DVD

Editeur : Carlotta-Films, avril 2009. Version Italienne / Version Française "Officielle" Sous-Titres Français Durée du Film : 112 mn. Interdit aux moins de 16 ans. 20 euros.

Suppléments :

  • Salo, d'hier à aujourd'hui (32 mn) : Un portrait de Pier Paolo Pasolini au travail à travers des images d'archives, des photos de plateau, des interviews du Réalisateur à l'époque et les témoignages de ses proches collaborateurs
  • Enfants de Salo (20 mn) : Entretiens avec 4 cinéastes français marqués et influencés par Salo : Bertrand Bonello, Catherine Breillat, Claire Denis, Gaspard Noé
  • Salo, le dernier film de Pier Paolo Pasolini (10 mn) : Un entretien avec le cinéaste documenté de photos inédites
  • La bande-annonce
  • Un livret de 72 pages comprenant l'intégralité du dossier de presse de l'époque et de nombreuses photos de plateau inédites.

Au temps de la république fasciste de Salò… Dans un grand château italien, les détenteurs du pouvoir s’acharnent sur un groupe de jeune gens soumis à une série de sévices de plus en plus humiliants, de plus en plus cruels, de plus en plus macabres…

Dernier film réalisé par Pier Paolo Pasolini, Salò ou les 120 journées de Sodome est sans aucun doute l’un des films les plus polémiques de l’histoire du cinéma, aux côtés de La Grande bouffe de Marco Ferreri et du Voyeur de Michael Powell. Adapté des écrits du Marquis de Sade, que Pasolini transpose au coeur de la république fasciste proclamée par Mussolini, cette oeuvre choc et sulfureuse pousse à son paroxysme la cruauté humaine dans une mise en scène glacée et sans concession. Un chef-d’oeuvre du cinéma italien, présenté pour la première fois dans sa version intégrale !

Salo, d'hier à aujourd'hui (32 mn)

"Le" portrait de Pier Paolo Pasolini, réalisé par Amaury Voslion pour partie lors des derniers jours de tournage de Salo. Interviews du réalisateur à l'époque, en 1975, et témoignages d'Hélène Surgère et Jean-Claude Biette en 2002.

Par rapport au travail sur le scénario de Sergio Citti, Pasolini revendique la structure dantesque : le scénario divisé en cercles qui permet une lecture verticale de l'œuvre. Le film est né sur une illumination : l'idée de transposer Sade à Salo au printemps 1944.

Pour Pasolini, il est entendu que le sadomasochisme est une catégorie qui fait partie de l'homme. Mais c'est moins cette pulsion qui est l'objet du film que le sexe comme métaphore du rapport entre pouvoir et soumission. Le sadomasochisme de Sade est ici utilisé pour représenter ce que le pouvoir peut faire du corps humain : trafic des corps, réduction du corps à l'état de chose et annulation de la personnalité de l'autre.

C'est un film sur le pouvoir mais aussi sur l'anarchie du pouvoir. Ce que veut le pouvoir est totalement arbitraire ou dicté par des nécessités économiques échappant à la logique. C'est aussi un film sur l'inexistante de l'Histoire, du moins l'histoire telle qu'elle est perçue dans la culture européenne : rationalisme et empirisme occidental d'un coté et marxisme de l'autre. Le film veut démontrer l'inexistence de l'Histoire.

Je considère ça comme une métaphore du rapport au pouvoir à ce qui lui est subordonné. Cela est donc valable pour tous les temps. Bien sur je suis influencé par ma sainte horreur du pouvoir d'aujourd'hui. Il manipule les corps de façon horrible et n'a rien à envier à la manipulation exercée par Himmler ou Hitler. Il les manipule en transformant la conscience, de la pire façon qui soit en instituant de nouvelles valeurs aliénantes et fausses, celles de la société de consommation qui aboutissent à ce que Marx nomme un génocide des cultures vivantes, réelle et précédentes. Il a détruit Rome, les Romains n'existent plus. Le jeune romain est un cadavre. Le cadavre de lui-même, biologiquement vivant dans un état d'impondérabilité entre les anciennes valeurs de sa culture romaine populaire et les valeurs bourgeoises et consuméristes qu'on lui a imposées

Tout ce que je suis en train de dire est inclus dans le film mais je ne sais pas si ce sera assez explicite pour le spectateur, voire pour un critique. Mais il est clair que c'est cette dynamique qui m'a poussé à faire ce film

L'homme a toujours été conformiste. C'est l'un de ses traits principaux. Il se conforme au type de pouvoir qu'il trouve en naissant. C'est aussi une qualité sociale de l'homme. L'homme est peut être de nature narcissique, rebelle. Il aime sa propre identité…C'est la société qui le rend conformiste, lui fait courber l'échine face aux obligations de la société. C'est un fait individuel qui peut avoir des répercussions même dans un certain milieu social mais je ne crois pas que l'homme puisse être libre. Il ne faut jamais espérer. L'espoir a été inventé par les partis pour garder leurs électeurs.

