Victime du destin

1953

Genre : Western

(The Lawless Breed). Avec :  Rock Hudson (John Wesley Hardin), Julie Adams (Rosie), Mary Castle (Jane Brown), John McIntire (John Clement), Hugh O'Brian (Ike Hanley). 1h23.

1896, prison d’Huntsville (Texas). John Wesley Hardin, qui a purgé sa peine pour meurtre, remet au journal local le manuscrit de son autobiographie.

Ce texte révèle que John, né en 1853, a été profondément marqué par la Guerre de Sécession et son cortège de violences. Un de ses frères aînés y est mort ; l’autre, Joe, en est revenu infirme. En revanche, il y a gagné une compagne de jeux, Jane Brown, orpheline recueillie par ses parents et dont, devenu adulte, il s’est épris. John et son père, J. C. Hardin, pasteur rigoriste, entretenaient des rapports conflictuels, le second reprochant au premier, jusqu’à le fouetter, sa passion pour les armes à feu.

Pourtant, John caressait un rêve bien pacifique : acheter un ranch et y vivre avec Jane. Afin de le concrétiser plus vite, il se rend au tripot de Bonham et triche au poker. Démasqué et se croyant menacé, il abat son adversaire, Gus Hanley. Les trois frères de celui-ci, Ike, Ben et Dirk, s’étaient lancés à la poursuite de John.

À Abilene, où il avait conduit un troupeau avec son oncle John Clements, Hardin avait tué Dirk. Cette fois encore, il estimait avoir agi en état de légitime défense, comme il croira l’être encore lorsque, plus tard, il se débarrassera d’Ike et d’un shérif qui l’avaient agressé.

La conscience tranquille, John était revenu chez son père pour épouser Jane, qui avait refusé de le suivre. C’est alors que les policiers avaient attaqué, tuant Jane et blessant Hardin. Ce dernier, réfugié chez son oncle, avait pris la décision de fuir le Texas en compagnie de Rosie, une entraîneuse amoureuse de lui.

Six années durant, avec Rosie qu’il a épousée, Hardin a vécu en paix à Polland (Alabama). Il avait réalisé son rêve : un ranch, des chevaux, une femme aimée et, bientôt, un enfant. Mais les Texas Rangers ont retrouvé sa trace. Lors de son procès, à Austin, Hardin a plaidé en vain la légitime défense : il a été condamné à vingt-cinq ans de prison.

Aujourd’hui, après seize ans de détention, Hardin retourne chez lui, à Polland, où l’attend Rosie. Leur fils, John, voue un culte à ce père dont il a hérité la passion des armes. Hardin, à son tour, corrige son fils. Ulcéré, celui-ci va boire au saloon où un consommateur irascible le provoque. Hardin survient à temps pour empêcher John de répondre à la violence par la violence. " Tu ne vivras pas comme moi ", lance-t-il à l’adolescent, qui semble avoir compris la leçon.

The Lawless Breed, qui signifie la race impie, décrit mieux que le titre français, trop compassionnel, le thème de ce superbe western en technicolor qui tend à prouver qu'un homme peut changer et sortir du cycle de la violence... s'il est bénit des dieux !

Le film est construit sur un grand flash-back qui montre le héros calme et apaisé sortant de prison après seize ans de captivité. Il ne s'agit donc pas ici de l'histoire d'un tueur en série, comme le fut John Wesley Hardin, qui est racontée. Il n'y a pas d'exaltation de la violence comme dans les films criminels de Walsh. Le flash-back décrit l'engrenage de la violence auquel est soumis un héros qui prétend atteindre au bonheur simple. Dans sa toute dernière partie, le film explique le pourquoi de ce changement. L'épilogue se contentera de confirmer que cette transformation peut passer les générations.

Durant tout le flash-back, nul ne croit à la volonté de John Wesley Hardin de sortir de l'engrenage de la violence, ni son père, ni Jane, ni Rosie. Le premier ira jusqu'à le fouetter, la seconde lui reprochera amèrement ses promesses et Rosie lui fait remarquer qu'il aurait pu arrêter de jouer plusieurs fois déjà, ayant acquis la somme suffisante pour acheter une ferme. Mais c'est aussi Rosie qui ne veut pas de la vie de misérable fermière qu'elle a vécu enfant. Et c'est donc contraint et forcés par la poursuite acharnée de la milice du Texas que John et Rosie se réfugient à Polland.

Rosie fait contrepoids au destin tout tracé de John. Sa première apparition en robe rouge puis sa présence en robe verte sur le champ de course et le châle blanc qui couvre sa chemise de nuit et lui sert de robe de mariée sont inoubliables pour le spectateur comme pour John qui semble baigné par la lumière divine à la sortie de prison.

C'est illuminé par cet amour qu'il écrit ses mémoires. Ce sera pour Walsh l'occasion de multiplier les morceaux de bravoure : guerre de Sécession, duels, conduite de troupeaux, et courses de chevaux, tout cela en moins d'une heure et demie.

Jean-Luc Lacuve, le 18/03/2009

critique du DVD
Editeur : Opening. Janvier 2009. Langue : anglais. Sous-titres: français. Son : mono
critique du DVD

Supplément : présentation de Dominique Rabourdin