(1861-1909)
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Romantisme |
Autoportrait à cheval | 1890 | Fort Worth (Texas), Sid Richardson Museum |
The Trooper | 1892 | Collection privée |
Bronco Buster | 1895 | Minneapolis (Minnesota |
Une reconnaissance | 1902 | New York, Metropolitan museum |
Combat pour le point d'eau | 1903 | Huston, Musée des Beaux-arts |
Les Apaches ! | 1904 | Fort Worth (Texas), Sid Richardson Museum |
Amis ou ennemis | 1905 | Williamstown (Massachusetts) |
Dans les plaines du sud | 1907 | New York, Metropolitan |
Les signaux de fumée | 1908 | Amon Carter Museum |
Remington occupe une place très particulière, non seulement dans l’art, mais dans l’histoire de l’Amérique. Sa production entièrement dédiée au thème de l’Ouest et le succès phénoménal de sa carrière d’illustrateur le placent à la frontière entre le romantisme de l'école de l'Hudson et le réalisme de ceux qui s’attacheront à décrire la réalité des pionniers des amérindiens (représentés bien autrement que chez les néoclassiques West ou Copley) ou des réalisations des premiers colons, le chemin de fer notamment. L’exigence d’un certain réalisme est nécessaire pour construire la légende de l’ouest. Ce sera la grande leçon du cinéma qui donne comme vraisemblables ses westerns afin de souder le peuple dans une grande légende collective (alors que les réalisateurs des années 70 à 2000 s’attacheront à monter dans leurs westerns à quel point elle était sublimée). Le grand représentant de ces westerns de légende est John Ford qui admirait Remington.
Théodore Roosevelt, président des États-Unis et autre acteur essentiel de cette histoire, auteur du monumental La Conquête de l’Ouest (The Winning of the West), écrit en 1907 dans un hommage à l’artiste publié par le Pearson’s Magazine : « Je considère Frederic Remington comme l’un des Américains qui ont accompli un réel travail pour ce pays, et nous lui devons tous notre gratitude. (…) Il est, bien sûr, l’un de nos artistes les plus typiquement américains, il a représenté un mode de vie américain très caractéristique et pourtant en voie de disparition. Le soldat, le cow-boy et le fermier, l’Indien, les chevaux et les troupeaux des plaines vivront éternellement, j’en suis sûr, dans ses peintures et ses sculptures. »
Né dans une famille de notables de la côte est, Frederic Remington passera pourtant très peu de temps dans l’ouest. Sa formation artistique est également d’une brièveté étonnante : trois semestres, à partir de 1878, à la Yale College School of the Fine Arts, durant lesquels il se passionne plutôt pour le football et la boxe – qu’il pratique déjà dans la catégorie poids lourds.
Après la mort de son père, il fait son premier voyage dans l’ouest en 1881, travaillant dans le Montana comme cow-boy, éclaireur et éleveur de moutons, ce qui lui fournit la matière de premiers dessins. Sa première illustration paraît dans le Harper’s Weekly en février 1882 (Cow-boys de l’Arizona – Réveillés par un éclaireur).
Jetant son dévolu sur Kansas City en 1883, Remington se lance dans diverses affaires commerciales, parmi lesquelles un saloon. Il épouse Eva Caten en 1884 dans l’État de New York et revient avec elle à Kansas City, mais le couple n’y restera que jusqu’à l’année suivante : 1885 marque la fin de la western life pour les Remington, qui s’installent à Brooklyn.
La carrière d’illustrateur commence avec des contributions régulières au Harper’s Weekly, qui est à l’époque le premier magazine illustré du monde. Après un court séjour à l’Art Students League, Remington entrecoupe son activité new-yorkaise de reportages avec l’armée dans l’Arizona, le Mexique et le Nouveau Mexique. La première exposition de ses œuvres à la National Academy of Design a lieu en 1887, inaugurant une relation ambiguë avec l’institution artistique majeure du pays, garante de la tradition académique et détentrice du pouvoir d’accorder la reconnaissance officielle aux artistes. Remington y exposera jusqu’en 1899, date à laquelle, n’étant toujours pas admis comme membre à part entière, il lui tournera le dos définitivement.
En 1887-1888, il continue d’effectuer des voyages pour le compte du Harper’s (actuels Dakota, Wyoming, Montana, ainsi que dans l’ouest du Canada) tout en travaillant pour d’autres magazines comme Outing ou Century, qui l’envoie au Texas, en Arizona et au Nouveau Mexique. Remington envoie cinq tableaux à l’Exposition universelle de Paris en 1889. L’une d’elles, La dernière accalmie pendant le combat, obtient une médaille d’argent.
1890 est une année importante pour l’artiste. Il s’installe dans une grande maison à New Rochelle, toujours dans l’état de New York, qu’il baptise du nom indien de Endion ("un lieu où je vis"). Sa première exposition personnelle a lieu à l’American Art Association de New York, et il accompagne la fameuse expédition du général Miles pour écraser la révolte des Sioux dans le Dakota. Remington vivra donc d’assez près la bataille de Wounded Knee.
Il est élu membre associé de la National Academy of Design l’année suivante. Désormais très célèbre, il fournit des illustrations pour des œuvres littéraires, toujours dans son registre de prédilection (Le Chant de Hiawatha de Henry Longfellow, La Piste de l’Oregon de Francis Parkman). Souhaitant préserver une sensibilité authentiquement américaine, Remington n’a jamais voulu parfaire sa formation en Europe. Il s’y rend toutefois pour Harper’s en 1892 et, deux ans plus tard, en Algérie.
Nouveau tournant en 1895 : alors que le Harper’s Weekly publie une compilation de ses textes et illustrations sous le titre Pony Tracks, montrant que l’artiste est devenu un sujet en lui-même, deux amis l’incitent à se lancer dans la sculpture. La tentation de la sculpture répond à une insatisfaction foncière de l’artiste dont les peintures ne rencontrent guère de succès officiel.
Au cours de l’année 1899, libéré de son contrat d’exclusivité avec Harper’s qui connaît des difficultés financières, écœuré par l’échec relatif de sa dernière exposition à la National Academy of Design, Remington découvre le travail d’un peintre californien, Charles Rollo Peters (1862-1917), qui aura sur lui un impact considérable. Cette peinture « tonale » renouvelle sa conception de la couleur et lui donne le goût des scènes nocturnes, qui vont devenir la grande affaire de sa maturité. Pendant cette période il perfectionne la technique du bronze utilisant la cire perdue à partir de 1900. Le premier achat d’une œuvre de Remington par un musée est celui de deux sculptures, par la Corcoran Gallery de Washington en 1905. À cette date l’artiste est si populaire que Collier’s Weekly publie un Remington Number réunissant des textes sur sa vie et son œuvre.
Mais le phénomène le plus étonnant de ce qui est déjà la fin de la carrière de Remington réside dans ses peintures, où la couleur acquiert une puissance inédite aussi bien dans les effets de soleil que dans les nocturnes, qui lui valent l’enthousiasme de la critique lors de son exposition chez M. Knoedler & Co à New York en 1906. Pourtant ce sont encore des sculptures qui entrent au Metropolitan Museum of Art de New York en 1907. Les dernières expositions personnelles chez Knoedler & Co en 1908 et 1909 recueillent une pluie d’éloges. Remington s’est installé en 1908 dans une plus grande maison à Ridgefield, dans le Connecticut. Jouissant enfin d’un statut d’artiste incontesté, en pleine activité, il décède le lendemain de Noël, à quarante-huit ans, des complications d’une appendicite.
Ressources internet : Exposition à la National Gallery de Washinghton