1946

Frank Chambers, un jeune homme sans idées préconçues ni but précis, fait la connaissance de Nick Smith, qui possède un café au bord de la route. Quand il aperçoit Cora, la très belle femme de Nick, beaucoup plus jeune que lui, il accepte le travail qui lui est proposé. Sans trop de difficultés, Frank force la résistance de Cora, et ils deviennent amants. Ils décident de s'enfuir ensemble, mais Cora répugne à abandonner la sécurité matérielle que représente pour elle le café de Nick.

La seule solution est de se débarrasser de Nick. C'est Cora qui glisse cette idée de meurtre dans la tête de Frank. Une première tentative échoue maladroitement, et le couple devient suspect. Leur seconde tentative réussit, et Frank est arrêté pour meurtre. Grâce à l'habileté de l'avocat de Cora, ils sont relâchés.

Mais leur amour est entaché par la méfiance qu'ils éprouvent l'un envers l'autre (au tribunal, ils se sont mutuellement accusés). Le restaurant prospère, l'avocat de Cora leur conseille de se marier. Cora se rend compte qu'elle attend un enfant. Minés par la peur et les soupçons, Cora et Frank retournent sur la plage où tout a commencé et décident d'oublier le passé et de repartir de zéro, de réussir leur vie. Au retour, la voiture verse dans le fossé et Cora est tuée. C'était un accident, pourtant Frank est accusé de meurtre, car Nick avait contracté une importante police d'assurance. Frank part pour la chambre à gaz...

 

Après celle de Chenal (Le dernier tournant, 1939) et celle de Visconti (Ossessione, 1942), c'est la première adaptation américaine du roman de James Cain. Tay Garnett, qui habituellement ne se pique pas de psychologie, fouille ici la description de ses personanges et els motivations de ses deux assassins. Il montre en particulier chez la femme un désir de respectabilité qui paradoxalement la pousse au crime, car elle n'imagine pas le grand amour sans le confort et la prospérité dont elle a pris le goût à la suite de son premier mariage.

Cela n'empêche pas l'amour que se portent les deux amants criminels d'être réel et profond. D'où l'ambiguïté tragique d'un récit où les forces de vie et les forces de mort, le mensonge et la vérité s'entremêlent inextricablement comme le suggère le symbolisme inversé des vêtements blancs de l'héroïne.

Ce récit convenait particulièrement bien à Garnett, le réalisme psychologique et social, la vérité des atmosphères débouchent fréquemment chez lui sur un irréalisme poétique et lyrique (présence de l'océan dans plusieurs séquences ; la disparition finale des amants appelés à se retrouver quelque part dans l'éternité). En outre, une histoire où triomphe à ce point la justice immanente, la justice "poétique" ne pouvait que combler ce poète, cet amoraliste qui croit beaucoup plus à l'harmonie cosmique de l'univers qu'à la mesquine et trompeuse justice des hommes.

Remake racoleur et superficiel par Bob Rafelson, 1981 où se détache seulement une excellente interprétation de Jessica Lange.

Jacques Lourcelles

 

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Genre : Film noir

(The Postman always rings twice). D'après le roman de James M Cain. Avec : Lana Turner (Cora Smith), John Garfield (Frank Chambers), Cecil Kellaway (Nick Smith), Hume Cronyn (Arthur Keats), Leon Ames(Kyle Sackett), Audrey Totter(Madge Gotland). 1h53.

Le facteur sonne toujours deux fois