Malina (Werner Shroeter, 1991)
Ingeborg Bachmann (Margarethe von Trotta. 2023)
 

Ingeborg Bachmann nait le 25 juin 1926 à Klagenfurt dans le Sud de l'Autriche. Elle est la fille d'un professeur protestant, Mathias Bachmann, qui adhère au NSDAP, le parti nazi, en 1932, et qui s'engage comme volontaire dès la déclaration de guerre à la Pologne en 1939.

Elle s'inscrit à l'université d'Innsbruck à l'automne 1945 pour des études de psychologie, philosophie , littérature et droit. En 1946, à Graz, elle continue par des études de philosophie et de littérature, tout en suivant quelques cours de droit. Elle arrive à Vienne à l'automne 1946 pour poursuivre des études de philosophie et littérature. Elle obtient un doctorat de philosophie en 1950 avec une thèse intitulée "La réception critique de la philosophie existentielle de Martin Heidegger".

En 1945 et 1946, Bachmann est amoureuse d'un ancien membre de l'armée britannique, le juif viennois Jack Hamesh. À la fin des années 1940, elle a une liaison avec l'essayiste et critique littéraire Hans Weigel. Elle rencontre Paul Celan, à Vienne, en 1948 ; rencontre décisive, tant pour Celan que pour Bachmann. En août 2008, leur très importante correspondance est publiée par Suhrkamp Verlag sous le titre Herzzeit (en français Le Temps du cœur). Cette correspondance, comme l'étude de leur poésie, montrent que leur relation fut non seulement amoureuse mais également littéraire et poétique, et que cette interaction a enrichi les œuvres de l'un comme de l'autre.

La rencontre de Hans Werner Richter à Vienne en 1952, alors qu'elle travaille comme rédactrice-conceptrice à la radio américaine Rot-Weiß-Rot lui permet de rejoindre le Groupe 47, qui regroupe les écrivains voulant renouveler la littérature et le langage, rompre avec la tradition et libérer la culture des séquelles du nazisme.

Pendant son mandat de rédactrice radiophonique à la radio viennoise Rot-Weiß-Rot (1951-1953), elle écrit sa première pièce radiophonique, A Business with Dreams, en 1952. Elle écrit également onze épisodes de la populaire famille radiophonique hebdomadaire et deux autres en collaboration avec Jörg Mauthe et Peter Weiser. En 1952, elle donne sa première conférence lors de la réunion du Groupe 47 .

Bachmann est la seconde femme, après Ilse Aichinger, à recevoir le prix décerné par le Groupe 47 pour son premier recueil de poèmes, Le Temps en sursis (Die Gestundete Zeit), en 1953.

En 1953, elle quitte Vienne pour Rome, et c'est dans cette ville que le photographe Herbert List réalise la photo qui fait la couverture de Der Spiegel, en août 1954. Que l'hebdomadaire allemand la mette ainsi à la une montre la célébrité dont elle jouit à 28 ans.

En 1955, elle rencontre Henry Kissinger lors d'un symposium à Harvard, et une histoire d'amour commence entre eux qui dure plusieurs années.

En 1956, elle publie son second recueil de poèmes, Invocation de la Grande Ourse. Elle ne publie plus de recueil par la suite. Toutefois, elle continuera toute sa vie à écrire et à publier des poèmes, comme La Bohême est au bord de la mer, un des plus connus. L'année suivante, elle reçoit le prix de littérature de Brême. Elle devient dramaturge à la télévision bavaroise et s'installe à Munich. Elle a fait campagne contre l’armement nucléaire.

1957 ; rencontre amoureuse avec le compositeur Hans Werner Henze qui générede nombreuses œuvres communes, comme Un monologue du prince Mychtchkine, le ballet Der junge Lord (Le Jeune Lord), l'opéra Der Prinz von Homburg (Le Prince de Hombourg) ou la pièce radiophonique Die Zikaden. Henze mit en musique les poèmes Aria I et Sauf-conduit (Aria II) dans ses études symphoniques Nachtstücke und Arien (1957).

En 1958, la pièce radiophonique Le bon dieu de Manhattan est créée, qui a reçu le War Blind Radio Play Prize en 1959.

Max Frisch lui écrit une lettre enthousiaste et ils se rencontrent pour la première fois à Paris en juillet 1958. Ils emménagent dans un appartement partagé à Uetikon am See près de Zurich et, à partir de 1960, également dans un appartement à Rome.De 1958 à 1962, elle partage la vie de l'écrivain suisse de langue allemande Max Frisch, rencontré à Paris. Ils vivent entre Rome et Zurich.

Le 17 mars 1959, Bachmann prononce le discours de réception du Prix de la pièce radiophonique pour les aveugles de guerre au Parlement fédéral de Bonn avec le titre proverbial La vérité est raisonnable pour l'homme et à l'automne, une conférence d'un semestre sur la poésie à l'Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort-sur-le-Main sur les problèmes de la poésie contemporaine. Des six conférences initialement prévues (de novembre 1959 à février 1960), elle n'en donne que cinq sous le titre « Questions de poésie contemporaine ».

En 1961, elle publie un premier recueil de nouvelles, La trentième année et reçoit le Prix de la critique allemande. Les deux histoires, Un pas vers Gomorrhe et Ondine s'en va, racontées d'un point de vue explicitement féminin, comptent parmi les premières expressions féministes de la littérature allemande d'après-guerre. Cette année-là, elle devient également membre de l'Académie des Arts (Berlin).

