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Dalton Trumbo

(1905- 1976)
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James Dalton Trumbo naît le 9 décembre 1905 à Montrose (Colorado). Il semble que le patronyme "Trumbo" soit un héritage helvétique (la famille est originaire de Suisse) : les chutes de Trummellbach. Son évolution, au cours des siècles, suit l'itinéraire de la famille : Trumbach, puis Trumbeau (Alsace), et enfin Trumbo (Angleterre).

À l'âge de vingt ans, Dalton Trumbo part pour la Californie. Il y travaille comme boulanger la nuit, tandis que le jour il étudie à l'Université de Californie du sud. À la fin de ses études, il commence à écrire des articles en tant que journaliste indépendant. En 1933, il devient rédacteur en chef de la revue Hollywood Spectator, une publication de critique cinématographique. La revue cesse un an plus tard. Trumbo est alors engagé comme lecteur à la Warner Bros jusqu'en 1936. Il est renvoyé, car il refuse de démissionner de la Screen Writers Guild, un syndicat fortement ancré à gauche. Il écrit quelques scenarii sans grande importance pour la Screen Writers Guild et milite dans plusieurs associations de gauche.

En 1938, il épouse Cléo Beth Fincher, il aura trois enfants avec elle. Cette année-là, il écrit Johnny s'en va-t-en guerre . Il écrit également le scénario de son premier film d'importance A Man to Remember de Garson Kanin. Il devient rapidement l'un des scénaristes les mieux payés d'Hollywood avec Ben Hecht. À la Metro-Goldwyn-Mayer, à l'époque, il est courant de lui payer un script 75 000 dollars ! Il a une capacité à écrire très rapidement : en une journée il peut proposer trois, quatre versions d'une même scène. En 1941, Kitty Foyle, réalisé par Sam Wood, est nommé pour l'Oscar du meilleur scénario. Il est également un grand pamphlétaire. Il écrit les scénarios de Tu m'appartiens de Wesley Ruggles, Un nommé Joe (Victor Fleming, 1943) Trente secondes sur Tokyo de Mervyn Le Roy et Nos vignes ont de tendres grappes de Roy Rowland.

En 1941, peu de temps après l'invasion allemande de l'URSS, alors que le Parti communiste USA (PC USA) vient de faire un virage à 180° sur la question de l'entrée en guerre, Johnny s'en va-t-en guerre est épuisé et l'extrême droite américaine fait pression sur lui et son éditeur pour obtenir une réédition. Cela le convainc que c'est « exactement le type de livre qu'il ne fallait pas réimprimer avant la fin de la guerre ». Il va jusqu'à informer le FBI des agissements de ces correspondants, ce qui provoque le début de ses ennuis avec celui-ci. Il est membre du Parti communiste USA de 1943 à 1948 et fait la guerre du pacifique.

En octobre 1947, la commission des activités antiaméricaines se réunit à Washington et commence des audiences afin de déterminer quels sont les individus "déviants" du monde hollywoodien. Trumbo est l'un des Dix d'Hollywood, lorsqu'il refuse de répondre à la question : « Êtes-vous encore, ou avez-vous été membre du parti communiste ? ». Les dix invoquent le premier amendement (liberté d'expression et de réunion) pour justifier leur refus de répondre. La commission, quant à elle, estime qu'ils outragent le congrès. Trumbo est condamné à une peine de prison de 11 mois de prisons qu'il effectue en 1950 dans un pénitencier fédéral.

De plus il est inscrit sur la liste noire de Hollywood ce qui dans les faits lui interdit de travailler dans le cinéma. Sa dernière collaboration en 1951 au scénario du Rôdeur de Joseph Losey ne sera même pas mentionnée au générique. Il vend son ranch californien et part s'installer au Mexique. Durant les dix années à venir, il subsistera en écrivant dix-huit scénarios tous signés de pseudonymes. Au Mexique, il rencontre Luis Buñuel avec lequel il noue une relation amicale. Il lui parle alors d'un projet qui lui tient à cœur : l'adaptation au cinéma de Johnny s'en va-t'en guerre. Mais le producteur mexicain fait faillite et le projet est abandonné. Du mexique, Trumbo continue à écrire pour le cinéma américain sous des noms d'emprunts, Millard Kaufman (Gun Crazy en 1950) ou encore Robert Rich, avec qui il remporte même l'Oscar du meilleur scénario pour Les clameurs se sont tues de Irving Rapper, en 1956. Il ne se présentera pas pour recevoir le prix.

À partir de 1957, tout va contribuer à affaiblir le pouvoir de la liste noire. Il en sort officiellement en 1960, lorsqu'Otto Preminger pour Exodus, demande que Dalton Trumbo soit crédité sous son vrai nom au générique. La compagnie United Artists, de tradition libérale et de gauche, accepte. Kirk Douglas fait alors rétroactivement la même chose avec le film sorti la même année, Spartacus, réalisé par Stanley Kubrick.

Dès lors, Dalton Trumbo retrouve très vite l'audience et la considération qu'il mérite et signe successivement les scripts de El Perdido de Robert Aldrich et Seuls les indomptés de David Miller pour son ami Kirk Douglas; puis Le chevalier des sables (Vincente Minnelli, 1965), Hawaï de George Roy Hill, L'homme de Kiev (1968) et Les cavaliers (1971) de John Frankenheimer, le dernier d'après Joseph Kessel. En 1971, il peut enfin réaliser un vieux rêve : adapter et mettre en scène lui-même Johnny got his gun, son roman écrit en 1939, plaidoyer pour la paix qui lui vaudra quatre prix à Cannes. À la même période, il publie aux États-Unis un recueil de correspondance décrivant les moments difficiles de son existence; intitulé "Additionnal Dialogue" l'ouvrage est fort apprécié. Ses derniers scénarii seront ceux de Papillon de Franklin Schaffner d'après le best-seller de Henri Charrière, et Executive action de David Miller qui développe la thèse du complot dans l'assassinat de Kennedy à Dallas.

Atteint d'un cancer, il s'affaiblit rapidement et meurt d'une crise cardiaque le 10 septembre 1976 à Los Angeles. Dalton Trumbo est l'un des rares scénaristes américains demeuré toujours fidèle à ses idées progressistes depuis sa jeunesse. Ses adaptations et ses dialogues reflètent tous ces préoccupations généreuses. Son style reste très américain, parfois un peu littéraire, souvent lyrique et refusant l'intellectualisme. "Il sait concilier à merveille les intérêts de l'histoire et de la morale " écrivent Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier (" Trente ans de cinéma Américain "). Sa conscience d'écrivain de gauche lui fait tout sacrifier à la défense de la dignité humaine comme en témoigne sa description de la condition des esclaves dans Spartacus. Et dans Seuls les indomptés, qui reste peut-être son ouvrage le plus caractéristique, il se fait le chantre de l'indomptabilité de l'homme et dénonce les dangers des systèmes totalitaires qui finissent par détruire tout individualisme.

Filmographie :

1971 Johny s'en va t'en guerre

(Johnny got his gun). Avec : Timothy Bottoms (Joe Bonham), Kathy Fields (Kareen), Marsha Hunt (la mère de Joe), Jason Robards (Le père de Joe), Donald Sutherland (Le Christ), Diane Varsi (L'infirmière). 1h51.

Joe reprend connaissance, il est allongé sur un lit d'hôpital. Peu à peu, il tente de localiser les vibrations qu'il perçoit autour de lui et réalise qu'il est sourd, qu'aucun membre ne répond plus à ses désirs et qu'il ne possède plus d'organe sensoriel...

   
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