Accueil Partie beaux-arts Histoire de l'art Les peintres Les musées Les expositions Thèmes picturaux

Grande Ombre

1898

Grande Ombre
Auguste Rodin, 1898
Sculpture enbronze, 191 cm
Paris, Musée Rodin.

Corps d’homme accablé, si meurtri qu’il n’est plus, malgré sa carrure imposante et ses muscles saillants, qu’un grand pantin brisé. Sa tête inclinée, ses bras ballants et ses épaules tombantes semblent aimantés vers le sol, écrasés par un fardeau invisible… La pose est si expressive qu’elle défie même les lois anatomiques : son cou et sa tête, penchés à l’extrême, prolongent son épaule en dessinant une ligne droite !

Mesurant 1,91 mètres de haut, ce bronze tiré en 1898, est une version agrandie par l’artiste de l’une des trois Ombres (trois personnages quasiment identiques, formant un groupe de 97 cm de haut) qu’il avait imaginées pour couronner le sommet de son plus grand chef-d’œuvre : La Porte de l’Enfer

Cet homme pétri de douleur et de désespoir, la Grande Ombre, est une figure conçue entre 1880 et 1886 par Rodin et issue de la Divine Comédie de Dante. Dans ce fameux poème florentin du XIVe siècle, les âmes de trois damnés, appelées « les ombres », se tiennent à l’entrée des Enfers où elles montrent du doigt une terrible inscription : « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance »… Pour ce personnage anéanti par le poids de la condition humaine, Rodin s’est inspiré des Esclaves de Michel-Ange (réalisés pour le tombeau du pape Jules II entre 1513 et 1515) et de ses damnés expressifs et musclés du Jugement dernier, fresque monumentale de la chapelle Sixtine.

La Grande Ombre (1902), bronze monumental de plus de deux mètres de haut, fondu en 1977 par la Fonderie de Coubertin était installée dans le jardin des Tuileries, devant le musée de l'Orangerie, à Paris, a été déposée par le musée national Rodin au pied de l'église Saint-Georges, dans l'enceinte du château de Caen à l'entrée du musée des Beaux-Arts en 2014.