L'Italie mise à part qui, par nationalisme économique, s'est préoccupée dès 1927 du soutien étatique à son industrie du cinéma, notre pays a véritablement innové en la matière. Hormis les velléités d'interventionnisme de la troisième république et quelques initiatives de Vichy, c'est après la seconde guerre mondiale que l'architecture du système d'économie administrée du cinéma a été mise en place. Trois lois d'aide se sont succédé en 1948, 1953 et 1959. Les deux premiers textes tentaient de remédier aux inconvénients d'un secteur instable; le décret de 1959 prétend pallier les effets d'une crise affectant structurellement le cinéma, tout en reprenant l'essentiel des dispositions de la législation antérieure.

Chaque fois qu'elle a été instituée, l'aide de l'Etat voulait revêtir un caractère temporaire. Le terme "aide" n'est d'ailleurs pas admis par la profession qui estime que le recyclage d'une partie de ses ressources par le jeu de la taxe additionnelle ne saurait constituer un quelconque secours de la part de l'Etat. Le régime du soutien financier institué en 1959 était limité dans le temps et dégressif dans son volume en raison de l'existence de la CEE (31 décembre 1967). Le système a été régulièrement reconduit et la politique européenne attend encore sa définition. De plus l'aide s'est élargie : presse filmée (1949), expansion à l'étranger (1953), industrie technique (1955), soutien sélectif aux longs métrage (1960), aux courts métrages (1967), à la diffusion (1976), à la création de salles (1982-83).

Le centre National de la Cinématographie est un établissement public à caractère administratif, créé par l'article 1 de la loi du 25 octobre 1946 dite Code de l'Industrie Cinématographique (CIC). Rien de ce qui concerne le cinéma n'est étranger au CNC, mais celui-ci assure surtout la gestion de la loi d'aide au cinéma. Depuis 1984, ses activités s'étendent également au soutien de l'industrie audiovisuelle.

Le pouvoir réglementaire et juridictionnel du directeur général du CNC est important. Ce haut fonctionnaire définit les conditions d'accès à la branche et prononce les admissions, voire les suspensions ou les exclusions. Il fixe le taux des cotisations professionnelles qui alimentent en partie le budget du Centre. Il arrête les règles du partage de la recette. Il agrée les groupements de programmation des salles. De plus le directeur général tranche dans un certain nombre de conflits (problèmes de programmation sur avis du médiateur).

Enfin il engage les dépenses du budget du CNC mais aussi celles du Compte de soutien l'industrie cinématographique.

Cependant, le rôle effectif du directeur du Centre dépend de l'interprétation qu'il donne de ses attributions et du style de relations qu'il établit avec le ministre compétent. Depuis une quinzaine d'années, le ministre de la Culture a récupéré l'essentiel de la fonction politique et a transformé le CNC en instance technique d'application de ses décisions stratégiques.

L'exécution financière de la loi d'aide constitue l'essentiel de la fonction économique remplie par le CNC. la surveillance économique de l'activité cinématographique est assurée par un corps d'inspection. Mais, avant tout, c'est le contrôle des recettes qui constitue un des services les plus précieux rendus par le centre à la profession. Il est fondé sur le principe de la déclaration obligatoire des recettes auprès de l'administration du CNC, sur l'existence d'une billetterie officielle et d'une organisation informatique de comptabilisation et de ventilation des résultats en salles. Ce service constitue le système nerveux central de la gestion du fonds de soutien.

 

Les financements publics

Le CNC soutient le dynamisme des secteurs du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia grâce au fonds de soutien dont il assure la gestion. La politique publique qu’il conduit vise deux finalités principales : assurer une présence forte des oeuvres françaises et européennes sur notre territoire et à l’étranger et contribuer à la diversité et au renouvellement de la création. Les dépenses destinées aux soutiens du CNC en faveur du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia se sont élevées à 783,47 M€ en 2013.

