Editeur : Montparnasse, août 2011. Coffret 2 DVD, 5h20. DVD1 : Naissance d’un hôpital (1991, 1h05), La vraie vie (dans les bureaux) (1993, 1h17), DVD2 : Le concerto de Mozart (1997, 1h25), L’affaire Sofri (2001, 1h05)

Supplément :

  • Filmer aujourd’hui. (2010, 0h27)– Echange de points de vue avec Patrick Leboutte et Jean-Pierre Daniel sur le cinéma à l'heure d'Internet de des petites caméras.

Les quatre films réalisés entre 1991 à 2001, présentent des hommes et des femmes réels tous "porteurs de fiction" : un architecte, Pierre Riboulet dont nous suivons le cheminement de la conception de l’hôpital pour enfants Robert Debré à Paris dans Naissance d’un hôpital ; un musicien, Michel Portal dans Le Concerto de Mozart ; un historien, Carlo Ginzburg dans L’affaire Sofri qui revient sur un des scandales de la justice italienne ; les gens enfin, dans La vraie vie (dans les bureaux), où Jean-Louis Comolli filme les employées d’une caisse de la Sécurité sociale, celles du bas de l’échelle.

 

Début mai 1980, Pierre Riboulet reçoit l'enveloppe des Hopitaux de Paris pour le concours d'architecture du futur hôpital Robert Debré. Il est l'un des six architectes, n'ayant jamais construits d'hôpitaux, sélectionnés afin de trouver des solutions nouvelles. Il dispose d'un délai de cinq mois, jusqu'au début novembre 1980, pour élaborer son projet. Le programme, immense, devra comporter 500 lits de pédiatrie, un service de chirurgie infantile, une maternité. L'ensemble sera constuit sur un terrain de 7000 m2 dont les deux principales caractéristique sont d'être en forte pente et en bordure du périphérique bruyant....

’action se passe à la Caisse d’Assurance maladie de l’Ile-de-France, la CRAMIF ; d’octobre à décembre 1992, Jean-Louis Comolli a tourné dans les services "Invalidité" et "Tarifications accidents du travail", ainsi qu’au courrier, au pool dactylo et aux archives. Cette "vraie vie" n’est rien d’autre que la vie réelle, bien réelle, huit heures par jour dans les bureaux de celles qu’on a appelées les "O. S. du tertiaire". Femmes d’abord, embauchées jeunes, sans avoir pour la majorité d’entre elles changé de case, sans autre espoir que l’illusion de l’espoir, sans autre perspective pour les plus agiles que d’aménager un peu, si peu, le temps et l’espace de leur travail.

 

Le Concerto de Mozart (1997, 1h25)

Dans un château du XVIIIe siècle, sept jeunes musiciens s’enferment pendant quinze jours pour penser et préparer, sous la houlette de Michel Portal, clarinette principale, une nouvelle interprétation du Concerto de Mozart.

 

L’Affaire Sofri (2001, 1h05)

Sur les écrans de la table de montage, les journaux télévisés de l'époque montrent les attentats terroristes sanglants de 1969 de la Piazza Fontana à Milan. Le commissaire Calabresi interroge des suspects, l'un d'eux "tombe de la fenêtre" du commissariat. Calabresi devient la tête de turc de l'opposition de gauche. Il est assassiné par trois hommes le 17 mai 1972. En 1988, un repenti, Leonardo Marino, accuse Sofri, son ancien patron du journal Lotta continua d'être le commanditaire du meurtre de Calabresi, auquel il a participé avec deux amis de Sofri : Giorgio Pietrostefani et Ovidio Bompressi. En 1990, ils sont condamnés à 22 ans de prison.

 


Filmer aujourd’hui (2010, 0h27)

Si tout le monde filme, on ne peut plus congédier la réalité pour la penser. Si, avec les petites camera, le cinéma est partout, il n'y a plus de spectateurs.

Filmer c'est ce préparer au "tout peut arriver" ou à "de l'altérité que je n'ai pas encore contrôlée, nommée". Le cinéma permet de penser au travers de l'altérité et n'a pas pour but de produire des films qui deviennent des bouts de réalité.

Le cinéma c'est un corps filmant et cadre filmant. Le cinéma est toujours cadré alors que le spectacle ne l'est pas, le champ visuel des yeux est plus large, presque illimité. On se rapproche du spectacle avec le téléphone portable où le cadre est peu présent au tournage.

Curieusement, Comolli accorderait le statut de co-auteur aux filmés des documentaires qui portent, dit-il, une grande partie de la création. Le cinéaste serait juste un incitateur, un facilitateur.

Avec le web-ocumentaire, le spectateur peut choisir, faire différemment (choisir son début, la fin, revenir en arrière, arrêter comme avec un livre). C'est une nouvelle liberté et responsabilité mais le spectateur n'est plus perdu. Ce n'est qu'une maitrise limité, un artefact : je peux arrêter mais ça ne change rien. Il lui faudrait non seulement zapper de chaine en chaine mais zapper la direction de TF1.

Quand le spectateur va dans un cinéma, c'est qu'il est prêt à entrer dans la mise en scène. Le spectateur et le cinéaste s'accordent. La différence, c'est que le spectateur accepte de différer le passage à l'acte lors de la vision du film (il est passif) alors que, pour réaliser le film, le cinéaste est passé à l'acte.

 

 
présentent
 
Le cinéma de Jean-Louis Comolli