En guerre

Les ouvriers de l'usine Perrin d’Agen protestent contre l’annonce de la fermeture annoncée par leur direction. Laurent Amédéo est le leader syndical à la tête de la contestation. Les ouvriers s’appuient sur un accord conclu deux ans auparavant de maintien de l’emploi pour cinq ans en échange d'une modération salariale et d'un renoncement aux primes, tandis que la direction de l’entreprise, faisant partie d’un groupe allemand, invoque la rentabilité insuffisante face à la concurrence, qui les presse de supprimer la production sans tarder.

Les syndicats tentent de joindre la direction nationale de leur entreprise, puis de solliciter l’appui du Président de la République. Un conseiller économique du Président les assure de son soutien moral. Ils envahissent les locaux du Medef, cherchent à contacter un repreneur potentiel. Ils rallient les travailleurs d’une autre usine à leur cause. Ils exigent une rencontre avec le P-DG allemand du groupe. Sans succès, puisque malgré les différentes promesses, la direction confirme son intention de fermer l’usine d’Agen.

Durant ces combat, le mouvement syndical est en proie à une division entre les partisans d’une lutte jusqu’au bout pour tenter de maintenir l’emploi, incarnés par Laurent Amédéo, et ceux qui se rangent à l’idée d’une négociation avec la direction pour obtenir une majoration des indemnités de licenciement. Le blocus prolongé de l’entreprise assèche financièrement les ouvriers, qui sont de plus en plus nombreux à vouloir reprendre le travail. Les chaînes de télévision mettent essentiellement en avant les violences. L’agression du P-DG allemand par des ouvriers à l’issue de leur rencontre met fin au dialogue social et au soutien de l’Élysée.

L’obstination de Laurent Amédéo ne lui  a ainsi pas permis pas d’avoir gain de cause et la fermeture de l’usine est confirmée. Rejeté par de nombreux ouvriers, il se rend en Allemagne pour s’immoler de manière spectaculaire sous les fenêtres du siège de l’entreprise. Son décès entraîne l’annonce par la direction de la reprise d’un dialogue avec le personnel.

En 2015 à Cannes, La loi du marché avait valu le prix d'interprétation à Vincent Lindon. Il reprend ici un rôle plus lourd, celui de héros (on le souligne plusieurs fois dans le film) de guerre. La complexité des relations économiques est donc simplifiée (des patrons cyniques, des syndicats divisés, des pouvoirs publics confinés au rôle de médiateur, des médias superficiels) pour permettre au héros d'aller jusqu'au bout de son combat avec une fin tragique qui met fin à tout espoir.

Jean-Luc Lacuve le 21/05/2018