Dans le secteur du cinéma, le CNC apporte des aides automatiques et sélectives à la production, à la distribution et à la diffusion des oeuvres. Il finance également la politique d’éducation à l’image. Il a pour mission la conservation et la valorisation du patrimoine cinématographique. Dans le secteur de l’audiovisuel, l’action du CNC a pour objectif de favoriser, via des aides automatiques et sélectives, la production et la création d’oeuvres audiovisuelles françaises et européennes destinées à être diffusées sur les chaînes de télévision et les nouveaux supports. Le CNC soutient également la création de contenus numériques pour les nouveaux médias et encourage le développement de contenus multi-supports. De façon transversale, le CNC soutient les industries techniques et l’innovation ; il met en oeuvre des aides en faveur de l’édition vidéo et de la vidéo à la demande, contribue à la promotion du cinéma et des programmes audiovisuels à l’étranger, participe aux financements visant à soutenir la production cinématographique et audiovisuelle en région et contribue au fonds de garantie des prêts bancaires mis en oeuvre par l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC). Le CNC soutient enfin de manière spécifique les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel dans la transition numérique. Pour cela, un plan d’investissement pluriannuel a été lancé fin 2010.

LE FONDS DE SOUTIEN DU CNC

En 2013, les soutiens au cinéma, à l’audiovisuel et au multimédia ont été financés par le fonds de soutien, par des crédits issus de la réserve numérique constituée à cet effet lors des exercices précédents et par le produit des remboursements d’avances. Le fonds de soutien est financé par le produit de trois taxes directement affectées au CNC depuis le 1er janvier 2009 : la taxe sur les entrées en salles de cinéma (TSA), la taxe sur les services de télévision (TST) et la taxe sur la vidéo et la vidéo à la demande (VàD).


Recettes du CNC
recettes cnc

En 2013, le CNC a procédé au versement de 150 M€ à l’État au titre du prélèvement exceptionnel sur le fonds de roulement de l’établissement inscrit à l’article 41 de la loi de finances pour 2013. Un nouveau prélévement de 90 M€ sur le fonds de roulement du CNC est prévu à l’article 49 de la loi de finances pour 2014. Sur la période 2011-2012, le CNC avait déjà contribué à hauteur de 70 M€ au redressement des comptes publics. Sur la période 2011-2014, la contribution totale du CNC au redressement des comptes publics s’élève à plus de 310 M€. En 2013, le produit des taxes affectées au fonds de soutien s’est élevé à 688,4 M€ (en baisse de 8 % par rapport à 2012, soit -61 M€). Par rapport à 2011, la baisse observée des recettes du fonds de soutien est de 14,6 % en 2013, soit -117,4 M€. Le recul du produit des taxes constaté en 2013 concerne l’ensemble des taxes assises sur les marchés de la diffusion qui financent le fonds de soutien. En raison de la baisse de la fréquentation enregistrée en 2013, le produit de la TSA recule de 9,6 % par rapport à 2012 (-13,8 M€). Le recul important du produit de la TST par rapport à 2012 (-7,3 %, soit -42 M€) est notamment lié à l’absence d’entrée en vigueur, en 2013, de la réforme de la taxe sur les services de télévision votée en loi de finances 2012. Cette réforme a été autorisée par la Commission européenne le 21 novembre 2013 et est entrée en vigueur le 1er janvier 2014. Enfin, le produit de la taxe vidéo et VàD recule de 16,7 % par rapport à 2012 (-5,1 M€), résultat d’une baisse substantielle du chiffre d’affaires du secteur. Net de frais de gestion, le produit des taxes s’est élevé à 656,2 M€ en 2013. Il faut noter que le montant des frais de gestion s’établit à 32,2 M€, en baisse de 2,8 M€. Le CNC a procédé, en 2012 et en 2013, à deux baisses consécutives de son taux de prélèvement pour frais de gestion. Il a ainsi été ramené de 5,6 % en 2011 à 5,0 % en 2012, puis à 4,6 % en 2013.

cnc soutiens

En 2013, le montant des soutiens s’élève à 783,5 M€. Les générations de soutien automatique représentent 366,9 M€ (+0,3 % par rapport à 2012) et les aides attribuées au titre des soutiens sélectifs (hors plan numérique) à 365,3 M€ (+7,1 M€ par rapport à 2012). Le fonds de soutien finance depuis 2010 des actions auparavant prises en charge par des crédits budgétaires du Ministère de la culture et de la communication : actions de diffusion auprès de certains publics, actions de restauration des films anciens, programmes européens et actions internationales. Il finance également la subvention allouée à la Cinémathèque française depuis 2011 et la subvention allouée à l’ENSMIS (la FEMIS) depuis 2012. En 2013, la mise en oeuvre du plan d’investissement exceptionnel en faveur du numérique s’est poursuivie (51,3 M€), dont 24,6 M€ ont concerné les soutiens à la numérisation des salles et 14,5 M€ la numérisation des oeuvres du patrimoine cinématographique, le solde (12,2 M€) relevant des investissements dans la diffusion et la conservation numérique. Ces dépenses ont été financées grâce à l’utilisation de la réserve numérique constituée par le CNC lors des exercices précédents.

