Harvey Milk

2008

Thème : San Francisco

(Milk). Avec : Sean Penn (Harvey Milk), Emile Hirsch (Cleve Jones), Josh Brolin (Dan White), Diego Luna (Jack Lira), James Franco (Scott Smith), Alison Pill (Anne Kronenberg), Victor Garber (Le maire George Moscone), Denis O'Hare (Le Sénateur John Briggs), Joseph Cross (Dick Pabich), Stephen Spinella (Rick Stokes). 2h07.

1978. Harvey Milk au dictaphone enregistre un message au cas où il viendrait à être assassiné. Militant de la cause homosexuelle, il se sait devenu une cible.

La télévision annonce sa mort en même temps que celle du maire de San Francisco, George Moscone.

Retour à Harvey Milk, quelques jours plus tôt au dictaphone qui raconte ses huit dernières années.

Harvey Milk en 1970, le soir de ses 40 ans, drague un joli garçon dans le métro new-yorkais. Celui-ci, Scott Smith emmène Milk vers le quartier de Castro à San Francisco en passe de devenir la capitale gay des Etats-Unis.

Harvey Milk s'engage dans des campagnes électorales quil perd avec un écart de plus en plus réduit au fil des ans. Il est enfin élu conseiller municipal de San Francicco mais doit affronter la violente campagne antigay lancée par la chanteuse Anita Bryant, dont les émules californiens tentent de faire interdire, par référendum, l'accès de l'enseignement public aux professeurs homosexuels.

Il doit aussi affronter Dan White, élu d'une circonscription ouvrière, un père de famille qui se voulait l'incarnation de la norme américaine....

"L'important n'est pas de gagner mais d'être présent" ; Harvey Milk est une force qui va. Il sait l'importance du commerce (les commerçants ont des droits) du lobbying (il trouve l'appui des syndicats) et change de directeur de campagne, pour trouver en Anne Kronenberg celle qui lui fera trouver l'appui des journaux.

C'est dans cette présence incarnée avec intelligence et douceur par Sean Penn que le film est le plus réussi.

Les deux afféteries formelles que Gus Van Sant rajoute pour échapper au biopic classique n'apportent pas grand chose au message, fort simple, du film.

Les retours au présent du dictaphone n'apportent rien puisque rien ne s'y joue. Ce rappel de la tragédie réduit le film à la composante finalement anecdotique de la mort d'Harvey par un névrosé. La volonté tragique se manifeste aussi avec le rappel très insistant des airs d'opéra de Tosca de Puccini. Apres une courte allusion sur le goût de Harvey pour l'opéra, on aura le départ de Scott, scène muette accompagnée d'opéra, puis la séance à l'Opéra de San Francisco puis enfin la mort tragique face au portrait de l'acteur incarnant Cavaradossi.

Ce qui aurait été finalement tragique est qu'Harvey soit devenu obèse à cinquante ans comme le propriétaire du journal homosexuel. Pour le reste, le film est lumineux et la cause entendue. Malgré quelques (très) regrettables retours en arrière, la privation de droits civiques aux minorités du seul fait qu'elles le soient est en voie de résorption.

Jean-Luc Lacuve le 08/03/2009