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Les S. S. frappent la nuit

1957

Genre : Film noir
Thème : serial killer

(Nachts, wenn der teufel kam). Avec : Claus Holm (Axel Kersten), Annemarie Düringer (Helga Hornung), Mario Adorf (Bruno Lüdke), Hannes Messemer (Rossdorf), Carl Lange (Thomas Wollenberg), Werner Peters (Willi Keun), Walter Janssen (Boehm). 1h45.

Allemagne, 1944. Bruno Lüdke, un garçon de ferme, maniaque sexuel violent, tue Lucy, serveuse à Hambourg, amie de Willi Keun, sous-officier nazi sur qui les soupçons retombent. À Berlin, le commissaire Axel Kersten, démobilisé du front de l’Est, reprend son travail à la Criminelle et reçoit le dossier Keun. Le climat est tendu : bombardements alliés, SS et raison d’État envahissants, population lasse de la propagande. Kersten fréquente Helga Hornung, une collègue, et découvre par hasard chez elle un vieil avis de recherche sur un crime similaire à celui dont on accuse Keun. À Hambourg, il disculpe le suspect après avoir découvert sa faiblesse physique. Il soupçonne un tueur en série.

Bruno, lui, court toujours et tuerait Anna, une jeune femme juive qui vit cloîtrée, s’il n’était dérangé par quelqu’un. L’enquête intéresse un commandant SS, Rosdorf, qui y trouve matière à alimenter les thèses eugénistes sur l’élimination des nuisibles. Kersten découvre et interroge Bruno, qui s’attache à lui, avouant des meurtres mais avançant la folie et l’irresponsabilité pour sa défense. Hitler donne l’ordre à Rosdorf d’étouffer l’affaire Lüdke et de condamner Keun. Il ne faut pas effrayer la population, quitte à éliminer le tueur discrètement par ailleurs.

Kersten s’oppose à cette décision. Il est dégradé et renvoyé sur le front de l’Est. Avant de monter dans un train qui lui laisse peu d’espoir, il se sépare d’Helga, qui fuit en Suède avec un cousin, Wollenberg, aviateur dissident. «Il n’y a jamais eu de Bruno Lüdke» répète machinalement Kersten. On apprend que Keun a été abattu et Lüdke éliminé dans un institut spécialisé. L’affaire est classée «Secret d’État».

"Ce film très noir s’inspire d’un récit de Will Berthold sur l’affaire Bruno Lüdke, maniaque sexuel sanguinaire auquel on avait attribué plus de quatre-vingts meurtres dans les années 1930-1940. Des membres de la famille de Siodmak avaient été victimes du régime hitlérien, et le film, tout en décrivant le personnage de Lüdke, est une dénonciation virulente des méthodes de la Gestapo et des SS pour camoufler une vérité insupportable : depuis l’avènement de Hitler, un Allemand aryen à l’esprit dérangé a échappé à la justice du IIIe Reich et bafoué, par ses crimes de sang, les théories sur la pureté de la race et l’élimination des handicapés.

Le cinéaste retrouve son style réaliste et sombre des dernières années de la République de Weimar et provoque un grand choc émotionnel et politique (face au cinéma à bonne conscience de la RFA) par des images fortes et implacables".

Jacques Siclier pour Télérama