L'apprenti

Mathieu, 15 ans, élève dans un lycée agricole, est apprenti en alternance dans la ferme de Paul, une petite exploitation laitière des plateaux du haut Doubs. Outre l'apprentissage des méthodes de travail de Paul, Mathieu doit s'intégrer à la vie de la famille, prendre ses marques, trouver sa place. Autour des gestes du travail, des liens se tissent avec Paul.

Il apprend à son contact ce qui ne s'apprend pas dans une salle de classe. Car c'est aussi un père absent que Paul remplace...

La beauté sobre et sans manièrisme du cadre et des éclairages fait penser aux documentaires de Raymond Depardon. Il s'agit pourtant ici d'un documentaire de fabulation où des acteurs, dont le vie est très proche de celle filmée, interprètent des scènes commandées par le réalisateur.

Paul Barbier, paysan franc-comptois joue son prôre rôle ainsi que les parents séparés de Mathieu. Mathieu, comme il l'exprime avec ses camarades aurait sans doute préféré un autre maître de stage, plus moderne, que celui que lui a choisi Samel Collardey. Les séquences dans la maison familale et rurale où Mathieu passe son BEPA et notamment la scène avec la directrice suite à la bagarre avec un cutteur sont tirées de la réalité vécue par Mathieu.

L'absence du père est le thème principal du film. L'un des rares effets de sens le dit nettement. Mathieu s'amuse avec des jouets miniatures, un tracteur qui porte des rondins de bois, alors que sa mère lui parle de son père. Il nie en avoir besoin. Lorsque Mathieu le rejoint plus tard à la scierie, le père manie des gros rondins de bois nous rapellant ainsi à qui ne pouvait manquer de penser Mathieu lorsquil niait le fait que son père lui manque.

Samuel collardey ne semble pas avoir voulu traiter le thème de la résileince où le maitre de stage aurait remplacé le père. Paul joue davantage le rôle du grand-père qui soigne les blessures sans apporter la force symbolique dont aurait besoin Mathieu pour avancer. S'explique ainsi son échec au BEPA que rien pourtant ne laissait prévoir dans la mise en scène en dehors du fait de ne pas dormir assez.

Cet abandon de l'enfant trouve sa plus grand force avec la dernière scène où Mathieu joue à la guitare, Je te promets, la chanson de Johny Halliday. Sans doute personne ne lui a-t-il jamais rien promis. La luminosité de la scène suggère néanmoins que l'adolescent saura sans doute trouver les resources nécessaires pour surmonter ce difficile passage.

Jean-Luc Lacuve le 21/01/2009