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Kijû Yoshida partie 1 : une vague nouvelle

coffret Kijû Yoshida chez Carlotta-Films

Coffret 4 DVD, 6 films. DVD1 : Bon à rien / Le sang seché. DVD2 : La fin d'une douce nuit / Evasion du Japon. DVD3 : La source thermale d'Akitsu. DVD 4 : 18 jeunes gens à l'appel de l'orage

Editeur : Carlotta-Films. Avril 2008. Nouveaux masters restaurés. Langue : japonais. Sous-titres : français.

Bonus DVD :

  • Préfaces de Kijû Yoshida, Entretien avec Mariko Okada, Bandes-annonces

Yoshida fait de le rencontre entre le présent et le passé la matière de son cinéma. Ces rencontres peuvent être à distance réduite ainsi ces mots de "loup" et de "bon à rien" jetés à la figure de Toshio et Jun dans Bon à rien et qui résonneront dans leur tête jusqu'au dénouement final.

Mais c'est plus souvent le lien familial qui est tendu par Yoshida entre le présent et le passé. Celui du fils et sa mère dans Histoire écrite sur l'eau ou de mère à fille dans Passion ardente. Le lien amoureux, celui qui se défait dans Passion ardente celui qui subsiste par les retours à Akitsu dans le film éponyme ou qui ne prend pas entre Eiko et le jeune nihiliste de Héros+massacre est aussi toujours l'occasion de se demander ce qui, à un moment, a pu justifier telle attitude ou faire rater la rencontre.

Presque toujours cette remontée vers le passé oppose des hommes représentant un vieux Japon archaïque avec ses valeurs familiales patriarcales usées et des femmes modernes, libres et lucides qui doivent se conformer aux usages anciens. La remontée dans le passé est l'occasion pour eux de mieux comprendre leur situation et peut les aider à se libérer.

Cette action salvatrice du passé, Yoshida la formalise par des flash-back qui ne sont jamais objectifs mais toujours vus par une conscience qui les rêve d'où ces écrans éblouissants de blancheur.

La recherche incessante de la vérité de soi dans ces films où les dialogues ne sont jamais anodins conduit Yoshida à multiplier les angles de prises de vues, à composer chacun de ses plans comme une pensée ou une émotion du personnage. Cette invention toujours renouvelée autour d'une pensée en mouvement le fait échapper au soupçon de formalisme pour en faire un cinéaste à la rage contenue mais violente pour abattre les structures usuelles du pouvoir.

 

Préfaces de Kijû Yoshida

Bon à rien : "Jeunesse et frustration : ces mots, à l’époque, étaient plutôt ressentis comme stupides. C’est ce sentiment que j’ai ici tenté de décrire. Refusant les « mots morts » du cinéma, officiellement agréés sous prétexte qu’ils étaient précisément ceux du cinéma, et quitte à m’écarter de ce que l’on décrivait justement comme « du cinéma », j’ai voulu que mon premier film repose, de bout en bout, sur un vocabulaire qui me soit propre."

Le sang seché : "Prendre à rebours l’humanisme si répandu, en décrire au contraire la supercherie. Le personnage principal, après avoir fait de sa propre mort une marchandise, se retrouve sous les feux des mass media, avant d’être acculé à une mort véritable. Dans la dernière scène, l’immense portrait du personnage s’effondre. Ce document photographique, dans sa fixité, renvoyant au cinéma son propre regard. "

La fin d'une douce nuit : "Le Rouge et le Noir de Stendhal en fournit le motif. Mourir pour sa liberté – ce romanesque qu’aujourd’hui plus personne ne saurait assumer. Je voulais que le film, filant à toute allure, comme si son action pouvait tenir en un dessin, aboutisse non pas à une banale catharsis, mais s’émancipe, justement, de ce récit. "

Evasion du Japon : "À rechercher purement l’action, on saute sans s’en rendre compte dans une dimension imprévue. C’est ce que j’ai appelé « action métaphysique ». Les mouvements violents des corps, le rythme évident l’humain de son intériorité. Tout comme, dans la dernière scène, les Jeux olympiques de 1964 le font du Japon"

La source thermale d'Akitsu : "Une femme demande à un homme quel est le sens de la vie. Il ne trouve rien à lui répondre. La cruauté de leur désaccord, leurs sentiments exacerbés par les ruptures du temps. Si tant est que ce film soit plus qu’un simple mélodrame, l’enthousiasme de sa productrice, Mariko Okada, m’y a largement aidé."

18 jeunes gens à l'appel de l'orage : "Des travailleurs considérés comme des « choses » qui fournissent un travail, pas même comme des ouvriers. L’absurdité de leur présence, et nous qui autorisons cet état de fait. Il m’a semblé opportun de décrire cela sans livrer plus d’explications. Un essai critique adressé au cinéma social de l’époque. "

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