Biographie
André Gide nait à Paris le 22 novembre 1869. Issu d'une famille de la bourgeoisie protestante, partageant sa vie entre Paris et la Normandie, André Gide assume son homosexualité à partir d'un voyage en Afrique du Nord qu'il effectue en 1893. Passé par la Suisse pour soigner son état nerveux, il écrit Paludes et, après la mort libératrice de sa mère, épouse sa cousine Madeleine et achève Les Nourritures terrestres, dont le lyrisme est salué par une partie de la critique à sa parution en 1897.
André Gide soutient le combat des Dreyfusards, mais sans militantisme, préférant les amitiés littéraires – Roger Martin du Gard, Paul Valéry ou Francis Jammes –, amitiés qui s'effaceront parfois au fil du temps, comme celle de ses jeunes années, intense et tourmentée, avec Pierre Louÿs. Il crée avec ses amis La Nouvelle Revue française dont il est le chef de file et joue alors un rôle important dans les lettres françaises. Parallèlement, il publie des romans sur le couple comme L'Immoraliste en 1902 ou La Porte étroite en 1909 qui le font connaître. Ses autres romans publiés avant et après la Première Guerre mondiale – Les Caves du Vatican, 1914, délibérément disloqué ; La Symphonie pastorale, 1919, son livre le plus lu, qui traite du conflit entre la morale religieuse et les sentiments ; Les Faux-monnayeurs, 1925, à la narration non linéaire – l'établissent comme un écrivain moderne de premier plan auquel on reproche parfois une certaine préciosité. Cependant, les préoccupations d'une vie privée marquée par l'homosexualité assumée et le désir de bousculer les tabous sont à l'origine de textes plus personnels comme Corydon (1920-24), ou Si le grain ne meurt (1926), récit autobiographique qui relate sa petite enfance de grand bourgeois, ses attirances pour les garçons et sa vénération pour sa cousine Madeleine qu'il épousera tout en menant une vie privée compliquée.
Son œuvre trouve ensuite un nouveau souffle avec la découverte des réalités du monde auxquelles il est confronté. Ainsi le voyageur esthète découvre l'Afrique noire et publie en 1927 le journal de son Voyage au Congo, dans lequel il dénonce les pratiques des compagnies concessionnaires mais aussi celles de l'administration et l'attitude de la majorité des Européens à l'égard des colonies. Au début des années 1930, il s'intéresse au communisme, s'enthousiasme pour l'expérience soviétique, mais subit une désillusion lors de son voyage sur place à l'été 1936. Il publie son témoignage la même année, Retour de l'U.R.S.S., qui lui vaut les attaques haineuses des communistes. Il persiste cependant dans sa dénonciation du totalitarisme soviétique au moment des procès de Moscou et s'engage, parallèlement, dans le combat des intellectuels contre le fascisme.
En 1940, accablé par les circonstances, il abandonne la NRF et quasiment l'écriture en se repliant sur la Côte d'Azur, puis en Afrique du Nord durant la guerre. Après la guerre, il est mis à l'écart de la vie littéraire, mais honoré par le prix Nobel de littérature en 1947, et il se préoccupe dès lors de la publication intégrale de son Journal. Il meurt le 19 février 1951.
1887 : Le Voyage d'Urien
1893 : Paludes
1895 : Les Nourritures terrestres
1897 : Le Prométhée mal enchaîné
1899 : Philoctète et El Hadj
1899 : L'Immoraliste
1902 : La Porte étroite
1909 : Les caves du Vatican
1914 : La symphonie pastorale
1919 : Corydon
1924 : Caractères, La Porte étroite
1925 : Les faux-monnayeurs
1925 : Si le grain ne meurt
1926 : Le Journal des Faux-Monnayeurs
1926 : Voyage au Congo
1927 :
Le Retour du Tchad,
1928 : L'École des femmes
1929 : Robert
1930 : La Séquestrée de Poitiers
1930 : L'Affaire Redureau
1930 : Œdipe
1931 : Perséphone
1934 : Les Nouvelles Nourritures
1935 : Geneviève
1936 : Retour de l'U.R.S.S
1936 : Thésée
Gertrude, une jeune fille aveugle et orpheline de sa tante qui vient de mourir, est recueillie par un pasteur qui lui offre de vivre avec sa femme, Amélie, et ses cinq enfants dans une petite chaumière du Jura neuchâtelois, en Suisse. Dans son journal, le pasteur raconte l’éducation protestante qu’il offre à Gertrude, dont il finit par tomber amoureux. Son fils Jacques tombe également amoureux de Gertrude. Lorsque le pasteur s’en rend compte, il lui ordonne de partir. Une opération donne la vue à Gertrude et, voyant le père et le fils, elle tombe amoureuse de Jacques plutôt que du pasteur, même si encore aveugle, elle avait davantage de sentiments amoureux pour ce dernier. Entre temps, Jacques s'est converti au catholicisme, rejetant ainsi définitivement son père pasteur, et a endossé l'habit de moine. Il renonce donc également à ses penchants pour Gertrude. La vue permet à Gertrude d’observer tout ce que le pasteur lui avait caché, le Mal et le péché, durant des années pour protéger le sentiment de bonheur qu’il avait tenté de susciter chez elle. Attristée par ses découvertes et après une tentative de suicide au cours de laquelle elle s’est presque noyée, Gertrude finit par mourir de folie quelques semaines après l’opération qui lui a permis de voir.
