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L'Annonciation faite à Marie par l'archange Gabriel, est décrite dans le seul Évangile de Luc et d'une façon très détaillée dans La Légende dorée de Jacques de Voragine, l'ouvrage de référence des peintres de la Renaissance, qui permet de la représenter dans toute sa symbolique (jardin clos, colonnade, chambre et lit de la maison de Marie, son livre, présence du Saint-Esprit, évocation d'Adam et Ève chassés du Paradis après avoir désobéi à Dieu).

L'annonciation commence lorsque l'ange Gabriel vient voir la Vierge Marie et lui annonce qu'elle aura un enfant qui sera le fils de Dieu. La Vierge demande à l'Ange comment cela sera possible puisqu'elle n'a jamais connu d'homme. Il lui dit alors "... car Rien n'est impossible à Dieu qui est tout Verbe. La vertu du Très Haut te couvrira de son ombre..." La Vierge lui répond : "Ecce ancilla domini, fiat mihi secundum verbum tuum" ("Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon son verbe" Saint Luc l. 38) et, dans l'instant même, dès lors qu'elle accepte, l'Incarnation est faite.

Le fiat mihi de Marie répond en fait au fiat lux de la genèse. C'est le moment théologiquement et émotionnellement absolument considérable.

L'incarnation c'est le moment où se réalise la Trinité. Dieu a toujours été trois en un, Lui le sait, mais pour que ce soit le cas il faut que, historiquement, il s'incarne.

Mais l'incarnation n'est pas visible, c'est un mystère. Pour les peintres de la Renaissance, l'Incarnation échappe à la commensurabilité de la perspective qui raconte l'histoire visible de l'Annonciation. Ils vont donc chercher des moyens de figurer le mystère de l'incarnation. Ambrogio Lorenzetti va utiliser une colonne qui appartient au fond d'or dans la partie haute puis devient opaque dans la partie basse régie par la perspective. Domenico Venziano utilise une porte et Piero della Francesca une plaque de marbre et une colonne cachée.

Source : Daniel Arasse, Histoires de peintures, chap. 5 : Perspective et annonciation. Denoël, 2004.

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