Casablanca, 1942. Une foule cosmopolite se presse chaque soir chez "Rick", le cabaret à la mode. La majorité de la clientèle est constituée de ceux qui fuient le joug nazi en Europe.
Un soir, le capitaine Renault, représentant du gouvernement de Vichy, fait arrêter Ugarte, un aventurier soupçonné d'avoir assassiné deux agents nazis pour dérober leurs sauf-conduits. Renault, en fait, a surtout monté cette opération pour impressionner le major Strasser, nazi farouche nouvellement muté à Casablanca. Ce même soir, Victor Laszlo, connu pour ses activités subversives à l'égard de l'Allemagne, se trouve également chez Rick en compagnie de sa femme Ilsa. Le major Strasser voudrait bien faire arrêter Laszlo. Mais Rick, qui a connu et aimé Ilsa trois années plus tôt à Paris, répugne à fournir à ce dernier les sauf-conduits d'Ugarte qui sont entrés en sa possession.
Pourtant, après une ultime entrevue avec Ilsa, Rick vient en aide au couple. Tandis qu'Ilsa et Victor s'embarquent à bord d'un avion, Rick tue le major Strasser sous les yeux du capitaine Renault. Ce dernier lance ses policiers sur une fausse piste. Les deux hommes s'éloignent ensembles, conscients du début d'une grande amitié.
Film culte mais, comme l'analyse Jacques Lourcelles, film dans lequel il ne se passe rien d'essentiel : "Les personnages, l'atmosphère, les clivages moraux sont donnés au départ et la progression du récit ne fait qu'exploiter ou cacher, selon les besoins de la dramaturgie, certains aspects de ces données notamment le passé de Ilsa, révélé à petites doses, en trois ou quatre fois.
Outre son absence de progression réelle, le film traîne avec lui une pénible sentimentalité de midinette (Bergman, les yeux presque toujours embués de larmes, paraît ici dans l'une de ses compositions les moins émouvantes). D'autre part, tout ce qui est extérieur au café (où se déroulent les meilleures scènes) c'est à dire les rues, l'aéroport, la figuration, représentent le summum de la fabrication hollywoodienne.
Mais Jacques Lourcelles reconnaît aussi des qualités au film : "Il y a d'abord la variété et la richesse de l'interprétation jusque dans ses petits rôles. Il faut noter aussi l'humour souvent cinglant des dialogues. Mais, malheureusement, le film n'est humoristique que dans ses dialogues (Conrad Veigt à Claude Rains : " Vous répéter cette expression IIIème Reich comme si vous souhaitiez qu'il y en ait d'autres -Je prendrai ce qui vient. " Un peu plus tard, Bogart est interrogé sur sa nationalité "Je suis un ivrogne " répond-il et Claude Rains d'ajouter "Ce qui fait de lui un véritable citoyen du monde ".
Mais l'élément dominant du film, c'est bien entendu le romantisme rassurant, mais de bon aloi, qui émane du personnage de Rick et qui cimenta le mythe de Bogart. Toute l'Amérique s'est reconnue et continue de se reconnaître avec délice dans ce personnage, dans son cynisme et son pragmatisme de façade recouvrant un idéalisme à toute épreuve.