Elio Petri introduit dans le film politique la même névrose qui saisit alors les policiers du film noir. Dans L'inspecteur Harry (Don Siegel, 1971), French connection (William Friedkin, 1971), Les flics ne dorment pas la nuit (Richard Fleischer, 1972), The offence (Sidney Lumet, 1973) et Serpico (Sidney Lumet, 1973) les policiers sont contaminés par le mal auquel il sont confrontés dans l'exercice de leur métier.

Il Dottore est un enfant apeuré par le monde moderne qui se réfugie chez Augusta qui exprime le même refus de la modernité dans un style "à la d'Annunzio", décadent, trouble, morbide trouvant dans cet art proche de celui des préraphaélites un refuge auprès de symboles intemporels.

Entre les délits de droit commun et les délits politique la différence s'amenuise : tout criminel est un agitateur en puissance tout agitateur est un criminel en puissance. Même objectif destruction de l'ordre établi, 600 prostituées et 20 % de grèves en plus. Si chaque citoyen est un juge plus de fonctions sacrées telle celle de la police. Nous sommes les protecteurs de la loi que nous voulons, immuable, sculptée dans l'éternité. Le peuple est mineur, la ville est malade, la répression est notre vaccin. La répression est la civilisation.

Regard croisé sur le film entre Paola, la femme d'Elio Petri et Marina Cigogna, la productrice du film.

On commence par un assassinat mais le sujet n'est pas de savoir s'il sera pris mais celui du défi de ce policier. La Productrice, Marina Cigogna, proposa à Petri de définir le personnage féminin autrement que comme une bourgeoise romaine. Le 1 rue du temple est une adresse près de la synagogue du ghetto où habita Petri. Gian Maria Volonté ne peut refuser le film, ayant déchiré un contrat pour un film bourgeois qu'il refusait de faire. Après le désistement de Mastrionani, pris par un film de Fellini, il accepte toutefois avec enthousiasme, le projet politique du film lui plaisant.

Elio Petri enregistre au moment même où commence, et avant même que le mot existe, ce que l'on appellera par la suite la stratégie de la tension. Il venait de terminer le film quand les bombes de la piazza Fontana ont éclaté, le 12 décembre 1969, faisant 16 morts et 88 blessés à Milan. C'est l'attentat le plus grave commis depuis la fin de la guerre. Ce n'était pas le premier attentat. Huit bombes, sur différents trains, dans différentes régions d'Italie, avaient explosé durant le mois d'août. Les responsables de cet attentat n'ont toujours pas été trouvés. Les anarchistes sont accusés d'avoir mis les bombes mais leur stratégié était plutot celle de petits attentats avec des bombes destinées à ne pas faire de victimes. leur but était de semer la panique et non la terreur.

1969, c'est l'année de l'automne chaud, grandes grèves et luttes ouvrières. ce sont des luttes et grèves ouvrières plus importantes qu'en 1968. Film prophétique avec une projection privée qui fait partie de la légende du film. Des mais dont Zavattini et Scola sont invités et l'on conseille à Petri de se cacher pour la sortie du film. Petri serait parti en France et tous les cas, il n'est pas à Rome. Des officiers de police rédigent une lettre de saisie demandant au magistrat de saisir le film.

Le fascisme des fonctionnaires qui est montré repose aussi sur le fait qu'il viennent du sud de l'Italie, seule manière de sortir de la misère. En Italie on est fasciste ou antifasciste, tous marqués par le fascisme. La posture du chef de cabinet, les mains sur les hanches est la plus explicite.

Petri goût de l'art moderne dans le design de l'appartement brechtien distanciation avec la modernité de l'appartement du personnage. Celui-ci a constamment besoin d'exercer son pouvoir sous les formes les plus théâtrales par ce que c'est la logique du pouvoir. Il est lucide. Il sait ce qui lui arrive. Il est un policier et il veut être arrêté. Brecht disait qu'il ne faut pas tout expliquer, il faut que l'imagination du spectateur travaille.

Extrême gauche ne pardonne pas le grand succès commercial du film. Le film la montre sectaire et partagée en plusieurs groupuscules. Elle reproche enfin à Petri d'être un communiste traditionnel sans voir son côté libertaire

Petri apparaît dans le film comme un effet de signature. Beaucoup de zooms, lumière très forte, musique appuyée.

Déroulé de la carrière d'Elio Pétri de son premier à son dernier film, assez conventionnel, avec quelques extraits.