Les relations de Bachmann avec Hans Magnus Enzensberger en 1959 et avec Paolo Chiarini au printemps 1962 mettent en péril le couple qu'elle forme avec Max Frisch qui prend fin lorsque Frisch tombe amoureux de Marianne Oellers à l'automne 1962. Frisch et Bachmann se séparent en mars 1963. S'ensuivirent plusieurs séjours à l'hôpital pour Bachmann. Dans des lettres à ses médecins, publiées sous forme de livre en 2017, elle évoque la fin de sa liaison amoureuse avec Frisch.

Elle reçoit en 1964 le prestigieux prix Georg-Büchner pour ses poèmes, et compose pour la réception de celui-ci son texte Berlin, un lieu de hasards. En janvier 1964, elle rencontre à Berlin le journaliste Adolf Opel avec lequel elle part en voyage à Prague puis en Egypte et au Soudan. Leur rupture a lieu trois ans plus tard.

Malina, publié en 1971, est le premier et seul roman achevé par Ingeborg Bachmann et paru de son vivant. Premier tome d'une tétralogie intitulée Todesarten (Genres de mort), qui ne fut jamais menée à bien du fait de la mort subite de l'écrivaine, il est suivi des volumes Le Livre Franza et Le Livre Goldmann publiés à titre posthume sous leur forme fragmentaire.

Ingeborg Bachmann meurt dans un hôpital le 17 octobre 1973, après avoir été retrouvée brûlée dans la chambre de son appartement romain. Sa mort a suscité bien des commentaires et des interrogations, mais il est établi désormais qu'elle s'est endormie une cigarette à la main sans doute après avoir pris une forte dose d'antidépresseurs et de neuroleptiques, dont elle était devenue dépendante.

 

 

Les oeuvres de Ingeborg Bachmann

1953 : Le Temps en sursis (Die gestundete Zeit, 1953), recueil de poèmes
1955 : Les Cigales (Die Zikaden), pièce radiophonique
1956 : Invocation à la Grande Ourse (Anrufung des Großen Bären),recueil de poèmes
1958 : Le Bon Dieu de Manhattan (Der Gute Gott von Manhattan), pièce radiophonique
1961: La trentième année (Das dreißigste Jahr, 1961), 2010, recueil de sept nouvelles organiquement liées entre elles résumées et regroupées dans la dernière, Ondine s’en va, elle-même inspirée du conte romantique Ondine de Friedrich de La Motte-Fouqué
1965: Berlin, un lieu de hasards (Ein Ort für Zufälle), (1987 en français avec des dessins de Günter Grass), texte court
1971 : Malina (1973 en français), roman
1972 : Trois sentiers vers le lac (Simultan), (1982, en français) recueil de nouvelles
1979 : Franza (Der Fall Franza), roman
1979 : Requiem pour Fanny Goldmann (Requiem für Fanny Goldmann, ), roman
1980 Le Passeur (nouvelles)
1980 Leçons de Francfort (Frankfurter Vorlesungen), recueil de cinq textes de conférences
1991 Lettres à Felician (Briefe an Felician, 1945-46).
2009: Œuvres (Thesaurus, Actes Sud)
2010 Journal de guerre, suivi des Lettres de Jack Hamesh à Ingeborg Bachmann (Kriegstagebuch. Mit Briefen von Jack Hamesh an Ingeborg Bachmann), (Actes Sud, 2011. Traduction F. Rétif)
2015 : Ingeborg Bachmann, Paul Celan, (édition de Bertrand Badiou, Hans Höller, Andrea Stoll et Barbara Wiedemann ; traduit de l'allemand par Bertrand Badiou), Le temps du cœur : correspondance, 1948-1967, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La librairie du XXIe siècle », 2011, 426 p. Édition augmentée des Lettres échangées par Paul Celan et Max Frisch, ainsi que des Lettres échangées par Ingeborg Bachmann et Gisèle Celan-Lestrange. Contient un choix de poèmes d'Ingeborg Bachmann et de Paul Celan, respectivement traduits par Françoise Rétif et Bertrand Badiou. Toute personne qui tombe a des ailes, Poèmes 1942-1967. Édition, introduction et traduction par F. Rétif, Paris, Gallimard, 2015.


Malina
(1971)

Vienne, 1970. L'errance d'une femme sans nom, qui à entre trente et quarante ans, brillante et libre poétesse qui cotoie quotidiennement la folie. Bien qu'elle vive entre deux hommes, son mari et son amant Yvan, elle se sent seule. Le premier n'est qu'une partie d'elle même, tandis que l'autre a trop peur de sa folle liberté.

 

1991. Werner Schroeter, Malina. Avec : Isabelle Huppert (la femme), Mathieu Carrière (Malina), Can Togay (Ivan), Fritz Schediwy (le père). 2h05.

 


Ingeborg Bachmann

2023: Margarethe von Trotta : Ingeborg Bachmann Avec : Vicky Krieps (Ingeborg Bachmann), Ronald Zehrfeld (Max Frisch),Tobias Resch (Adolf Opel), Basil Eidenbenz (Hans Werner Henze). 1h51.

A trente ans, la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann est au sommet de sa carrière lorsqu'elle rencontre le célèbre dramaturge Max Frisch. Leur amour est passionné mais des frictions professionnelles et personnelles commencent à perturber l'harmonie.

 

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