 


1- Les aides au cinéma

Les actions du CNC en faveur de l’industrie cinématographique s’organisent autour de quatre axes principaux : les aides à la création, les aides à la production, les aides à la diffusion des oeuvres à destination du public le plus large et les actions en faveur de la conservation et de la restauration du patrimoine cinématographique.

Le crédit d’impôt en faveur de la production cinématographique

Le crédit d’impôt en matière cinématographique permet à une société de production, sous certaines conditions, de déduire de son imposition 20 % de certaines dépenses de production (dépenses dites éligibles), sous un plafond de 4 M€ par film. Il est subordonné à la délivrance d’un agrément à titre provisoire puis d’un agrément à titre définitif. Ce dernier ne peut cependant être délivré que si l’oeuvre a préalablement donné lieu à la délivrance d’un agrément de production constatant l’octroi définitif du soutien financier du CNC.

Le crédit d’impôt en matière cinématographique permet de maintenir des emplois et d’éviter les délocalisations de tournages et de dépenses de post-production, dans un contexte de forte concurrence internationale. Il permet en outre de dynamiser le secteur de la production cinématographique française sur les segments des PME de production indépendante en rendant possible la réalisation de films plus fragiles et pour lesquels chaque financement est la condition sine qua non de la concrétisation de la production de l’oeuvre.

En 2013, parmi les 209 films d’initiative française ayant reçu un agrément des investissements au titre du soutien financier, 131 ont fait l’objet d’une demande d’agrément provisoire de crédit d’impôt. Le total des dépenses éligibles pour ces 131 films est estimé à 304,7 M€ et engendrerait un coût global du crédit d’impôt cinéma (dépense fiscale) estimé à 60,9 M€. Dès 2013 un mouvement de relocalisation des tournages est observé en France. En 2013, la part des jours de tournage effectués en France s’élevé à 75,5 % après une tendance baissière constatée entre 2009 et 2012 (de 74,5 % en 2009 à 70,0 % en 2012). Cette reprise s’explique par les aménagements apportés au dispositif en loi de finances rectificative pour 2012 destinés à renforcer sa compétitivité face aux dispositifs étrangers (intégration des dépenses de transport, d’hébergement et de restauration, hausse du plafond). L’efficacité du dispositif peut être estimée en calculant, pour chaque euro de crédit d’impôt versé, le montant investi dans la filière et les recettes fiscales associées. Pour 1 € de crédit d’impôt cinématographique versé, 11,3 € de dépenses sont investies dans la filière et près de 4 € de recettes fiscales et sociales induites sont perçues par la puissance publique. Afin de renforcer son efficacité, et notamment à destination des oeuvres les plus fragiles, le crédit d’impôt cinématographique a fait l’objet d’un aménagement dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2013 en portant son taux à 30 % pour les films dont le devis présenté à l’agrément des investissements est inférieur à 4 M€. Cette nouvelle disposition, une fois autorisée par la Commission européenne, prendra effet dès la publication du décret d’application.

Les aides à la création cinématographique
creation
 
Les aides à la production cinématographique
production
 
Les aides à la distribution cinématographique
distribution
 
Les aides spécifiques au court métrage
court métrage
Outre ces dispositifs spécifiques, les films de court métrage peuvent bénéficier d’autres aides décrites dans ce chapitre : aides automatiques et sélectives audiovisuelles pour les films financés par une chaîne de télévision, aides aux nouvelles technologies en production et aides du Fonds Images de la diversité, soutien automatique aux producteurs de films et aide au tournage dans les DOM – Saint-Pierre et Miquelon. Dans le cadre de l’ensemble des dispositifs, le montant global des aides à la production de films de court métrage s’élève à 12,6 M€ en 2013. La production totale (nombre de courts métrages ayant obtenu un visa d’exploitation en salles) est de 550 films en 2013.
 

