Exposition présentée à Bordeaux du 14 décembre 2005 au 19 mars 2006 et au Musée des beaux-Arts de Caen du 1er avril au 4 juillet 2006.

Près de trente musées de France ont contribué à l'événement, qui compte parmi les douze manifestations ayant reçu le label d'intérêt national pour l'année 2005 du ministère de la culture et de la communication.

Développé par le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux en collaboration avec le Musée des Beaux-Arts de Caen et l'Institut National d'Histoire de l'Art, le projet se présente comme un reflet des collections publiques françaises, et fait suite à la dernière exposition qui rendait compte du génie artistique de la période, "Le Siècle de Titien", présentée au Grand Palais en 1993.

Le Louvre a peu prêté, ce qui se justifie aisément : il s'agit ici de donner un aperçu des collections de province. On verra pourtant deux de ses chefs-d'œuvre : le Portement de Croix de Lorenzo Lotto, l'un des plus beaux tableaux acquis par le musée depuis vingt-cinq ans, et la Vierge au lapin de Titien.

 

L'exposition distribue ses 70 tableaux dans cinq grandes salles dotées chacune d'un titre : La haute renaissance, Primauté du Titien, Dans la lumière de Véronèse, Les Bassano, Tintoret et la peinture spectacle. Entres ces cinq salles, des pièces plus petites accueillent des dessins et gravures.

Le parcours commence par une Vue de Venise de Leandro Bassano (musée de Chalon-sur-Saône).

1- La haute Renaissance


Le début du XVIe siècle ne peut être évoqué avec Giorgione puisqu'aucun musée français n'en possède. Le giorgionisme est heureusement un style qui couvre aussi bien les productions du maître lui-même que celles du vieux Giovanni Bellini et du jeune Titien. Du premier est présenté ici la célèbre Dérision de Noë (Besançon) . Le jeune Titien est présent par deux portraits, l'un venant de Besançon, et l'autre d'Ajaccio (Portrait de l'homme au gant) tous deux méconnus. Leurs attributions ont varié au cours du temps, et ce n'est que récemment que l'accord des spécialistes semble s'être fait sur ce nom prestigieux.

Palma le vieux avec un Portrait de femme et surtout Lorenzo Lotto et son célèbre Portement de Croix, prêté par le Louvre, complète magnifiquement cette période.

 

2- Primauté du Titien

Les musées français sont très pauvres en Titien et il est heureux que le Louvre ait prêté la Vierge au lapin. On pourra également admirer Tarquin et Lucrèce (Bordeaux) ou La Vierge à l’enfant avec saint Jean-Baptiste et sainte Agnès (Dijon).

Autour du Titien, le musée de Caen présente deux de ses contemporains. Le premier, Paris Bordon était, parait-il, aussi connu que Le Titien au XVIème siècle mais il se serait affadi en ne répondant qu'à des commandes faciles. L'annonciation de Caen et Saint Jean-Baptiste couronnant l'agneau de fleurs , Daphnis et Chloé, (musée Jacquemart-André), sont néanmoins magnifiques.

Lambert Sustris, le hollandais qui fréquenta longuement Venise et reçu l'influence du Titien est représenté par trois tableaux Noli me tangere, L'allégorie de la poursuite de la fortune (Besançon) qui s’inspire du Tableau du philosophe grec Cébès redécouvert à la fin de la Renaissance et Le baptême du Christ (Caen).

Termine cette salle le charmant Diane et Calliope de Shiavone, disciple de Titien lui aussi.

3- Dans la lumière de Véronèse.

Seule pièce peinte en pourpre au sein de salles gris-bleu, elle est entièrement consacrée à Véronèse, absolument éblouissante même en l'absence du Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée de Grenoble.

L'inspiration mythologique est représentée par Persée délivrant Andromède (Rennes) et Léda et le cygne (Ajaccio).

De l'ancien testament, sont présenté ici Bethsabée au bain (Lyon) et Judith et Hollopherne (Caen)

Saint Barnabé guérissant un malade (Rouen), La sainte famille avec sainte Dorothée (Bordeaux) et La tentation de saint Antoine (Caen) illustrent, chacun sur un ton différent, l'inspiration de Véronèse lié au Nouveau testament.

 

4 - Les Bassano

 

Le Baptême du Christ , découvert récemment dans une église, est quasiment inédit. C'est sans doute une oeuvre de Jacopo Bassano. Le prénom est suivi d'un point d'interrogation car il pourrait s'agir d'une collaboration avec son fils Francesco. Quoiqu'il en soit, sa qualité est très haute et porte indubitablement la marque du meilleur artiste de la dynastie, le seul qui puisse être comparé aux plus grands peintres de la période, Titien, Véronèse et Tintoret.

Leandro Bassano n'est considéré le plus souvent que comme l'élève le plus original de son père, Jacopo Bassano. S'il travaille dans la même veine, en poursuivant notamment les recherches luministes auxquelles Jacopo s'est consacré dans sa dernière période, la personnalité propre de Leandro se révèle dans Pénélope defaisant son ouvrage à l'iconographie dépouillée à l'extrême.

5- Tintoret et la peinture spectacle

De Jacopo Tintoretto tous les aspects sont représentés : le portrait avec celui d'un gentilhomme anonyme (Besançon), le grand retable (Vierge à l'Enfant avec des saints, de Narbonne), la mythologie (Danaé, de Lyon)... On découvrira aussi un Saint Jérôme pénitent parfaitement inconnu jusqu'alors, provenant d'une église de la région parisienne, prudemment, mais de manière convaincante, attribué à Jacopo


L'exposition comporte trois grands formats. La dernière Cène de Saint-François-Xavier est l'un des deux Tintoret conservés dans une église parisienne avec l'Adoration des Bergers de Saint-Honoré-d'Eylau. Un grand retable de Palma le Jeune, Le Massacre des habitants d'Hippone, artiste davantage considéré pour ses qualités de dessinateur, montre qu'il peut être un peintre tout à fait intéressant, comme le prouve aussi le méconnu Jaël et Sisara (musée Thomas-Henry de Cherbourg) : dans Le Livre des juges, lorsque Samgar était juge et Débora la prophétesse, les Israélites vivaient sous le joug du roi de Chanaan. Débora ordonne à Barac de commencer la guerre ; il refuse, à moins qu'elle-même ne vienne avec lui, et Débora l'accompagne. Le combat s'engage. Sisara, mercenaire, chef de l'armée de Chanaan, va trouver une femme nommée Jaël et lui demande à boire. Elle lui donne du lait et non de l'eau. Il boit et s'endort. Cette femme prenant alors un clou l'enfonce dans sa tempe. Ainsi mourut Sisara. Barac le vit lorsqu'il était mort. Débora chante un cantique pour la victoire.

 

Commissariat général :

 

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