1946 : Jean Delannoy. La symphonie pastorale. Avec : Michèle Morgan (Gertrude), Pierre Blanchar (Le pasteur Jean Martin), Line Noro (Amélie), Andrée Clément (Piette Casteran), Rosine Luguet (Charlotte), Jean Desailly (Jacques). 1h50.
Bernard, qui est sur le point de passer son baccalauréat, tombe par hasard sur des lettres d'amour adressées à sa mère et découvre qu'il est le fruit d'un amour interdit entre cette dernière et un amant de passage. Il en conçoit un profond mépris pour l'homme qui l'a élevé sans être son géniteur et qu'il pense alors n'avoir jamais aimé. Pourtant, ce père adoptif, Albéric Profitendieu, a malgré lui une préférence pour celui-ci parmi ses autres enfants. Après avoir écrit la lettre d'adieu la plus cruelle et la plus injuste qu’on puisse imaginer, Bernard fuit la maison et se réfugie chez un de ses amis et camarade de classe, Olivier. Ce dernier est un jeune homme timide qui cherche à combler son manque d'affection auprès de ses amis proches ou de son oncle Édouard, pour qui il a un penchant réciproque mais que ni l'un ni l'autre ne parviennent à exprimer. Édouard ayant déposé sa valise à la consigne de la Gare Saint Lazare et inconsciemment laissé tomber à terre le ticket, Bernard le ramasse et en profite pour s’emparer de la valise. Il fait main basse sur son portefeuille et prend connaissance de son journal intime, ce qui lui permet de savoir où le retrouver, dans un petit hôtel où séjourne sa grande amie Laura. Cette jeune femme se trouve enceinte des œuvres de Vincent, frère d’Olivier, qui l'a abandonnée et la laisse dans la plus grande détresse. Nullement rancunier, Édouard s’amuse de l’aventure de la valise disparue et retrouvée et invite Bernard à un séjour en Suisse avec Laura, lui proposant également d’être son secrétaire. De ce séjour en montagnes, Bernard éprouve un bonheur ineffable, il est épris également de l’écrivain et de la femme délaissée.
Le récit enthousiaste qu’il fait à son ami Olivier rend celui-ci terriblement jaloux et par dépit, celui-ci se laisse séduire par le comte de Passavant, écrivain à la mode, riche, dandy et amateur de garçons mais également cynique et manipulateur. Il convoitait le garçon depuis un moment et profite de ses états d'âme pour se l'accaparer. L'influence du comte sur le garçon est pernicieuse : Olivier devient mauvais, brutal, détestable même aux yeux de ses meilleurs amis. Il finit par s'en rendre compte et sombre dans une dépression noire, sans savoir comment faire machine arrière. Au cours de la soirée d'un club littéraire, les Argonautes, il se saoule et se ridiculise devant tout le monde puis sombre dans une torpeur éthylique. Il est rattrapé et soigné par l'oncle Édouard. Au matin, il tente de se suicider, non pas par désespoir dira-t-il, mais pour des raisons qu'il garde secrètes. Il finira par rester chez son oncle, grâce à la bienveillance de sa mère Pauline qui devine bien les relations affectueuses liant son demi-frère à son fils et qui ne veut pas les détruire. Bernard, quant à lui, au cours d'une discussion avec Laura et Édouard à Saas-Fee en Suisse, comprend que le lien du sang est une fausse valeur, et qu'il doit accepter Profitendieu comme celui qui l'a élevé, et donc comme père.
Boris, le petit-fils de l'organiste, jeune enfant fragile rencontré dans un sanatorium en montagne par Édouard et Bernard est ramené à Paris afin de l'éloigner de la maladie de Bronja, fille de sa doctoresse. Perdu, désespéré, abandonné de tous, y compris d'Édouard, qui s'était pourtant juré de s'en occuper, maltraité par Georges et ses camarades, il se suicide. Tout rentre alors dans l'ordre.
2010. Benoit Jacquot. Les faux-monnayeurs. Avec : Melvil Poupaud (Edouard), Patrick Mille (Robert de Passavant), Jules-Angelo Bigarnet (Bernard), Maxime Berger (Olivier), Laurence Cordier (Laura Azaïs), Sandrine Dumas (Pauline). 2h00.