Le patrimoine cinématographique et les Archives françaises du film

Le CNC est en charge de l’ensemble des actions patrimoniales dans le domaine du cinéma, avec ses missions de collecte, de conservation, de restauration et de valorisation. Le CNC travaille dans ce domaine en étroite collaboration avec les différentes institutions publiques et privées consacrées à la conservation et à la diffusion du patrimoine cinématographique, telles que la Cinémathèque française ou la Cinémathèque de Toulouse.

Le CNC accorde une place essentielle à sa politique patrimoniale avec notamment la conservation et la valorisation de plus de 115 000 films conservés sur ses sites de Bois d’Arcy et de Saint-Cyr-l’Ecole (78). En 2013, le budget de sauvegarde et de restauration des films de patrimoine s’élève à 1,4 M€. Ainsi, 68 films ont-ils été sauvegardés ou restaurés. Par ailleurs, 282 nouveaux films ont été numérisés pour la consultation des collections du CNC sur le site de la Bibliothèque nationale de France (BnF) et dans les locaux du CNC à Bois d’Arcy. 89 films du corpus 1914/1918 ont également été numérisés et mis en ligne sur les sites des Archives françaises du film du CNC et de EFG1914. Les collections s’enrichissent de 5 232 éléments en 2013 dont 708 films déposés au titre du dépôt légal.

Les espaces de consultation ont accueilli 366 chercheurs pour des investigations ponctuelles ou de plus long terme. De nombreux prêts pour des programmations extérieures contribuent également à la valorisation des collections du CNC : 517 films ont été prêtés en 2013 pour diverses manifestations en France, en Europe et dans le monde ainsi que pour la réalisation d’oeuvres composites et l’édition vidéographique. Le CNC a organisé une programmation intitulée 58/68 : retour sur une génération, vers un nouveau cinéma français qui a permis de présenter 43 films au Centre Wallonie Bruxelles, du 9 au 20 décembre 2013. La base de données documentaire des oeuvres mise en place par le CNC et partagée avec trois autres institutions cinématographiques patrimoniales (la Cinémathèque française, la Cinémathèque de Toulouse et la Cinémathèque de Grenoble) a été enrichie de la description de 918 oeuvres en 2013. Depuis 2011, une politique d’acquisition permet de compléter les collections et leur valorisation. Par des cessions de gré à gré avec des ayants droit, le CNC s’est ainsi rendu acquéreur en 2013 du matériel appartenant au studio de Berthold Bartosch (tel qu’il l’avait installé au Vieux Colombier), de la collection du réalisateur polonais Walerian Borowczyk et de la collection de Jean-Pierre Verscheure (constituée de près de 700 pièces), fondamentale pour la compréhension de l’histoire du cinéma sonore de ses origines dans les années vingt à la fin des années 50 (la collection a été mise à disposition à la Cinémathèque française).

2013 a été l’occasion pour le CNC de poursuivre le plan de numérisation et de restauration du patrimoine cinématographique, initié en 2012, afin d’accompagner les détenteurs de catalogue dans la valorisation des oeuvres à travers les nouveaux réseaux de diffusion numérique. 265 films ont été aidés en 2013 pour un montant total de 14 M€. Certains films, comme Une femme douce de Robert Bresson, l’Homme de Rio de Philippe de Broca, Le Joli Mai de Chris Marker ou encore Hiroshima, mon amour d’Alain Resnais ont fait l’objet de ressorties en salles en 2013.

LA COOPÉRATION AVEC LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

La politique conventionnelle territoriale du CNC

La politique conventionnelle du CNC avec les collectivités territoriales vise à faire du secteur du cinéma et de l’audiovisuel un pôle de développement culturel et économique local, à travers la coopération entre les collectivités territoriales et l’État. Elle couvre les domaines de l’aide à la création, à la production et à l’accueil des tournages, les actions d’éducation à l’image et de diffusion culturelle et l’exploitation cinématographique.

