coffret cinq DVD et cinq films. DVD 1 : Hôtel Monterey. DVD 2 et 3 : Jeanne Dielman . DVD 4 et à 5 : Je tu il elle ; News from home ; Les rendez-vous d'Anna. Et Jeanne Dielman, édition Collector 2DVD
5 films cultes réalisés par Chantal Akerman. Expérimentaux et underground, dans la lignée des oeuvres de Paul Morrissey, Andy Warhol, Jonas Mekas et Michael Snow. Hotel Monterey, Je tu il elle, Jeanne Dielman, News from Home et Les Rendez-vous d’Anna : 5 incarnations du cinéma de Chantal Akerman réunies dans une anthologie des années 70.
Suppléments hors ceux du DVD collector:
Jeanne Dielman mais aussi Hôtel Monterey
; Je tu il elle ; Neww from home ;Les rendez-vous d'Anna
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Suppléments du DVD Collector :
Chantal Akerman par Chantal Akerman (0h17)
Entretien avec Chantal Akerman (1996). Un entretien personnel et émouvant de Chantal Akerman sous forme d’autoportrait issu du film Chantal Akerman par Chantal Akerman dans la collection Cinéma, de notre temps. Difficile de parler de soi, ou plutot de son cinéma, de ce qui motive son désir ; trouver une forme qui ne soit pas une banale déclaration d'intention, sincère seulement.
Autour de Jeanne Dielman (1h18)
Un documentaire inédit (1975-2004) sur le tournage de Jeanne Dielman monté par Chantal Akerman et Agnès Ravez et filmé tout au long du tournage par Sami Frey. Des répétitions aux rapports entre Delphine Seyrig, Chantal Akerman et l’équipe, presque exclusivement féminine.
J'étais très jeune, j'avais 21 ans, et je ne savais pas bien ce que je voulais faire. La littérature m'intéressait a priori davantage que le cinéma, qui n'était pour moi qu'un endroit de divertissement pour aller flirter. Jusqu'au jour où j'ai découvert Pierrot le Fou, de Jean-Luc Godard, qui m'a fait comprendre que le cinéma, ça pouvait être ça aussi, cette poésie, cette liberté. Le choix des Etats-Unis, c'était un désir personnel, un rêve de l'Eldorado.
Ce voyage n'impliquait donc pas un projet de film précis ?
Non. C'est là-bas, en rencontrant Babette Mangold qui est devenue mon opératrice, que j'ai découvert le cinéma expérimental. J'ai fait connaissance d'un groupe d'artistes qui comprenait Jonas Mekas, Michael Snow et beaucoup d'autres. J'ai compris qu'on pouvait faire un film sans nécessairement raconter une histoire.
J'ai senti que c'était vraiment là que ça se passait. L'Hôtel Monterey était un établissement pour les nécessiteux où j'ai habité lors de mon séjour new-yorkais, et j'ai tourné le film en utilisant ce que j'avais subtilisé, soit le prix d'un billet sur deux, dans un cinéma où j'étais caissière.
Comment ont été produits les films suivants, lors de votre retour en Europe ?
Je, tu, il, elle s'est tourné grâce à un lot de pellicules usagées que j'ai piquées dans un laboratoire parisien. La première vraie incursion dans le circuit classique, c'est Jeanne Dielman, qui a été aidé par le ministère de la culture en Belgique. Puis News From Home s'est fait grâce à la télévision allemande ZDF et à l'Institut national de l'audiovisuel en France. Quant aux Rendez-vous d'Anna, il a bénéficié de l'aide du producteur Daniel Toscan du Plantier et de l'avance sur recettes en France.
Jeanne Dielman, qui est une sorte de contemplation en temps réel de plus de trois heures d'une ménagère au travail, est aussi le film qui vous rend célèbre.
C'était mon film le plus narratif, j'en avais presque honte en le présentant à Delphine Seyrig, qui tenait le rôle. Mais ça a été une vraie reconnaissance à la fois publique et critique. Le film a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, a fait le tour du monde, et a eu 25 000 entrées sur Paris. je pense qu'aujourd'hui il n'en ferait pas 3 000.
Vous n'auriez plus la liberté de faire ce type de cinéma ?
Je ne dirais pas ça. Il est toujours possible de faire des choses, et plus encore avec les technologies actuelles.
Que pensez-vous de la crise que connaît le cinéma d'auteur ?
Il est déplorable d'en être arrivé à ce degré d'absurdité qui fait qu'un film qui marche est malgré tout évacué des écrans. Cela dit, je pense que les artistes doivent faire avec ce qu'ils ont - c'est toujours comme ça que j'ai fait. Personne n'oblige les auteurs à faire des films au budget moyen, puisque le problème est là. Ils n'ont qu'à faire des petits ou des gros films. Ou bien aller chercher de l'argent ailleurs : je prépare une sorte de thriller qui sera tourné en Chine, en Mongolie et en France avec des capitaux internationaux.
La crise n'est-elle pas aussi liée au regard moins curieux que notre société porte sur ses marges par rapport aux années 1970 ?
C'est certain qu'il y avait à l'époque une plus grande tolérance et même un vrai respect à l'égard de l'expérimentation, de la différence. Même si je ne partageais pas tout de l'époque et surtout pas ses idéologies monstrueuses, au moins les choses vivaient, les gens étaient portés par une espérance. Aujourd'hui, quand on voit un pays dont les jeunes générations défilent dans la rue pour devenir employés, on a l'impression qu'il n'y a plus grand-chose à attendre. Ce sentiment, je l'éprouve à nouveau en regardant le débat sur la présidentielle française. Je suis tout à coup contente d'être belge, parce que je ne saurais vraiment pas pour qui voter.