(1858-1943)
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André Antoine est né à Limoges le 31 janvier 1858 d'une famille de condition modeste. Aîné de six enfants, il arrête l'école très jeune, travaille à la Librairie Firmin-Didot puis à la Compagnie du Gaz à Paris. Ensuite, il fait son service militaire en Tunisie de 1878 à 1883.
Se passionnant très tôt pour le théâtre, il échoue à un examen du Conservatoire. Néanmoins, il est figurant sur scène le soir après son travail, ce qui lui permet d'apprendre les classiques du répertoire dans les coulisses. Après avoir beaucoup lu et vu bon nombre de pièces, il devient comédien dans une troupe d'amateurs. Il désire rompre avec le théâtre conventionnel alors apprécié et fonde en 1887 le "Théâtre Libre", d'inspiration naturaliste, où il monte quelque 150 pièces en dix ans. Il poursuit dans la même voie en créant le "Théâtre Antoine" (1997-1906) après avoir dirigé l'Odéon en 1896, qu'il retrouve de 1906 à 1914.
Féru de cinéma, dont il veut tirer autre chose que la reproduction de toiles peintes, il accepte, en 1914, la proposition de la SCAGL (Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres) et de la firme Pathé visant à le faire accéder à la réalisation de films. De 1915 à 1922, André Antoine adaptera au cinéma des oeuvres, de la littérature ou du théâtre. Sa première mise en scène, Les frères corses, avec Henry Krauss, fait dire à Louis Delluc : "Antoine y a mis sa verve débordante et son sens aigu des tons. Et un désordre d'art là-dessus, c'est une joie". Avec ce film, tiré du roman de Dumas père, Antoine rompt avec l'esthétique dominante (surtout celle de la firme productrice, alors dirigée par Pierre Decourcelle) en sortant des studios, en confrontant acteurs reconnus et nonprofessionnels et en faisant fi des codes cinématographiques. Ses autres oeuvres, si elles confirment cette volonté de réalisme peu usitée à l'époque, seront plus proches du style de la SCAGL.
Après Le coupable (d'après Coppée, avec Romuald Joubé, Jacques Grétillat et Sylvie) et Les travailleurs de la mer (1917, d'après Hugo), il signe Israël (1918, d'après Bernstein), réalisé en Italie. En 1918, la SCAGL interrompt provisoirement son activité de production, incertaine de son devenir dans le contexte de guerre et craignant le désengagement de la société Pathé qui éditait ses films. Elle encouragea ainsi André Antoine à répondre favorablement à l’invitation de l’Itala Film, afin de l’occuper pendant l’arrêt de la production française, mais aussi d’envisager une collaboration à long terme avec l’Italie sous forme de co-production. De ce séjour italien, il ne résulta qu’une œuvre.
André Antoine revient à un thème plus proche de lui en adaptant La terre de Zola (dont il s'est réclamé tant au théâtre que dans ses écrits) en 1919 (avec René Alexandre, Jean Hervé et Berthe Bovy). Mais son film suivant, Mademoiselle de La seiglière (1920), d'après la pièce de Jules Sandeau, apparaît comme un film de commande.
André Antoine met alors en scène ce qui deviendra le chef-d'oeuvre méconnu des années vingt : L'hirondelle et la mésange, d'après un scénario original de Gustave Grillet. Ce film renoue avec le véritable tempérament d'Antoine, celui du réalisme: décors naturels, sobriété et hétérogénéité des acteurs, tournage à plusieurs caméras, fondus au noir et ouvertures à l'iris réalisés à la prise de vue, etc. Malheureusement la projection de quelques plans décide les producteurs à ne pas sortir le film. Il ne sera monté qu'en 1993 par Henri Colpi (avec la collaboration de l'exégète d'Antoine, Philippe Esnault) après 63 ans de purgatoire dans les collections de la Cinémathèque Française.
L'hirondelle et la mésange aurait pu constituer un jalon important du cinéma français des années 20 : Souci du réalisme, refus du studio, tournage à plusieurs caméras, couverture d'une scène sous tous les angles, sans compter la sobriété, exceptionnelle pour l'époque du jeu des comédiens... (...) tout cela donne au film d'Antoine un ton extraordinairement libre et moderne, annonçant plus Renoir et Vigo que Carné et Duvivier. " (Bertrand Tavernier, in " Positif " n°279 mai 1984).
