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La manga

1814

La Manga de Hokusai (Denshin kaishu Hokusai manga)
« L’initiation à la transmission de l’essence des choses »
Katsushika Hokusai, 1814-1849-1878
Livre illustré de gravures sur bois imprimées en deux teintes, 22,7 x 15,5 cm Paris, BNF

La manga de Hokusai est une collection de croquis de nombreux sujets divers : des paysages, la faune et la flore, la vie quotidienne, des personnages, aménagements humains utilitaires ou sacrés, outils, travaux, divertissements, armes et arts martiaux, divinités, monstres et chimères. Lla Manga se révèle un précieux répertoire iconographique. Le terme même de manga, désignant aujourd’hui les bandes dessinées japonaises, est difficile à traduire : l’idéogramme man, qui désigne une chose « sans suite », « décousue », « confuse », ou qui « manque de tenue », renvoie ici à une idée de totale spontanéité, de foisonnement anarchique, qu’il convient de combiner avec le caractère ga, ou « dessin ». Il s’agirait donc de croquis exécutés au fil de l’inspiration, librement et sans ordre, de rapides esquisses sur des sujets divers et variés, d’ébauches, de dessins impromptus.

La Manga, publiée entre 1814 et 1878, est l’un des chefs-d’œuvre du livre illustré japonais de l’époque d’Edo. Cet album de gravures sur bois, composé de quinze volumes, comporte près de quatre mille dessins. Destinée à servir de manuel de peinture, la Manga nous fait découvrir la méthode de l’artiste, en même temps que l’univers graphique de ce génie du trait que fut Hokusai. Interprète de la nature et observateur minutieux du monde des hommes, il fut aussi un génie du fantastique, laissant libre cours à son inventivité et à son humour. Les Hokusai manga sont des estampes (gravures sur bois) en deux couleurs. Le premier est publié en 1814, quand l'artiste a 55 ans. Les trois derniers volumes ont, eux, été publiés à titre posthume, deux d'entre eux ayant même été mis sur pied par l'éditeur à partir de documents non publiés jusque-là. Le tout dernier volume a, lui, été formé à partir d'œuvres déjà publiées, dont certaines n'étaient même pas d'Hokusai.

Ce vaste répertoire iconographique, réaliste ou fantastique, opère comme un miroir où se révèlent au fil des pages l’art et le mental de Hokusai, sa quête esthétique et spirituelle en même temps que la singulière poésie du monde qui l’inspire et qu’il se plaît à montrer de la plus originale façon. De fait, cette profusion de motifs exécutés sur le vif, libres de toute convention ou contrainte éditoriale, toujours d’une saisissante beauté, s’inscrit dans le droit fil d’une œuvre soucieuse certes de décrire la nature dans tous ses états, de s’interrogersur ses mécanismes et ses mystères, mais aussi d’éclairer les rapports que les hommes entretiennent avec elle et les liens qu’ils tissent entre eux.

Si Hokusai excelle le plus souvent à rendre compte de l’objet observé avec une impartialité et une minutie quasi scientifiques quand il s’agit par exemple de représenter la flore ou la faune marine, il ne s’interdit jamais de laisser libre cours à son imagination délirante pour en livrer une interprétation insolite, mythique ou métaphorique, telle cette pieuvre géante qui engloutit un pêcheur ou cet éléphant avec un groupe d’aveugles. On peut aussi surprendre le maître, au détour d’une planche humoristique et jubilatoire, à croquer la dérision des comportements humains dans des expressions extravagantes ou grotesques, ou à l’inverse, rendre hommage aux talents, aux capacités inventives et aux prouesses physiques des êtres, qu’il valorise notamment dans des séries d’esquisses consacrées à l’escrime, la gymnastique, les combats de bâtons, ou les luttes de sumotori.

Tout dans cette « avalanche de dessins, cette débauche de crayonnages », pour reprendre l’expression d’Edmond de Goncourt, de la manière de voir la vie à celle de l’interpréter, dit à la fois la réussite d’une échappée loin des dogmes et des repères connus et l’aboutissement d’un art qui impose, au-delà d’un style, des concepts originaux.

L’enthousiasme imprévisible qui accueillit ce recueil de modèles au Japon se propagea rapidement en Occident, où il exerça une influence déterminante chez les impressionnistes.constituent ici une merveilleuse encyclopédie par l’image.

Sources :

- BNF, Les essentiels -La manga
- BNF, France-Japon - La manga
- BNF - Galilca , tomes : 2, 5, 3, 4
- BNF - Galilca , tomes : 5, 6, 7
- BNF - Galilca , tomes : 8, 9, 10

 

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