Madame Fang

2017

Genre : Documentaire

(Mrs. Fang). Avec : Fang Xiuying (Elle-même). 1h30.

Veuve depuis plusieurs années, Fang Xiuying, 68 ans, est née à Huzhou, dans la région du Fujian, là où les hommes sortent la nuit pêcher la carpe à l’électricité, sur le fleuve. Les dernières années de cette ancienne ouvrière agricole ont été marquées par la maladie d'Alzheimer. Après avoir été hospitalisée en 2015, elle a été renvoyée chez elle pour y mourir. Dans la pièce aux tristes murs où elle est alitée, famille et voisins défilent à son chevet. Certains lui prennent la main. Une de ses filles la masse délicatement ou la nourrit avec une seringue. Ses petits-enfants et quelques proches ont fait la route depuis la ville pour lui dire adieu. Mais la mort est longue à venir.

Après trois plans tournés en octobre 2015, qui présentent Mrs Fang debout mais silencieuse et absente, comme recluse à l'intérieur d'elle-même, Wang Bing la retrouve en juin 2016, alitée, amaigrie et le regard vide et la bouche entrouverte, dans un état cataleptique qui annonce la mort. En contrepoint trois scènes d’extérieur, de longueur décroissante, dont la première, avec ses lampes torches balayant l’eau noire dans la nuit, frappe à jamais le spectateur qui guettait un instant auparavant un signe de vie dans les yeux écarquillés de Mrs Fang.

Il faut attendre ce film sur les derniers jours d'une femme atteinte par la maladie d'Alzheimer, Mrs. Fang, pour que Wang Bing reçoive enfin une récompense d'importance, le Léopard d'or du festival de Locarno 2017. C'est aussi la victoire du documentaire, un genre que le festival de Locarno défend en lui ouvrant sa compétition. Nul doute que, dans le jury, le suisse Jean-Stéphane Bron, auteur de documentaires remarqués (Cleveland contre Wall Street, L'Opéra), aura été un appui décisif pour Wang Bing.