Pierre Maury et Lucienne Delamare connaissent tous deux l'amour fou. Lui, marié à Clotilde, une femme toujours malade. Ingénieur, conseiller municipal de surcroît, il ne peut se permettre de scandale dans cette petite ville au bord de la Loire où tout se sait.
Lorsqu'on est la femme du député-maire comme Lucienne ce n'est guère mieux. La vie calme et douillette qu'offre pourtant Paul Delamare ne satisfait pas Lucienne. D'autres raisons, plus intimes, sont à l'origine de cet échec.
Pierre se met en tête de tuer Clotilde. L'occasion lui en est donnée un soir où il triple la dose de son somnifère avant de l'étouffer sous un oreiller. Le médecin diagnostique un arrêt du coeur. Cette "disparition" ne libère pas le couple maudit ; surtout après que Hélène, la fille de Lucienne, ait surpris celle-ci un matin. On peut désormais craindre le pire. L'étau se resserre un peu plus tandis que Paul, rentré une nuit à l'improviste, s'aperçoit de l'absence de sa femme. Lucienne, devant le fait accompli, doit avouer sa liaison qui finalement ne trouble pas outre mesure son mari. Paul est d'abord un homme d'affaires. La haine des amants à son égard est à son comble, Pierre tue Paul d'un coup de feu et camoufle le meurtre en simulant un accident de voiture.
Des rumeurs courent dans la ville. A la suite d'une lettre envoyée par la petite Hélène à la police, Lucienne avoue aux autorités qu'elle a un amant. Pierre de son côté, reconnaît l'assassinat de Clotilde et de Paul.
Charge sociale très forte inspiré d'un fait-divers qui a défrayé la chronique : Valençay, une ville de province de moyenne importance. Le député maire, un prévaricateur de droite, ne pouvant satisfaire son épouse, midinette sortie du rang, celle-ci se jette dans les bras d'un conseiller municipal qui affiche avec prudence des idées de gauche.
Le film s'ouvre sur une citation d'Eschylle tirée des Euménides (actes IV scène 1) : Oreste: "Déesses, décidez si je suis innocent ou coupable. Quel que soit votre arrêt, je m'y soumets". Minerve : "Cette cause est difficile. Quel mortel oserait la juger ?"
Construction dramatique solide : 10 mn sur la situation actuelle: l'adultère. 20 mn. de flash back sur cette relation coupable vécue sur le mode idyllique. 20 mn d'amours coupables jusqu'à leur découverte par le mari. 25 mn pour mettre au point et exécuter le meurtre du mari. 15 mn d'enquête policière jusqu'à l'arrestation finale.
Remarquable flash back: repos de Stéphane Audran qui ayant ouvert la fenêtre perçoit des bruits de rue ponctués de nombreux klaxons, flou et distorsion musicale. Cette distorsion se poursuit sur une partie des 11 séquences du flash back. Les 4 premières évoquent les premières rencontres avant la première relation sexuelle qui constitue la séquence la plus longue du flash back. Viennent ensuite les moments forts de cette relation (échange de billets, adultère dans le château, scène du conseil municipal raconté) puis deux séquences où Michel Piccoli, qui occupait déjà le rôle central depuis deux séquences prend nettement le pas sur Stéphane Audran, qui assume théoriquement les souvenir du flash-back: il vit puis raconte la neurasthénie de sa femme. Nous sommes revenus à un paysage d'automne, saison des premières séquences. Néanmoins la sortie du flash- back se fait, non pas sur son personnage origine : Stéphane Audran, mais sur le personnage qui a pris le plus d'importance au fil du récit : Michel Piccoli. Il ouvre la fenêtre et entend les même bruis de klaxons qu'au début dans la rue. Dans cette scène de sortie, habituellement neutre, il commet un acte décisif : il empoisonne sa femme.