur le nouveau spectateur de cinéma pour Edgard Pêra avec Cinesapiens et esquisse d'une histoire du cinéma en 3D pour Jean-Luc Godard dans Les trois désastres.
Just in Time est un défilé de personnages en costumes, voyage dans une cathédrale comme dans un livre. Beau travail de spatialisation du texte, lents mouvements de caméra s'enfonçant dans la profondeur de champ. L'axe toujours parallèle au sol sans plongée et contreplongée évitant ainsi de produire des effets de figurine magnifie split-screen horizontaux et la série de trois plans-séquences... On ne retient hélas pas grand-chose
Cinésapiens ce sont des personnages primitifs puis des spectateurs dans une salle voyant L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat des frères Lumières, Le Vol du Grand Rapid d'Edwin S. Porter, Le Chanteur de jazz d'Alan Crosland. Balade des spectateurs assis, avec des jeux de cadres, d'écrans et d'adresses assez laids. Il est question de " spectateur-croyant ", de " spectateur-étonné " et de espect-actor ".
Les trois désastres . C'est, pour Jean-Luc Godard ce que le cinéma poussé dans ses limites ne réussit pas qui est le plus beau. le cinéma n'a pas vraiment réussi à être l'art du XXe siècle, n'a empêché ni la Shoah ni Hiroshima mais Godard ne renonce pas à lui faire rendre gorge du réel. La modernité de la 3D, est ainsi sans doute une erreur historique (dernier carton du film) mais qu'importe puisque trois désastres s'écrit Dés-astres marquant l'importance pour Godard de la science, ici les mathématiques, pour capter l'infini.
Patchwork d'images de multiples origines, extraits de films, photographies, vidéo de France Tour détour Deux enfants, de citations ou de mots d'esprit plus (dés-astres) ou moins subtils (Quand il s'écroule, un immeuble perd sa troisième dimension), le numérique et la 3D ne font que rajouter une touche de complexité dans la saisie du réel. En témoignent, les plans des deux caméras côte à côte pour saisir le relief ou la succession de Welles à la caméra puis d'une caméra moderne filmée en 3D. La maitrise de celle-ci ne nous a pourtant pas semblé parfaite avec des effet de figurine -personnages trop petits- lors des légères contreplongées du cycliste filant au travers des voitures ou lors de la séquence en costume en langue allemande, ou encore l'inesthétique museau très allongé du chien. Mais la 3D n'intervient qu'au compte-gouttes dans le film avec des effets ethétisants parfois réussis : paysages surexposés aux couleurs ultrasaturées.