Sorti
en salles en 1986, Welcome in Vienna, dernier volet de la trilogie
Wohin und zurück (Partir et revenir), a marqué son
époque, en attirant près de 200 000 spectateurs et en
collectionnant les récompenses. Retiré du circuit suite
à des difficultés du distributeur, le film devient vite
un objet culte, d'autant que les deux premiers épisodes de la
trilogie ne seront que très tardivement diffusés en France.
Jean Labadie négocie avec la télévision autrichienne
pour la convaincre de vendre les droits de la saga. Les trois films
: Dieu
ne croit plus en nous, Santa
Fe et Welcome
in Vienna sortent en salles en novembre 2011, dans des versions
totalement restaurées, avant cette version en DVD.
Vienne,
10 novembre 1938 : Ferry Tobler, un adolescent juif de 17 ans fuit la
traque des juifs de la Nuit de Cristal. Son père n'a pas eu cette
chance. Il a agonisé après s'être grièvement
blessé en sautant du camion qui l'emportait...
New York
1940 : le Tonka arrive avec à son bord nombre de réfugiés
épuisés. Parmi eux, Ferry Tobler, embarqué à
Marseille après avoir fui l'Autriche, et Freddy Wolff, un jeune
compatriote...
Alsace,
23 décembre 1944. Freddy Wolff et Georges Adler, émigrés
aux Etats-Unis mais d'origine autrichienne et allemande, sont devenus
sergents dans l'armée américaine. Alors que la plupart
des soldats allemands se sont rendus, ils tentent de convaincre des
soldats perdus de se rendre...
Le
scenario est écrit par Georg Stefan Troller et
repose à 80-90 %, selon ses dires, sur des situations autobiographiques.
Il est, comme son héros (Ferry puis Freddy) ni sioniste ni nationaliste.
Il ne croit pas plus en Karl Marx qu'en en Karl May. Ses lectures le
portent vers Schnitzler. C'est un jeune juif ordinaire ni héros
ni lâche.
Corti dresse l'état des lieux des juifs autrichiens aux prises
avec une situation de plus en plus terrible qu'ils affrontent avec courage,
esprit et détermination. Loin d'être une grande fresque
coûteuse, Wohin und Zurück est construit en dehors
des champs de batailles et des mouvements de foule mais autour d'un
groupe de personnages réduits, dont l'intelligence et l'humanité
se révèlent par leur façon d'affronter des situations
kafkaïennes face à des autorités dont la lâcheté
et la stupidité sont liées à un manque d'interrogation
injustifiable même dans une période d'urgence et de panique
de la débâcle. Cette fresque, presque intime nous attache
à des héros forcés à l'héroïsme
pour survivre et dont l'éducation humaine est analysé
en finesse par Corti.
interview du scénariste Georg Stefan
Troller (1h40)
Iinterview du scénariste Georg Stefan Troller mené par Samuel
Blumenfeld et réalisé par Florence Strauss. Georg Stefan Troller revient
longuement sur sa vie, qui inspire selon lui 70 à 80 % de Welcome in
Vienna. Fuyant l'Autriche et le nazisme, il se retrouve dans une France
en proie au chaos, qui ne sait que faire de ces réfugiés germanophones.
Il arrive à émigrer vers les Etats-Unis, pour revenir vers la fin de
la guerre en Europe en tant que soldat américain. Il évoque également
la genèse du projet d'Axel Corti, ainsi que la réception des films en
Autriche, où s'attaquer au passé reste un grand tabou.
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