Les conventions pluriannuelles de développement cinématographique et audiovisuel conclues avec les Régions et les directions régionales des affaires culturelles (DRAC) constituent un instrument de dialogue, de négociation et de mise en oeuvre des actions conjointes, dans un triple souci : cohérence des actions menées, transparence des dispositifs, traçabilité des financements déployés. Elles donnent lieu chaque année à des conventions d’application financière dans lesquelles sont inscrits les engagements de chacun des partenaires. Des collectivités infra régionales (départements, communautés de communes) peuvent, le cas échéant, être associées à ces conventions, sachant qu’en vertu du Code Général des collectivités territoriales, la Région coordonne les actions de développement économique de l’ensemble des collectivités situées sur son territoire.

Les conventions comprennent trois grandes parties :

Dans le cadre des conventions, les modalités d’intervention du CNC sont les suivantes :

La troisième génération de conventions triennales État / CNC / Régions concerne la période 2011–2013. En 2013, le montant des engagements inscrits dans les 26 conventions conclues s’élève à 113 M€ (soit 0,2 % de plus qu’en 2012), se répartissant comme suit : _ 3,3 M€ pour l’écriture et le développement (3,2 M€ des collectivités et 0,1 M€ du CNC) ; _ 0,7 M€ pour l’aide aux nouveaux médias (0,6 M€ des collectivités et 0,1 M€ du CNC) ; _ 6,7 M€ pour la production de courts métrages (4,5 M€ des collectivités et 2,2 M€ du CNC) ; _ 26,8 M€ pour la production de longs métrages cinématographiques (20,7 M€ des collectivités et 6,2 M€ du CNC) ; _ 22,0 M€ pour la production audiovisuelle (14,9 M€ des collectivités et 7,1 M€ du CNC) ; _ 5,0 M€ pour l’accueil des tournages (5,0 M€ des collectivités et 30 000 € du CNC) ; _ 38,2 M€ pour l’éducation artistique et la diffusion culturelle et la conservation du patrimoine (25,7 M€ des collectivités, 7,8 M€ des DRAC et 4,7 M€ du CNC). _ 10,2 M€ pour l’aide des collectivités territoriales aux salles de cinéma (principalement pour la numérisation des équipements de projection).

Au total, les montants engagés par le CNC dans le cadre des avenants financiers 2013 ont atteint 20,4 M€ (dont 15,7 M€ pour les fonds d’aide à la création et à la production et 4,7 M€ pour les festivals et pour les cinémathèques régionales). Les montants engagés par les collectivités territoriales s’élèvent à 84,8 M€ et ceux engagés par les DRAC à 7,8 M€. En dix ans, les engagements de l’État (CNC + DRAC) sont passés de 10,1 M€ en 2004 à 28,2 M€ en 2013, soit une augmentation de 179 %. Sur la même période, les engagements des collectivités territoriales passent de 35,5 M€ à 84,8 M€, en hausse de 139 %. Tous partenaires confondus, la progression est de 148 % entre 2004 (45,6 M€) et 2013 (113,0 M€).

Fin 2013, le champ conventionnel couvre 40 collectivités territoriales : 25 régions (soit l’intégralité des régions de métropole et 3 d’outre-mer), 13 départements (Aude, Alpes-Maritimes, Charente, Charente-Maritime, Côtes d’Armor, Deux-Sèvres, Dordogne, Finistère, Haute-Savoie, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Seine-Saint-Denis, Vienne), la Communauté urbaine de Strasbourg et la Ville de Paris.

Les actions des directions régionales des affaires culturelles (DRAC)

Afin de rapprocher les interventions publiques de leur mise en oeuvre en régions, le Ministère de la Culture et de la communication et le CNC ont engagé, depuis une dizaine d’années, un important mouvement de déconcentration. Celui-ci s’est traduit par un transfert de compétences et de crédits aux Directions régionales des affaires culturelles (DRAC) et par la constitution d’un réseau de conseillers pour le cinéma et l’audiovisuel. En 2013, les crédits consacrés par les DRAC au cinéma, à l’audiovisuel et au multimédia s’élèvent à 8,4 M€ dont 7,8 M€ sont mis en oeuvre dans le cadre des conventions tripartites État / CNC / Régions. Ils se répartissent ainsi :

Après avoir repris le soutien d’une trentaine de festivals d’intérêt national et international pour un montant de 1,5 M€ en 2008, le CNC a repris en 2012 le financement des cinémathèques régionales (Institut Lumière, Cinémathèque de Toulouse, Bretagne, Grenoble, Trafic Image, Institut Jean Vigo) pour un montant de 1,8 M€.