C'est ce que je fais en général au cinéma, porté cependant à l'extrême. Alors que l'usage abusif du champ contrechamp, du premier plan opposé à un autre premier plan, l'absence de personnages en coulisse, absence totale de personnage entrant ou sortant du champ, l'absence de plan-séquence sont des caractéristiques de mes films. Dans ce film tout est porté à la lucidité et à la plus haute absoluité.


Quand je tourne, je ne fais que rassembler du matériel. Je me rends dans un lieu quel qu'il soit que j'ai préalablement choisi. Je rassemble du matériel en fonction de ce qui s'y trouve. Pareil avec les acteurs. Je mets un garçon qui n'a jamais joué devant la caméra et je collecte du matériel pendant un certain temps. Cela implique un long travail de montage pour couper l'inutile et recueillir le moment de vérité qui a pu poindre dans son regard, son sourire quand je filmais. Mais dans ce film il ne s'agit pas de récolter du matériel pour le monter ensuite. Le film est déjà fait et monté lorsque je el tourne. J'ai besoin du professionnalisme des acteurs. Il ya d'ailleurs dans ce film 4 ou 5 acteurs très professionnels. Mais j'utilise des acteurs choisis dans la rue comme de vrais professionnels en exigeant d'eux une véritable performance d'acteur. Ils connaissent leurs répliques, doivent jouer juste du début à la fin… Je fais apprendre le texte aux acteurs. Ils doivent le connaitre parfaitement, même si je laisse une grande place à l'improvisation. Mais en général tout fut mieux organisé que d'habitude

Selon une jeune actrice interviewée à l'époque, les acteurs sont prévenus au dernier moment des scènes à faire. Le tournage est joyeux tant l'intelligence l'humour et la patience de Pasolini sont grands.

Hélène Surgère, interrogée en 2002 rappelle aussi le tournage juvénile et joyeux dans la grande salle des orgies avec des jeunes de 14 à 18 ans, toujours prêts à une mauvaise blague, interrompant le tournage souvent complexe puisque nécessitant une quarantaine d'acteurs et quatre caméras. Le son est post synchronisé et beaucoup de prises sont faites d'une même séquence. Le film se fait donc au montage.

Le film dérange beaucoup de monde. Tournage protégé par la police. Vol de pellicule. Pasolini est assassiné en novembre au moment où devait commencer la post synchronisation en français qui sera dirigée par Biette. Apres le vendredi de son agression, il est mort dans la nuit de samedi dimanche aloras que les sous-titrages sont prêts. Obligé de faire une version italienne en Italie qui finance.

La résurgence des mouvements neo-fascistes en Italie en 1975 comme la présence de Le Pen au second tour de l'élection présidentielle en France confirment l'inquiétude de Pasolini sur l'évolution de la société tout comme sa sainte horreur de la société de consommation qui abuse aujourd'hui de son pouvoir. Après l'assassinat de Pasolini, le film est interdit en Italie. Hélène Surgère rappelle aussi la censure de l'époque. Interdit en Italie le film est projeté au festival de Paris. Il est alors accompagné d'une vingtaine de cinéastes italiens venus parler de Pasolini, de son assassinat et de la censure. L'organisation du festival leur interdit de prendre la parole.

Jean-Claude Biette qui fut l'assistant de Pasolini a préparé avec lui la version française et l'a supervisé après l'assassinat de Pasolini. Pour Pasolini, hors l'Italie, le film devait parler français puisqu'il est adapté d'un texte de Sade. La version officielle et légitime pour l'étranger est donc la version française.


Enfants de Salo (20 mn)

Entretiens avec 4 cinéastes français marqués et influencés par Salo : Bertrand Bonello, Catherine Breillat, Claire Denis, Gaspard Noé

 


 

 
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Salo ou les 120 jours de Sodome de Pier Paolo Pasolini