Editeur : Carlotta-Films. Juin 2017. DVD et Blu-ray 20,06 €
Après avoir frôlé la mort huit fois au cours de sa vie malchanceuse, Louis Drax tombe d’une falaise lors de son neuvième anniversaire. La police enquête sur les circonstances de son accident presque mortel et tente de vérifier l’alibi de son père violent, Peter. Le Dr Allan Pascal, un neurologiste réputé, use de méthodes peu orthodoxes en tentant d’accéder au subconscient de Louis pour découvrir les raisons qui ont mené à son état. Mais tandis qu’il s’enfonce progressivement dans le mystère qui entoure l’habilité de Louis à échapper à la mort, le docteur tombe amoureux de la mère du garçon, Natalie.
Suppléments :
Avec La neuvième vie de Louis Drax, Alexandre Aja abandonne le registre du gore qui avait marqué ses dernières productions (Horns et Piranah 3D). Entremêlant l'horreur, le policier et le fantastique, le film explore différents genres qui se confrontent et s'opposent avec, au centre des préoccupations des adultes et de leurs investigations, Louis Drax. L'occasion pour Aja de développer le thème bien connu de l'imaginaire lié à l'enfance. Le monde de Louis est présenté parallèlement à celui des adultes, à l'ombre de la conscience avec, en son centre, la figure du monstre précepteur. Celui-ci était déjà présent dans E.T. (Spielberg, 1982), Le labyrinthe de Pan (Guillermo del Toro, 2006) ou Quelques minutes après minuit (J. A. Bayona, 2016). Allégorie du traumatisme, le monstre est invoqué pour servir de guide dans l'univers que se créé le garçon suite à l'accident.
Circuits et connexions multiples
La volonté formelle d'organiser l'espace diégétique sur différentes temporalités définit la première spécificité du film. Il y a d'abord le temps présent du récit, celui dans lequel se déroule l'enquête sur l'accident de Louis, puis le temps révolu, invoqué par les flashes-black témoignant des différentes réminiscences des personnages, et enfin, l'espace imaginaire de l'enfant.
La mise en scène travaille les jonctions et intrusions entre les différentes sphères qui se retrouvent contaminées par des éléments inattendus et irrationnels. Ainsi, alors que le docteur Pascal et Natalie Drax se retrouvent hors de l'hôpital dans un moment d'intimité, Louis les surprend de son lit d'hôpital et les réintroduit immédiatement dans ce lieu qu'ils avaient quitté.
L'hôpital participe ainsi à cette sensation de claustrophobie que le film instaure en y séquestrant ces personnages; Louis y retourne sans cesse après chacun de ses accidents (le psychiatre se demandera si le lieu ne lui procure pas un sentiment de sécurité) ; quant à Natalie, elle y restera internée à la fin du film. La lumière blanche et tranchante qui en émane pénètre visages et corps, les découpe au scalpel et contribue à accentuer les ouvertures et les fusions entre les personnages. Car c'est de la question de la question de la connexion que le film traite, connexion entre les cerveaux, entre les formes, entre les genres … jusqu'à une certaine limite formel. La mise en scène reste classique et linéaire dans son alternance entre les scènes conscientes et celles rêvés et imaginaires. L'exploration cinématographique de l'inconscient rendait possible une certaine dissociation esthétique entre les sphères qui reste inexploitée.
Caroline Adam, le 28 novembre 2017.