Bronco Buster est la première et la plus célèbre des vingt-deux sculptures de Remington. Cette œuvre de débutant fut éditée à 300 exemplaires. Le modèle en terre fut achevé durant l’été, dans l’enthousiasme de la rencontre avec le sculpteur Frederick Ruckstull, qui travaillait à une commande de monument équestre dans la maison du voisin de Remington à New Rochelle.
Ruckstull, d’origine alsacienne, retourné en France pour se former à l’Académie Julian, était devenu l’un des grands représentants new-yorkais du style dit aux États-Unis « Beaux-Arts » et pouvait représenter l’idéal de l’artiste académique tant convoité par Remington. La sculpture allait devenir pour l’illustrateur célébrissime le moyen d’être enfin reconnu comme artiste, et elle l’occuperait jusqu’à sa mort.
Les conseils techniques de Ruckstull furent manifestement efficaces et Remington les transposa dans son registre pittoresque, créant d’emblée un type de sculpture virtuose défiant la technique de la fonte et les lois de l’équilibre, tendant vers l’énergie pure et le frémissement des détails. Le thème (le débourrage d’un étalon sauvage) est un leitmotiv qui résume à lui seul tout l’esprit conquérant de la frontier life. Remington avait dessiné une figure très proche (A Pitching Bronco) pour le Harper’s Weekly en avril 1882, treize ans plus tôt.
Conçu dix ans plus tard, Le Hors-la-loi, dont le titre fait référence au caractère indomptable de l’étalon, pousse encore plus loin l’illusion d’une sculpture libérée de sa base, en limitant les points d’appui au strict minimum et en créant une sensation d’instabilité qui suggère irrésistiblement le brusque saut de la monture. Les excellentes fontes à la cire perdue de Riccardo Bertelli (Roman Bronze Works), permirent à Remington de donner libre cours à sa fantaisie. L’ensemble ne tient que par le renfort de la touffe d’armoise où vient piocher le cheval, belle idée de sculpteur où le problème technique trouve sa solution dans le motif, en l’occurrence la plante emblématique des Grandes Plaines de l’ouest.