Après ce grave échec, André Antoine achève le Quatre-vingt treize d'Albert Capellani (d'après Hugo) commencé en 1914. Malgré son influence considérable sur le cinéma de l'époque, Antoine achève son oeuvre cinématographique en 1922 avec L'Arlésienne, d'après Daudet.
Déçu par le cinéma, il préfère renoncer aux contraintes techniques et stylistiques qu'il subissait depuis plusieurs années : c'est ainsi qu'il se reconvertit en se consacrant à la critique cinématographique dans "Le journal", "Comoedia" et "L'Information".
Décédé le 19 octobre 1943 au Pouliguen, André Antoine a eu deux fils, AndréPaul (auteur dramatique, journaliste, scénariste et metteur en scène) et Jean (spécialiste de la radio). Son oeuvre a fait l'objet d'une rétrospective au Musée d'Orsay, en juin 1990.
Filmographie :
1915 | Les frères corses |
Avec : Henry Krauss, Romuald Joubé, Rose Dione, Jacques Grétillat, Henry Roussel, Gaston Glass. | |
1916 | Le coupable |
Avec : Romuald Joubé (Chrétien Lescuyer), Sylvie (Louise Rameau), Jacques Grétillat (Prosper Aubry), Léon Bernard (Donadieu, le sculpteur), Séphora Mossé (Perrinette) | |
1917 | Les travailleurs de la mer |
Avec : Armand Tallier, Marc Gérard, Charles Mosnier, Andrée Brabant, Philippe Garnier, Romuald Joubé. Le vieil armateur Lethierry est en possession d'un des plus anciens bateaux à vapeur, "La Durande". Le bateau fort convoité effectue le trajet Saint-Malo - Guernesey. Les autres armateurs et marins de la région, jaloux, le considèrent comme un concurrent un peu trop puissant... |
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1919 | Israël |
Avec: Alberto Collo (Tebaldo de Clair), Vittoria Lepanto (Duchess de Crouchy) | |
1919 | La terre |
Avec : Armand Bour (Le père Fouan), René Alexandre (Jean), Germaine Rouer (Françoise), Jean Hervé (Buteau). 1h37. Maintenant qu'il est vieux, le père Fouan décide de partager ses terres entre ses trois enfants : Louis, dit "Buteau", brutal et cupide; Hyacinthe, dit "Jésus-Christ", braconnier ivrogne qui vit avec sa fille, "La Trouille "; Fanny, avide et cruelle. |
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1920 | Mademoiselle de la Seiglière |
Avec : Huguette Duflos (Hélène de la Seiglière), Catherine Fonteney (La baronne de Vaubert), Félix Huguenet (Le marquis de la Seiglière), Charles Granval (Stamply). 1h27.
Après la Révolution, le marquis de la Seiglière revient en France. Ses biens avaient été vendus comme biens nationaux et avaient été achetés par son fermier le père Stamply qui les restitue au marquis. Alors que le marquis “accorde” au vieux Stamply la jouissance d’un coin du château, sa fille Hélène prend soin du vieil homme... |
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1922 | L'Arlésienne |
Avec : Marthe Fabris (l'arlésienne), Lucienne Bréval (Rose Mamaï), Maggy Deliac (Vivette), Gabriel de Gravone (Frédéri). 1h25.
Frédéri, le fils de Rose Mamaï doit se marier avec Vivette une fille du pays. Mais un jour, à Arles, il rencontre l’Arlésienne et en devient fou d’amour. L’Arlésienne a un amant en la personne d’un guardian Mitifio. Devant les réticences de sa mère, Frédéri accepte d’épouser Vivette. Sa rencontre inopinée avec Mitifio, réveille son amour. Alors, comprenant que l’Arlésienne ne sera jamais à lui, il monte en haut de la ferme et se jette dans le vide. |
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1924 | L'hirondelle et la mésange |
Avec : Louis Ravet (Pierre Van Groot), Jane Maylianes (Griet), Maguy Deliac (Marthe), Pierre Alcover (Michel). 1h20.
Pierre van Groot, maître-batelier brugeois, fait, deux fois par an, avec ses deux péniches "L'Hirondelle" et "La Mésange", le transport de charbon et de matériaux de construction de Belgique en France par Anvers, Bruges, Gand, Bruxelles, Mons et Charleroi. Sa famille se compose de son épouse, Griet, surnommée "L'hirondelle", et de la soeur de cette dernière, Marthe, surnommée "La mésange". |
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