Un film documentaire de Emilio Pacull (France, 2004, 1h30)

Supplément : Let there be light (Que la lumière soit), un film documentaire de John Huston (Etats-Unis - 1946 - 58 min)

 

La plus grosse industrie cinématographique du monde d’un côté et la plus grande puissance militaire de tous les temps de l’autre. Le cinéma américain entretient depuis toujours un rapport complexe avec l’armée américaine.

Deux gros défauts pour ce DVD. Le commentaire d'origine en américain est couvert par la voix française comme trop souvent dans les documentaires diffusés sur Arte. On voit bien l'avantage économique de cette solution : éviter l'édition de sous-titres ou les frais d'une vraie copie en français.

Mais l'enchevêtrement des voix contribue à rendre le propos artificiel. C'est d'autant plus le cas que, alors que le sujet est plutôt bien traité, il est vendu comme une révélation courageuse qui brave la censure. Certes Emillio Pacull nous dévoile le volumineux dossier de correspondance entre le Pentagone et les producteurs qu'il a réussit à constituer. Il n'en tire toutefois aucune révélation allant au-delà du bon sens.

Il aurait ainsi donc mieux valu, à notre avis, se contenter d'énoncer les faits bruts sans chercher à dramatiser le propos. Le documentaire présente en effet un argumentaire solide pour qui s'intéresse aux films de guerre.

En rapprochant films publicitaires pour le recrutement de l'armée et bande-annonce de films comme Top Gun ou Pearl Harbor, Emilio Pacull montre bien que, jouant sur la fascination technologique des adolescents, ces films sont de la propagande à peine déguisée pour le recrutement auprès de l'armée américaine.

Ainsi, après une période classique où la propagande militaire avait surtout pour but de rassurer les Américains sur la vaillance des soldats qui leur assuraient la sécurité, une seconde phase s'est ouverte. L'armé cherche désormais à cacher le sang et la boue des conflits armés au profit d'élégantes batailles aériennes et technologiques qui incitent les jeunes à s'engager.

La troisième phase pourrait être de tabler sur l'engouement des jeunes pour les jeux vidéos et de leur promettre de disposer au sein de l'armée d'un matériel de pointe permettant de faire la guerre comme dans un simulateur. Le pentagone se désengagerait encore plus des films de guerre pour réaliser ses propres films et ne soutiendrait que des films générant la création de jeux électroniques guerriers, encore plus rentables et hypnotiques.

 

Let there be light (Que la lumière soit), un film de John Huston

Mêmes reproches pour le bonus du DVD avec intervention d'une voix française et une inutile présentation du film comme "censuré pendant 35 ans aux Etats-Unis". C'est au contraire une ahurissante apologie des services psychiatriques de l'armée, capables, en direct et moins de dix minutes, de guérir d'une paralysie et d'une amnésie par l'injection de médicament suivie d'hypnose.

John Huston ne fait aucunement preuve d'esprit critique. L'explication de l'armée pour ne pas diffuser immédiatement le flm car il porterait atteinte à l'image des malades est bien plus convaincante.

Le film a été présenté à Cannes en 1981 dans la sélection "Un certain regard".

 

 

 
présentent
 
Hollywood Pentagone de Emilio Pacull