Histoires du cinéma
Voir : Films et cinéastes de Lituanie, Lettonie, Estonie
Lacplesis (Aleksandrs Rusteikis, 1930)
Quatre chemises blanches (Rolands Kalnins, 1967)

 

Estonie (capitale Tallinn, 1 315 635 habitants en 2017

En 1915 paraît la première fiction estoniene, Chasse à l’ours dans la région de Pärnu (Karujaht Pärnumaal) qui remporte un grand succès. Cette satire politique est un court métrage de 11 minutes réalisé en 1914 par Johannes Pääsuke, un photographe talentueux prématurément disparu à l’âge de 27 ans et considéré comme le père du cinéma estonien. Suivent d’autres œuvres significatives telles que Tshekaa komissar Miroshtshenko (Paul Sehnert, 1925), Kevade unelm (Voldemar Päts, 1927), Les Jeunes aigles (Noored kotkad), un long métrage de Theodor Luts (1896-1980), qui est également l’auteur d’une série de documentaires tels que Kaitseliidu paraad (1926), ou, en (1931), Haapsalu, Kas tunned maad..., Kihnu, Ruhnu ou Gaas! Gaas! Gaas!. Johannes Loop réalise Jüri Rumm en 1929, puis aussitôt Vigased pruudid, en collaboration avec Konstantin Märska, d'après un roman d'Eduard Vilde. Kire lained (1930) est un film germano-estonien de Vladimir Gaïdarov.

L'occupation et annexion des pays baltes (1940-1991) entraîne russification, de déportation. En 1941, le studio "Eesti Kulturfilm" est nationalisé et transformé en "Studio d'actualités estonien" (Tallinn). Des films dans le style et l'idéologie du réalisme socialiste y sont tournés, en collaboration avec les studios de Russie. Depuis 1944, la revue cinématographique "Estonie soviétique" est publiée. Cependant, des films continuent à être tournés en estonien. Ainsi : Tournants dangereux (Kaljo Kiisk, 1959), Démence (Kaljo Kiisk, 1968), La dernière relique (Grigori Kromanov, 1969), un film culte adapté d'un roman historique d'Eduard Bornhöe et situé à l'époque du siège de Tallinn en 1577, L'auberge de l'alpiniste mort (Grigori Kromanov, 1979) Un nid au vent (Olav Neuland, 1980) La Corrida (Olav Neuland, 1982), Jeux pour enfants d’âge scolaire (Leida Laius et Arvo Iho, 1986). Arvo Kruusement , acteur aux studios Tallinnfilm signe sept films en tant que réalisateur dont sa trilogie Printemps (1969), Été (1976), Automne (1990) adaptée d'après les livres d'Oskar Luts ainsi que A woman heats the sauna (1979).

Depuis l'indépendance en 1991, on remarque en particulier Rien que pour les fous (Arvo Iho, 1992), Amours baltes (The Baltic Love) de Peeter Urbla, Georgica de Sulev Keedus en 1998. Le Cœur de l'ours (Karu Süda), réalisé par Arvo Iho, d'après le roman de Nikolai Baturin, marque l'année 2001. Gravé dans le marbre (Nimed marmortahvlil) de Elmo Nüganen, d’après l’œuvre homonyme d’Albert Kivikas, bat des records d'audience en 2002 et concurrence même Le Seigneur des Anneaux au box office estonien. Cette page d'histoire montre comment des lycéens se sont battus au prix de leur vie pour l'indépendance de leur pays en 1918.

Parmi les films remarqués en 2004 on relève Veepomm paksule koutsile de Varis Brasla), 5 hommes à vélo (Tavaline Seiklus) de Liivo Niglas qui raconte la quête de cinq hommes au cours d'un long périple vers la Mongolie, et surtout La Révolution des cochons (Sigade revolutsioon) de Jaak Kilmi et Rene Reinumagi, qui met en scène un camp de jeunesse estonien en 1986. Des étudiants censés faire honneur au travail et à l’Union soviétique, font la fête et commencent à ruer dans les brancards. Ce film décapant remporte le prix spécial du Jury au festival du film de Moscou. Stiilipidu de Peeter Urbla, Kohtumine tundmatuga de Jaak Kilmi, Pärnography de Hardi Volmer ou Afganistani armid d'Ivar Heinmaa sont quelques sorties significatives de 2005.

En 2006, huit films estoniens sont sortis dans les salles. Les plus grands succès au box-office ont été le film d'animation Lotte, du village des inventeurs (Leiutajateküla Lotte), suivi de Ruudi de Katrin Laur, Golden Beach de Jüri Sillart et Mindless de Elmo Nüganen.

2007 voit la sortie de Sügisball de Veiko Õunpuu. Salué par la critique, ce film brosse le portrait de six personnages évoluant dans un quartier de grands ensembles soviétiques de la banlieue de Tallinn, similaire au quartier de Lasnamäe. Il remporte le prix Horizons fiction à la Mostra de Venise en 2007.

En 2013 sort Kertu de Ilmar Raag, drame se déroulant sur l'île de Saaremaa, qui raconte une histoire d'amour impossible se déroulant aux confins de l'Estonie du XXIe siècle, Kertu a reçu un accueil positif de la part de la critique et du public. En 2014, la sortie de Crosswind : La Croisée des vents, premier film de Martti Helde, reçoit des récompenses et un accueil positif dans de nombreux pays.

 

Lettonie (capitale Riga, 1 929 000 habitants en 2017).

Du XIIIe au XVIe siecle, la Lettonie, qui s'étendait en Livonie et en Courlande, était la possession des chevaliers prussiens de l'ordre de Livonie. Au XVIIe siècle, elle faisait partie de la Pologne et de la Suède depuis 1625.

