C’est Paris et c’est déjà l’hiver. Sarah et Jean s’aiment, ils vivent ensemble depuis plusieurs années. C’est un amour qui les rend heureux et plus forts. Ils ont confiance l’un en l’autre. Le désir ne s’est jamais affadi. Un matin, Sarah croise par hasard François son ancien amant, ce François qui lui a présenté Jean, ce François qu’elle a quitté pour Jean sans hésiter.
C’est la deuxième fois après Un beau soleil intérieur en 2017 que Claire Denis collabore avec Christine Angot. La première fois, ils'agissait d'une écrire d'un scénario ex nihilo. Cette fois, elles adaptent l'un de ses romans, Un tournant dans la vie.
Sara travaille à Radio France Internationale, RFI, cette station de service public français qui s’intéresse aux actualités du monde entier. C’est important pour moi et pour le personnage qu'elle entende des voix qui disent qu’un peu partout ça ne va pas très bien. Elle dit aussi à la volée qu'elle a beaucoup aimé, et aimera toujours, le père de sa fille. Dans son paysage lointain, elle est donc aussi une mère. On comprend que Jean est au chômage, qu’il a fait de la prison, qu’il est un ancien joueur de rugby et qu’il essaye coûte que coûte de se remettre au travail. Il essaye aussi de redevenir le père de son fils qu’il a confié à sa propre mère. François est peut-être un voyou ou alors un homme blessé qui veut se venger
Le désir des hommes, c’est pas mal. Le désir des femmes, c’est mieux peut-être, elles ont droit aux mêmes écarts que les hommes. Adultère ? Trahison ? Tout ce vocabulaire convenu de la conjugalité bourgeoise m’est totalement étranger. Sara n’est ni une soumise ni une victime. Elle s’abandonne à son désir mais à aucune personne en particulier, ni à son compagnon régulier ni à son amant de passage. C’est quand même une chance inouïe et pas fréquente de retrouver un ancien amant. Elle tente cette chance, elle jette cette pièce en l’air, elle joue ce jeu dangereux à pile ou face, et dans le fond elle se moque de savoir où et comment la pièce va retomber, sur quelle face. C’est une aventurière de la vie, sur le fil d’un rasoir à double tranchant comme le dit la musique originale composée par Stuart Staples et qui est le titre en anglais du film : Both sides of the blade.