Editeur : Carlotta-Films, Février 2010. Nouveau master restauré, version originale, sous-titres français. 20€

Suppléments :

  • La préface de Jean A. Gili (7 mn)
  • Pietro Germi, Le bon,le beau, le méchant, un documentaire de Claudio Bondi.

Toni Gasparini confie à son ami et docteur, le professeur Castellani, ses ennuis intimes. Celui-ci estime que le meilleur remède est de conduire son ami à une "party". Pour ce faire, il n'hésite même pas à le jeter dans les bras de sa femme Noemi. Mais voici que le plus grand colporteur de ragots de Trévise, Scarabello, apprend à Castellani qu'en réalité l'infirmité prétendue de Gasparini n'est pour lui qu'un alibi opportun...

Distribution impeccable et ironie caustique digne de Billy Wilder pour cette comédie qui se distribue en trois épisodes successifs avec les mêmes personnages. Le docteur Senti Castellan et l'avocat Toni Gasparini sont les personnages clés du premier épisode. Osvaldo Bisigato, très effacé dans cet épisode initial devient le personnage principal de l'épisode central. Divisé en deux temps (naissance de l'amour jusqu'à la fuite et reprise en main de la société) l'épisode central qui voit l'apparition de la délicieuse Virna Lisi est suivi par un épilogue qui ridiculise collectivement l'hypocrisie et la bigoterie d'une poignée d'habitants de la région vénitienne.

Le film met donc en scène les six mâles bourgeois d'une ville de vénitie : Giacinto Castellan, le médecin, Toni Gasparini, l'avocat, Scodeller le fils de l'industriels, Casellato, l'architecte qui essai de vendre une villa à Scodeller, Benedetti, Le vendeur de chaussures et Zaccaria le pharmacien. A ces hommes désabusés ont peut ajouter Scarabello l'emmerdeur, Tosato, journaliste qui enlève un à un les noms des bourgeois compromis dans le procès, le juge Scarfiotti et le carabinier Mancuso ("Pour l'homme en caleçon la loi est implacable").

Les femmes, et c'est tant mieux pour le jeu de massacre, ne valent guère mieux : Noemie, la femme du médecin est une ravissante idiote (C'est anonyme, je sais mais je voudrais savoir qui l'envoie). C'est néanmoins elle qui s'en tire la mieux en réussissant à faire de Gasparini son amant -son mari préfère les laisser seuls plutôt que de dévoiler à tous qu'il a risqué d'être cocu. Betty la femme de l'architecte est alcoolique et en veut à Giorgietta de lui avoir soufflé son amant, Zaccaria le pharmacien. Ippolita Gasparini, en tenant l'église, tient la ville alors que Gilda Bisigato est une effroyable harpie.

 

Pietro Germi, Le bon,le beau, le méchant de Claudio Bondi (2009, 1h00)

Germi est raconté par ses scénaristes (Lucinao Vincenzoni, Furio Scarpelli), techniciens, ses acteurs (Lando Buzzanca), actrices (Claudia Cardinale, Stefania Sandrelli, Virna Lisi). Il est analysé par des historiens (Mario Sesti et Adriano Aprà), ou d'autres cinéastes (Carlo Lizzani, Pupi Avati).

Il se dégage de ces portraits croisés, l'image d'un artisan-technicien du cinéma compétent et autoritaire. Débutant juste après la guerre, il ne rejoint pourtant pas le néoréalisme. Il est influencé par les grands genres du cinéma américain. Au nom de la loi, situé en Sicile, comme quatre autres de ses films, ressemble à un western italien où les problèmes idéologiques, entre un mafieux et un juge, se résolvent par l'action. Le chemin de l'espérance, dont la scène d'ouverture est marquée par l'influence d'Eisenstein, est une sorte de road movie au travers de l'Italie. Le disque rouge met en scène, un héros faible et humain, écartelé entre la beauté de la solitude et sa terreur. Germi y joue pour la première fois le rôle principal de son film et inaugure ainsi la longue tradition des cinéastes-acteurs italiens que l'on retrouvera ensuite dans le cinéma d'auteur. Il n'ose pourtant pas dépasser le cadre conventionnel de l'analyse psychologique, fut-elle ici remarquablement émouvante. Pareillement Meurtre à l'italienne est-il est un classique et efficace film noir.

Pietro Germi finit pourtant par trouver dans la comédie italienne de quoi peindre au vitriol les habitudes sexuelles dans un pays toujours très influencé par la morale religieuse. Divorce à l'italienne (1961), Séduite et abandonnée (1964), Ces messieurs dames (1966) sont ses meilleurs films.

 
présente
 
Ces messieurs dames de Pietro Germi