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Madame L.D., portrait vert,jaune et bleu

1947

Madame L.D., portrait vert,jaune et bleu
Henri Matisse, 1947
Huile sur toile, 64,5 x 49,5 cm
Saint-Patersbourg, Musée de L’Hermitage

Il y a une verdeur dans cette peinture de Lydia Delectorskaya qui est étonnante chez un artiste approchant des 80 ans. Expression de liberté souveraine, mélange de merveilleux, de sophistication et de lucidité. Lydia est une personne beaucoup plus jeune, qui lui est entièrement dévouée et pleine d’énergie. Matisse lui rend hommage avec un romantisme contrôlé. Traits et couleurs capturent l’ élégance, la détermination et la facilité qui l’anime alors que pour le vieux Matisse, tout devient difficile. Dans l’ombre des cheveux de Lydia, dans la partie gauche du tableau, le profil du vieux Matisse apparaît. C’est encore plus net dans d’autres variantes du tableau où le profil n’est pas tronqué. La vieillesse de Matisse est éclairée par cette jeune femme.

Les couleurs sont celles de la vie. Ses cheveux sont vert clair, la couleur du printemps, le renouvellement. Autour d’elle flamboie un feu orange d’énergie pétillante. Son visage, divisé en bleu et jaune, est comme une carte héraldique d’un jeu de tarot. Elle est un totem de la jeunesse et la beauté, une beauté moderne, décalée, en mouvement.

Il s’agit d’une peinture à la fois abstraite et personnelle, à la simplicité trompeuse. Le rappel du personnage d’Arlequin dans ce portrait, en fait autre chose que la description d’une personne. Les couleurs ont leur propre vie et mystère ; la zone de gauche, en particulier, y participe.

De portraits réalistes, Matisse va vers la simplification des formes. Il conserve la ressemblance par la représentation des caractéristiques de la figure du modèle. Il décline son interprétation jusqu’à transformer le visage en masque et par là-même le rendre universel.

Le motif rappelle un travail énormément admiré,de Matisse. L’ Arlequin de Picasso (1915), ainsi que les aplats, bigarrés des peintures de paysans russes par Kasimir Malevitch.