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Un nuage de sable orange emplit l'écran. Dans une chambre, une petite fille de cinq ans dessine au feutre un trait entre les trous d'aiguille du bras de l'homme allongé à côté d'elle. Celui-ci veut lui confier un secret mais il s'endort même s'il a le temps d'ouvrir sa main pour qu'une coccinelle s'en échappe, émerveillant l'enfant.
Alpha, 13 ans, s'est endormie dans une fête. Un adolescent lui enfonce une aiguille pour lui tatouer grossièrement un A dans le bras avant que son ami Adrien vienne la réveiller. Lorsqu'elle rentre chez elle au petit matin, Alpha découvre le cabinet médical de sa mère dévasté et un étranger allongé dans sa chambre. Elle se munit d'un couteau et va se réfugier dans la salle de bain. L'étranger, manifestement un junkie, parvient à la calmer, lui enlever le couteau et se déclare son oncle.
Sa maman survient et lui confirme qu'Amin est bien son oncle et qu'il a le droit d'habiter ici, dans sa chambre. Elle devra s'y habituer ou venir dormir avec sa maman.
Du coup, la nuit, Alpha tente de fuir par la fenêtre de sa chambre mais y renonce tant le vent semble menacer l'échafaudage qui lui permettrait de s'échapper. Elle appelle maman au secours qui vient la réconforter en lui chantant une berceuse berbère.
Mais bientôt maman s'effraie de voir le tatouage mal fait sur le bras de sa fille alors qu'un dangereux virus, DIPP-219, se propage par les liquides biologiques, notamment le sang, et transforme peu à peu ses victimes en statues de marbre. Maman demande à son amie infirmière de réaliser un test sanguin sur Alpha, qui terrorisée par les aiguilles se pique elle-même. Les résultats seront connus quinze jours plus tard.
Maman et Alpha fêtent l’Aïd-el-Kébir chez la grand-mère d’origine berbère, un voisin invité à table se plaint qu’il n’y a que du mouton à manger et pas de jambon. Il quitte l’appartement regrettant le manque d’intégration dans la société française de ses hôtes. Amin s'éloigne dans un chambre, ce qui inquiète maman qui vient le sauver de son overdose en lui injectant le liquide adéquat. Elle interdit l'entrée à sa fille qui se réfugie dans les bras de sa grand-mère mais se souvient d'une scène identique huit ans plus tôt.
Alpha arrive en retard lors de son cours d'anglais où le professeur récite le poème, Un rêve dans un rêve, d'Edgar Poe. Un élève l'agresse en lui reprochant son ton geignard pour le réciter, estimant qu'il est certainement homosexuel. Alpha, interrogée, déclare que puisqu'il s'agit d'un rêve tout n'est pas donné comme réel. En s'approchant pour donner son mot d'excuse, elle laisse quelques taches de sang tombé de son bras sur le rétroprojecteur. suscitant un début de panique au sein de la classe. Son ami Amin la suit aux toilettes et tous les deux s'embrassent.
Plus tard, c'est en jouant au volley-ball que les élèves tentent de l'exclure en la visant délibérément. Lors d'un service, Alpha teinte le ballon de sang et elle est amenée à rejoindre les gradins. Là, son ami Amin l'interroge sur les tests qu'elle a fait espérant qu'elle lui dise qu'ils sont négatifs. Alpha ne le sait pas encore mais ne s'en inquiète pas.
Dans le cabinet médical où elle attend les résultats de ses examens. Alpha croise son professeur d'anglais avec son compagnon victime de la maladie, sa tête et son corps ayant revêtu l'aspect du marbre. Elle désamorce son agressivité.
Elle imagine ce que fut huit ans plus tôt, le début de cette épidémie où la peur chassait jusqu'au corps médical de l'hôpital. maman ne travaillant plus qu'avec l'infirmière devenue son amie.
A l'école,les filles de sa classe tentent d'empêcher Alpha de suivre le cours de natation mais Alpha résiste. Elle est bientôt agressée par plusieurs filles qui lui mettent la tête sous l'eau. En nageant pour les fuir, Alpha cogne sa tête contre le rebord et s'ouvre le front, du sang vient bientôt teinter l'eau de la piscine, déclenchant une panique généralisée.
Seul Amin reste proche d'elle et l'invite chez lui. Ils vont faire l'amour quand Alpha découvre un même "A" gravé sur le dos de son ami. Il doit lui avouer qu'il s'est l'ai fait tatouer avant elle et qu'ils ont ainsi partagé la même aiguille; son inquiétude relève ainsi exclusivement de cette imprudence et non des quelques baisers échangés dans les toilettes comme il lui a fait croire.
Dégoûtée, Alpha rentre chez elle. Lors du cours d'Anglais, le professeur pleure et Alpha comprend que son compagnon est mort. le test révèle qu'Alpha n'est aps contaminé mais cela ne arssure pas maman qui exige de refiare un autre test. En onservant la glote de sa fille elel lui fait cracher une poussière qui pourrait etre un signe de contamination. Elel sempresse de la faire boire satiant les sarcasmes d'Amin qui sindigne qulle croient ainsie xorciser el vent rouge comme leur mère supersticieuse. Alpha imagine qu'Amin aaurait pu subir un examen medical par sa maman huit ans plsu tôtqet que son dos en voie de clacification s'était effondré.