Les organismes associés à la politique régionale de développement cinématographique et audiovisuel

Dans certains cas, tout ou partie de l’instruction et de la gestion financière des aides régionales ou départementales à la création et à la production est déléguée par la collectivité territoriale à une structure extérieure, que ce soit un établissement public de coopération culturelle comme Centre Images (devenu CICLIC), la Cité de l’image en mouvement d’Annecy (CITIA), une association comme le Centre régional de ressources audiovisuelles du Nord-Pas de Calais (CRRAV, rebaptisé Pictanovo à la suite de la fusion avec le Pôle Image régional), le Pôle Image Haute-Normandie, la Maison de l’Image Basse-Normandie, l’Agence culturelle d’Alsace (ACA) ou l’Office régional culturel de Champagne-Ardenne (ORCCA). En outre, la Commission nationale du film France et les 40 commissions régionales et locales du film assurent auprès des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel une assistance gratuite portant sur différents types de services : renseignements sur les sites de tournage et pré-repérages ; recherche de techniciens, de comédiens et de figurants (possibilité de casting dans la plupart des bureaux d’accueil) ; démarches administratives, aide aux autorisations de tournage ; logistique et informations diverses (location de véhicule, hébergement, etc.) ; mise à disposition de bureaux de production, de documentation ; relations avec la presse et les autorités locales.

LES ACTIONS D’ÉDUCATION AU CINÉMA ET À L’AUDIOVISUEL

Le CNC s’efforce de donner aux enfants et aux adolescents, futurs spectateurs et téléspectateurs, une éducation artistique dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel. Cette politique est menée à travers quatre dispositifs nationaux. Ces dispositifs scolaires touchent, au cours de l’année 2011-2012, 1 410 026 élèves, soit près de 10,5 % des élèves français et génèrent un total de près de 3,78 millions d’entrées en salles. Le dispositif École et cinéma concerne 698 929 écoliers dans 94 départements et génère près de 2 millions d’entrées. Collège au cinéma sensibilise 445 576 collégiens dans 92 départements et génère 1,16 million d’entrées. Lycéens et apprentis au cinéma concerne 265 521 lycéens, soit 628 055 entrées dans 25 régions. Le dispositif Enseignement de spécialité cinéma-audiovisuel du Baccalauréat implique près de 15 000 élèves. En 2013, hors temps scolaire, le dispositif Passeurs d’images concerne 580 sites dans des communes ou communautés de communes, rassemblant près de 2 000 partenaires dont 235 salles de cinéma, pour la mise en place de plus de 2 000 actions touchant plus de 230 000 participants en France. Le CNC apporte également son soutien à la constitution de 14 pôles régionaux d’éducation artistique et de formation au cinéma et à l’audiovisuel. En 2013, le CNC consacre un budget de près de 2,2 M€ à l’éducation au cinéma.

Parallèlement, le CNC mène, avec les Ministères concernés, une action auprès des publics en difficulté d’accès au cinéma (jeunes des quartiers défavorisés, personnes détenues, personnes en situation de handicap etc.) Dans cet esprit, le CNC subventionne l’association Kyrnéa International, dont le dispositif Passeurs d’images favorise l’accès aux pratiques cinématographiques et l’éducation à l’image. En relation avec la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), le Département de l’éducation et du développement artistiques et culturels (DEDAC) et l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé), le dispositif Des cinés, la vie ! permet de faire découvrir le court métrage aux jeunes placés sous main de justice. D’autres associations oeuvrant dans le même sens sont également aidées, telles les Toiles enchantées (diffusion de films aux enfants dans les hôpitaux), Retour d’image (diffusion de films pour personnes handicapées sensorielles), Ciné-ma différence (diffusion de films en salles auprès de personnes souffrant de handicap avec troubles du comportement associés) ou Cultures, Publics et Territoires (centre ressources). En 2013, le CNC a publié le guide Images à voir, images à faire, guide de l’image animée en milieu pénitentiaire.