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Umberto Domenico Ferrari est un vieil homme solitaire qui ne parvient plus à subsister. Sa pension de fonctionnaire est misérable, 18 000 lires par mois alors qu'il a été enseignant toute sa vie. Avec d'autres retraités aussi démunis que lui, il participe à une manifestation de protestation aussitôt dispersée par la police. A la soupe populaire, où il fait aussi clandestinement manger son chien, il rencontre enfin un homme à qui il peut vendre sa montre mais seulement pour 3 000 lires, en petites coupures ; c'est un mendiant.
Umberto habite une chambre meublée que lui loue une propriétaire aisée mais intraitable. Alors qu'elle lui réclame désormais 15 000 lires de loyer elle loue sa chambre 1000 lires de l'heure pour des couples clandestins. Umberto se lie d'amitié avec Maria, la jeune bonne à tout faire de la maison, paysanne égarée dans la grande ville, enceinte d'un des deux militaires avec lesquels elle a couché mais qui refusent chacun de reconnaître l'enfant. Alors qu'il couve une angine, il va, le soir, tenter de vendre ses livres 2500 lires puisque sa logeuse a refusé les petites coupures, reçues dans l'après-midi. Il reçoit 2000 lires du bouquiniste. Mais la logeuse exige toujours ses 15 000 lires qu'il ne pourra lui donner que le 27, jour du versement de sa pension. Umberto ne parvient pas à dormir, la propriétaire ayant invité des amis qui se piquent de chants lyriques; la rue étant bruyante et Maria venant regarder à sa fenêtre les militaires qui rentrent à la caserne. Du coup, tôt le matin il passe un coup de téléphone.
Maria se lève, prépare le café et regarde en pleurant son ventre qui commence à s'arrondir. Elle va ouvrir la porte à des infirmiers, ceux que Umberto a appelé pour le conduire à l'hôtel-dieu où il espère se refaire une santé gratuitement. Il faut pour cela, lui confie son voisin de dortoir, amadouer les infirmières bigotes. Ce qu'il fait en réclamant un chapelet.
Maria vient lui rendre visite et lui donner des nouvelles de Flake. Il se précipite à la fenêtre lui faire un signe mais les patients se plaignent et il rejoint son lit. Maria lui annonce aussi que la propriétaire va se marier et fait des travaux dans sa chambre. Quand il regagne sa chambre, Umberto constate que des ouvriers refont la tapisserie et, drame plus grand, Flake a disparu. Umberto s'en prend à Maria, déjà bien malheureuse avec ses soldats indifférents. Elle lui explique que la propriétaire l'a laissé sortir. Umberto se précipite au chenil, est effrayé par la chambre où les chiens non réclamés sont asphyxiés et parvient à retrouver Flake.
Accompagné de son chien, Umberto essaie même, un jour, de mendier. Mais un sursaut de respect humain l'empêche d'accepter l'aumône. Ses anciens amis, indifférents à sa détresse parce que préoccupés de leurs propres problèmes, ne lui sont d'aucun secours.
Sans maudire, toujours correct et digne, Umberto D. finit par se résoudre au suicide. Debout entre les rails du chemin de fer, il attend le passage du train. Mais son chien Flake, épouvanté, lui échappe des mains et, par là-même, lui sauve la vie.
Dans un jardin public, des enfants jouent insouciants et apparemment heureux. Umberto essaie, lui aussi, de jouer avec son chien, devenu méfiant.
La lettre unique accolée au prénom Umberto symbolise l'anonymat du personnage mais aussi sa représentativité des retraités de la fonction publique qui ne reçoivent qu'une pension de misère et sont terriblement déclassés une fois la retraite venue.
Le film est célèbre pour la séquence de trois minutes dont André Bazin a fait un des emblème du néo-réalisme et Gilles Deleuze celui de la rupture des liens sensori-moteur au profit de sensations purement optiques ou sonores :
"Quand Zavattini définit le néo-réalisme comme un art de la rencontre, rencontres fragmentaires, éphémères, hachées, ratées, que veut-il dire ? C'est vrai des rencontres de Païsa de Rossellini ou du Voleur de bicyclette de De Sica. Et dans Umberto D, De Sica construit la séquence célèbre que Bazin citait en exemple : la jeune bonne entrant dans la cuisine le matin faisant une série de gestes machinaux et las, nettoyant un peu, chassant les fourmis d'un jet d'eau, prenant le moulin à café, fermant la porte de la pointe du pied tendu. Et ses yeux croisent son ventre de femme enceinte, c'est comme naissait toute la misère du monde. Voilà que, dans une situation ordinaire ou quotidienne, au cours d'une série de gestes insignifiants, mais obéissant d'autant plus à des schémas sensori-moteurs simples, ce qui a surgit tout d'un coup, c'est une situation optique pure pour laquelle la petite bonne n'a pas de réponse ou de réaction. Les yeux, le ventre, c'est cela une rencontre".
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