Portrait d’une femme vendue par l’homme qu’elle aime, Bubu de Montparnasse est une oeuvre à la fois rude et délicate. En transposant le roman de Charles-Louis Philippe en Italie, Mauro Bolognini n’en demeure pas moins fidèle à la reconstitution du quotidien des prostituées de 1900, tiraillées entre leurs proxénètes et la peur de la maladie. À travers les sublimes couleurs d’Ennio Guarnieri et les costumes de Piero Tosi, le film est un hommage non déguisé aux peintres impressionnistes. Le destin tragique de Berthe, incarnée par la bouleversante et radieuse Ottavia Piccolo , place Bubu de Montparnasse parmi les grands drames italiens sur la condition féminine

Le film s'inscrit dans le prolongement des films en costumes et décors naturels réalisés par Bolognini au début des années 60 notamment avec La viaccia (1961). Bubu (1971) se situe au tournant du vingtième siècle. Il est adapté du roman de Charles Louis Philippe publié en 1901. Bolognini renonce à tourner à Paris. Même si le fleuve fait penser à La Marne, c'est la création d'une ville imaginaire entre Turin et Milan que s'ingénie à reconstituer Bolognini. Au bord d'un canal, c'est Milan, sous les arcades c'est Turin. La monnaie est le franc mais les affiches publicitaires qui marquent le temps sont toutes en italien.

Bolognini est un cinéaste homosexuel qui accorde la plus grande importance aux femmes, à leurs revendications en matière d'autonomie et d'identité. Berthe, à vingt an,s est condamnée à la prostitution et aussi à la maladie. C'est une jeune femme qui espère s'en sortir et qui n'y arrivera pas.

Un entretien exclusif dans lequel le grand costumier du cinéma Piero Tosi évoque la figure de son ami Mauro Bolognini, dont il signa les costumes de neuf longs-métrages et de plusieurs courts-métrages.