Première domination Russe

Par le traité de Nystad en 1721, la Livonie et la Courlande font partie de l'Empire russe : la Lettonie est composée du gouvernement de Courlande et d'une partie du gouvernement de Livonie. La domination traditionnelle des grands propriétaires germano-baltes et la langue allemande (langue administrative avec le russe jusqu'en 1917) sont cependant conservées dans le pays.

Un peu moins de six mois après la projection du 25 decembre 1895 des frères Lumière au Grand Café de Paris, des films sont vus Lettonie. La première séquence de film tournée dans le pays est  un trajet en voiture de Riga à Sigulda en 1904. Le cinéma devient rapidement populaire. Le premier bâtiment construit pour la projection de films au début du XXe siècle possède une capacité de plus de 1 000 sièges.

La Première Guerre mondiale dévaste le territoire de ce qui est devenu l'état de Lettonie. Les revendications d'autodétermination ont d'abord été limitées à l'autonomie, jusqu'à ce qu'un vide de pouvoir soit créé par la révolution russe de 1917, suivi du traité de Brest-Litovsk entre la Russie et l'Allemagne en mars 1918, puis de l'armistice allié avec l'Allemagne le 11 novembre 1918. Le 18 novembre 1918, à Riga, le Conseil populaire de Lettonie proclame l'indépendance. Le 5 décembre 1918, la Russie soviétique envahit la République de Lettonie et c'est la guerre entre la Lettonie soutenue par l'Estonie, la Pologne et les Alliés occidentaux, en particulier la marine du Royaume-Uni et la France, contre la Russie et la république soviétique socialiste lettone de courte durée. L'Allemagne et la noblesse balte, initialement alliée aux occidentaux, tentaient de défendre la domination allemande sur la Lettonie et ont finalement changé de camp avec des combats qui se poursuivent jusqu'au traité de de paix de Riga le 11 août 1920.

L'indépendance de l'entre deux guerres

La Lettonie s'est déclaré souveraine le 18 novembre 1918. Ses premières années sont marquées par  la guerre et les invasions puis la reconstruction. L'intérêt pour le cinéma demeure vif. En 1930, il y a plus de 80 cinémas en Lettonie. Les premiers films sont produits. Les plus remarquables d'entre eux sont Lāčplēsis (Aleksandrs Rusteiķis, 1930) et Le fils du pêcheur (Vilis Lapenieks, 1940) vu par 140 000 spectateurs  au cours des trois premières semaines suivant sa sortie. Durant les années 30-40, des maîtres du cinéma d'origine lettone tels que Sergei Eisenstein, Teuvo Tulio, Eduard Tisse, Marija Leiko réalisent des films en Russie, en Allemagne ou en Finlande.

Seconde domination Russe (1940-1991)

En 1940, durant la Seconde Guerre mondiale, elle est d'abord envahie, comme le prévoyaient les clauses secrètes du Pacte germano-soviétique (en même temps que les deux autres pays baltes), par l'URSS. La plupart des pays non-communistes ne reconnaissent pas l'incorporation de la Lettonie parmi les 15 Républiques socialistes soviétiques.

Durant l'occupation soviétique, la production cinématographique est contrainte par la censure Russe. Le dynamisme de la construction permet la naissaince des Studios de Riga Film construits au début des années 1960 et qui comptent toujours parmi les plus grands d’Europe du Nord. Les studios de Riga Film produisent en moyenne 15 films par an, employant environ un milliers de professionnels dont des cinéastess de renommée renommée mondiale tels que Uldis Brauns, Ivars Seleckis, Hercs Franks, Juris Podnieks. Quatre chemises blanches de Rolands Kalnins, réalisé en 1967, est l'un des plus connus.

Retour à la souvereineté

La Lettonie redevient indépendante en 1991, comme la Lituanie et l'Estonie avant même l'effondrement total de l'Union soviétique. Du fait de la non-reconnaissance internationale de leur annexion par l'URSS, les trois pays baltes peuvent, contrairement aux douze autres républiques ex-soviétiques, quitter la sphère d'influence russe, opter pour une politique euro-atlantique et finalement adhérer à l'OTAN en avril 2004, puis à l'Union européenne le 1er mai 2004.

Après que la Lettonie a retrouvé son indépendance, l'industrie cinématographique connait de profonds changements. Alors que des studios sont fondés, le nombre de films produits diminue rapidement. Depuis quelques années l'industrie est à nouveau florissante. Les longs métrages, documentaires et films d'animation lettons de Janis Streics ou Janis Cimermanis sont de plus en plus primés dans les festivals internationaux les plus prestigieux. En 2016, plus de 70 films ont été nominés pour les Big Kristaps National Film Awards.

Source : Filmlatvia.lv

Lituanie (capitale Vilnius, 2 824 000 habitants en 2017)

Les entrées en Lituanie augmentent de 9,4 % à 4,0 millions en 2017. Parallèlement, les recettes augmentent de 14,0 % à 20,2 M€. La part de marché américaine diminue de 6,9 points à 64,6 %, tandis que la part de marché nationale atteint 21,5 % (+2,0 points). Le classement est dominé par deux films nationaux, dont la comédie Three Million Euros, qui occupe la première place avec 0,2 million d’entrées et 1,3 M€ de recettes. Au total, quatre films lituaniens font partie du top 10. Le premier film américain au classement est à la troisième position: il s’agit de Moi, moche et méchant 3 avec 0,9 M€ de recettes.

Jean-Luc Lacuve, le 20 novembre 2018.

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