Ce tableau appartient à la série des quatre saisons de la version de 1573, après celle, initiale, de 1563. Cette série, exposée au Louvre, est la seule complète car il ne reste plus que deux tableaux, de la série initiale, l'été et l'hiver, exposés au Musée de l'histoire de l'art de Vienne.
L'été, 1563 | L'hiver , 1563 |
Le printemps , 1573 | L'été, 1573 | L'automne, 1573 | L'hiver, 1573 |
Le cycle du Louvre présente une bordure formée de guirlandes de feuilles et de fleurs autour des têtes composées qui ont été ajoutées anciennement mais ne sont pas originales. Les Saisons du Louvre se distinguent du modèle original de 1563 par la nature du support, le bois étant remplacé par la toile peut-être choisie pour la commodité du transport vers le destinataire. En effet en 1573 L’empereur Maximilien commande une deuxième série des saisons pour l’offrir au prince-électeur de Auguste de Saxe à Dresde. Les symboles impériaux sont remplacés par les siens (les épées croisées de Meissen). La signature et la date sont habilement tissées dans la paille.
La comparaison avec le tableau de Vienne révèle de légères différences de composition. L’artichaut est moins long et l’on ne retrouve pas les deux petits haricots sous l’épi de maïs.
version de 1563 Vienne, Musée de l'histoire de l'art |
version de 1573 Paris , Musée du Louvre |
Arcimboldo est le peintre de la cour impériale à Vienne et à Prague à partir de 1562. En 1563, Arcimboldo peint l’Eté, première allégorie des quatre saisons, et, en 1566, il travaille sur les quatre éléments : l’Air, le Feu, la Terre et l’Eau. Il offre ces deux séries à l’Empereur Maximilien II pour le nouvel an 1569 avec des poèmes explicatifs rédigés par l’humaniste milanais Giovanni Battista Fonteo. L’empereur Maximilien commande une deuxième série des saisons à Arcimboldo en 1573 pour l’offrir au prince-électeur de Auguste de Saxe à Dresde.
En 1570 et 1573, ce prince protestant fit un séjour à la cour catholique de l’empereur, afin de défendre sa position d’Electeur contre les prétentions de son cousin Johan Wilhelm de Saxe-Weimar. De son côté, Maximilien II, soucieux d’équilibrer les forces catholiques et protestantes au sein de son empire, privilégia les relations avec ce souverain qui soutint d’ailleurs en 1573 l’élection de son fils Rodolphe comme Roi des Romains.
Auguste de Saxe put admirer les inventions d’Arcimboldo à la cour impériale et en comprendre la signification symbolique et politique. Dans la série qui lui fut offerte, il découvrit une nouvelle version des tableaux où les symboles impériaux étaient remplacés par les siens (les épées croisées de Meissen). Les correspondances entre le microcosme, le macrocosme et le pouvoir politique, illustrées dans les Saisons et les Eléments et révélées par le poème de Fonteo, s’organisaient désormais autour de la figure d’Auguste, lui aussi souverain d’un ordre politique et naturel, appartenant à une dynastie au règne promis à l’éternité. Allégorie politique flatteuse, les Saisons étaient aussi des images frappantes de la « discordia concors » et devaient sans doute illustrer aux yeux de l’Electeur de Saxe la volonté pacifique de Maximilien, capable de rassembler en une unité cohérente les diversités de son empire.
Deux autres versions des Saisons aux armes de Saxe sont connues. L’une, signée et datée, demeura longtemps dans les collections de la famille des comtes Craven en Angleterre. La seconde série, copie plus médiocre, est mentionnée dans une description de la Kunstkammer ducale de Schleswig-Holstein de Gottorf par Adam Olearius en 1674.