Durant la nuit, sa maman constate qu'elle est agitée des mêmes mouvements que son oncle. Alpha rêve que le plafond de sa chambre vient l'écraser. Heureusement, Amin la réveille et tous deux fuient par l'échafaudage de la fenêtre qui, bien qu'agité comme précédemment par le vent, permet à Amin de guider les pas de sa nièce. Ils vont dans une boite de nuit où Alpha vide tous les verres d'alcool à sa portée mais elle renonce à suivre Amin plus loin dans son errance. Elle se remémore alors combien sa mère s'était inquiétée huit ans plus tôt quand sa mère s'était inquiétée de son absence alors qu'elle l'avait confié à son oncle et qu’elle était partie affolée à sa recherche.
Un bus de nuit vient à passer où Alpha retrouve son oncle ainsi que deux passagers qui auraient pu être elle-même et Amin huit ans plus tôt. A la sortie du bus, Amin refuse d'aller plus loin et tente de s'injecter de l'héroïne. Alpha court vers un hôtel voisin et supplie la réceptionniste de l'aider. Plus tard, Amin dans la chambre discute avec la petite fille de cinq ans et lui confie un secret, il ne veut plus être réveillé. De sa main ouverte ne s'échappe aucune coccinelle. Maman accourt et veut réveiller son frère même si la jeune Alpha et l’Alpha d'aujourd'hui tentent de l'en empêcher.
Alpha se réveille et vient réconforter maman en lui chantant la berceuse qu'elle lui chantait autrefois. Elle lui affirme qu'elle est trop jeune pour supporter cette protection permananet bien davantage que la peur de voie la mort en face comme le craiganitsa mman empaechant contre sa volonté, son oncle de mourir huit ans plus tôt. Dans le vent et la poussière orange Alpha distingue cette fois maman et son oncle sortant de la voiture. Son oncle se disperse en poussière dans le vent. Le traumatisme du deuil qui ne s'était pas accompli est maintenant probablement effacé.
Alpha est construit sur une narration compliquée qui mêle le présent à un traumatisme survenu huit ans plus tôt dans des flashes-back montés abruptement et, d'autre part, des séquences réelles et d'autres reconstituées par l'imaginaire d'Alpha. Presque tout le film est en effet vu à travers la conscience d'Alpha qui, pour arracher son indépendance, devra se détacher de "Maman", vue comme une figure absolue de la protection.
Muter de l'enfance à l'adolescence
Le générique initial est un vent de sable orange qui envahit tout l'écran et peine à dégager la moindre perception. Ce n'est qu'à la fin que ce sable envahit à nouveau l'écran mais pour laisser subsister la vision d'Alpha : elle voit son oncle se désintégrer dans cette même poussière de sable en rejoignant la cité familiale.
Ce chemin vers l'acceptation de la mort est aussi celui de l'indépendance vis-à-vis de la figure maternelle qui aura tout fait pour protéger sa fille, empêcher cette mort et celles des autres patients atteints du virus mais qui ne permet pas dès lors d'accepter le choix de la mort quand la vie est devenue insupportable.
Cette thématique principale ne se dégage que progressivement d'une séduisante gangue fantastique où une maladie virale, le "DIPP-219" (un poster cite cette maladie imaginaire lorsque Maman exige de l'infirmière de refaire un test), transforme les humains en gisants de pierre.
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Gisant de Charles V André Beauneveu, 1364 |
Mort du frère (fantasmée ?) Alpha , Julia Ducournau, 2025 |
On entend aussi "Nous vivons une période à laquelle personne ne croit" dans l'extrait des Aventures du baron de Münchausen (Terry Gilliam, 1988) vu à la télévision.
Le passé finit toutefois par être repérable par la teinte chaude orange qui enveloppe les personnages. D'abord dans la séquence initiale dans la chambre d'hôtel puis dans le sauvetage d'Amin dans la citée de la grand-mère; la séquence des patients malades qui sont refusés à l'hôpital; l'examen désastreux du dos d'Amin; la scène d'abandon d'Alpha par son oncle et la promesse qu'il lui demande. A chaque fois, les cheveux de maman sont bouclés et non lisses comme huit ans plus tard. Le statut de ces séquences, réelles ou imaginées importe peu, vu que c'est la conscience d'Alpha qui les génère ainsi le plafond qui vient écraser l'enfant avant la séquence finale.
Ce passé chaleureux et protecteur, où l'émerveillement de l'enfance (la coccinelle) a encore sa place, s'oppose à celui bleuté, donc beaucoup plus froid, du présent où la panique du début de la maldie est remplacée par une exclusion assumée. La musique tonitruante : Portishead (Roads), Nick Cave (The Mercy Seat) et Tame Impala (Let It Happen), vient alors seule emporter l'émotion, ainsi cette image forte des exclus, Amin et Alpha s'enlaçant jusqu'à pleurer. Cette acceptation de la douleur et du deuil est le prix à payer pour ouvrir les yeux sur le monde réel d'aujourd'hui.
Jean-Luc Lacuve, le 24 août 2025.