Une avocate. Maria Cardenal exécute ses amants d'un coup d'épingle à cheveux dans la nuque au moment de l'orgasme, simulant ainsi le rituel de la tauromachie. Angel Gimenez est un jeune homme fragile, perturbé par une mère possessive et bigote, membre de l'Opus Deï. Il suit les cours de Diego Montes, ancien matador qui, blessé dans l'arène, a décidé de se consacrer à la formation des jeunes toreros. Angel lui voue une admiration sans limite. Il va même jusqu'à vouloir connaître ses secrets pour aborder les filles. De retour chez lui, Angel met en pratique les conseils de son maître. Il tente de violer Eva, sa voisine, qui n'est autre que l'amie de Diego. Il échoue lamentablement dans sa tentative. Angel se dénonce à la police mais la " victime " ne porte pas plainte; aussi s'accuse-t-il du meurtre de deux filles portées disparues. Maria Cardenal accepte d'assurer la défense du jeune homme, persuadée que le véritable coupable n'est autre que Diego Montes. Frustré de mises à mort de taureaux, il est désormais tueur de femmes et exécute ses maîtresses comme elle ses amants.
Les indices s'accumulent contre l'infortuné Angel. Mais le commissaire est convaincu de son innocence. Angel indique pourtant avec exactitude l'endroit où sont enterrés les corps des deux disparues : dans le jardin de Diego Montes. Le commissaire réalise qu'Angel ne peut être le responsable des crimes, car il ne supporte pas la vue de la moindre goutte de sang. Eva découvre la vérité en surprenant une conversation entre Diego et Maria, désormais amants. En cette veille d'éclipse solaire, quelque chose de tragique se prépare. Angel, doué de pouvoirs de voyance, conduit la police sur les lieux du drame qui est en train de se dérouler. Mais il est trop tard; Maria a poignardé Diego avant de se tirer une balle de revolver dans la bouche, Leurs corps sont enlacés, inertes, dans le salon de cette maison où ils se sont aimés une dernière fois.
Le film commence sur des images de Six femmes pour l'assassin (1964) de Mario Bava et de La lune sanglante (1981) de Jesus Franco que regarde Diego Montes, le matador blessé, pour se masturber douloureusement dans la première séquence du film et qui lient déjà la mort avec une sexualité sans plaisir. Ces éléments trouveront leur apothéose tragique et macabre avec l'ultime mise en scène des rapports sexuels du matador et de l'avocate Maria Cardenal aboutissant à leur double suicide. Ainsi l'avait voulu Almodovar :
" Dans Matador, quand les deux personnages principaux entrent dans une salle de cinéma, ils voient leur avenir sur l'écran, la dernière scène de Duel au soleil qui montre exactement la manière dont leur vie va se terminer : Jennifer Jones et Gregory Peck s'entretuent et meurent ensemble." (1)
La mort violente est la plus belle, surtout quand on meurt jeune. » (Mishima).
(1) Pedro Almodovar, Conversations avec Frédéric Strauss, éditions Cahiers du Cinéma, 1994