Editeur : Wild Side Video, juin 2009. 2h03 minutes | Master restauré - 2.35, 16/9e comp. 4/3 Langues : Anglais Mono | Sous-titres : Français.

Supplément :

  • Présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (13’)

 

1973. John Wintergreen, membre d’une patrouille de police de l’Arizona, arpente les routes du désert sur sa moto rutilante. Mais son rêve est ailleurs : devenir détective, tomber l’uniforme du motard pour les Stetson et le casque blanc pour le cigare. Le meurtre d’un vieillard va lui offrir cette chance. …

Road movie immobile et contemplatif, western moderne partout hanté par le fantôme de John Ford, Electra Glide in Blue fut tourné à Monument Valley et en Cinémascope. Avec ses paysages sublimes, son atmosphère mélancolique, ce film, à la fois culte et injustement méconnu, prend le contre pied de Easy Rider (ici, les flics tirent même sur son affiche !) et explore les états d’âme d’une classe moyenne déboussolée, coincée entre l’essoufflement de la contre-culture et la corruption des valeurs conservatrices.

Producteur de musique, compositeur et ancien manager du groupe Chicago (dont les membres font une courte apparition sous les traits de bikers hippies), Guercio, alors âgé de 27 ans, signe son premier et unique film. Révélé dans De sang froid de Richard Brooks (1963), popularisé par la série Baretta dans lequel il interprétait le rôle d’un flic hors normes, Robert Blake réapparût à la fin des années 1990 sous les traits cadavériques de L’Homme mystère dans Lost Highway de David Lynch. Ici, il incarne un anti-héros typique du cinéma américain des années 1970, fort d’un idéal professionnel et moral que le film va méthodiquement détruire. La scène finale, aussi abrupte qu’éblouissante, compte sans doute parmi les plus belles séquences de l’histoire du cinéma.

Enfin, la bande originale du film, composée par James Willliam Guercio lui-même, est une merveille.

Présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (13’)

James William Guercio est surtout connu comme manager du groupe Chicago. Lorsque U.A. lui propose de réaliser un petit film pour moins d'un million de dollars, il accepte immédiatement. Son grand-père et son père, projectionnistes tous les deux, lui ont transmis le goût du cinéma.

Le film est un hommage à La prisonnière du désert, à L'homme tranquille, à La chevauchée fantastique et parfois à La charge héroïque. La photographie, les ciels bleus et azurés, les couleurs chaudes proviennent de La prisonnière du désert. Ces images propres et travaillées sont très loins de celles habituelles de la contre-culture. Il marque, en 1973, l'essoufflement de la promesse contre-culturelle et révolutionnaire.

L'équipe s'était installé en Arizona près de Phoenix et part d'un fait divers local dans lequel un motard s'est fait tuer. Guercio fabrique un personnage qui n'a vécu qu'à coup d'icônes, fasciné par la mythologie hollywoodienne dont il détaille les attributs : casque, chemise, ceinturon et drapeau américain chez lui.

C'est un héros qui s'accroche à un rêve (le détective fort et puissant filmé en contre-plongée) et qui s'aperçoit que ce n'est que du vent : la police exemplaire est corrompue. Lui, irréprochable, intègre et naïf respecte la loi, les codes. A force de singularité, il devient étrange et inquiétant.

Il occupe une place impossible et il finira tué par des hippies qui se sentent menacés, non pas par l'homme intègre qu'il est, mais par l'image du policier. On essaie de sortir de son image, mais on est rattrapé par elle.

 

 

 
présente
 
Electra Glide In Blue de James William Guercio