Allemagne, 1944. Bruno Lüdke, un garçon de ferme, maniaque sexuel violent, tue Lucy, serveuse à Hambourg, amie de Willi Keun, sous-officier nazi sur qui les soupçons retombent. À Berlin, le commissaire Axel Kersten, démobilisé du front de lEst, reprend son travail à la Criminelle et reçoit le dossier Keun. Le climat est tendu : bombardements alliés, SS et raison dÉtat envahissants, population lasse de la propagande. Kersten fréquente Helga Hornung, une collègue, et découvre par hasard chez elle un vieil avis de recherche sur un crime similaire à celui dont on accuse Keun. À Hambourg, il disculpe le suspect après avoir découvert sa faiblesse physique. Il soupçonne un tueur en série.
Bruno, lui, court toujours et tuerait Anna, une jeune femme juive qui vit cloîtrée, sil nétait dérangé par quelquun. Lenquête intéresse un commandant SS, Rosdorf, qui y trouve matière à alimenter les thèses eugénistes sur lélimination des nuisibles. Kersten découvre et interroge Bruno, qui sattache à lui, avouant des meurtres mais avançant la folie et lirresponsabilité pour sa défense. Hitler donne lordre à Rosdorf détouffer laffaire Lüdke et de condamner Keun. Il ne faut pas effrayer la population, quitte à éliminer le tueur discrètement par ailleurs.
Kersten soppose à cette décision. Il est dégradé et renvoyé sur le front de lEst. Avant de monter dans un train qui lui laisse peu despoir, il se sépare dHelga, qui fuit en Suède avec un cousin, Wollenberg, aviateur dissident. «Il ny a jamais eu de Bruno Lüdke» répète machinalement Kersten. On apprend que Keun a été abattu et Lüdke éliminé dans un institut spécialisé. Laffaire est classée «Secret dÉtat».
"Ce film très noir s’inspire d’un récit de Will Berthold sur l’affaire Bruno Lüdke, maniaque sexuel sanguinaire auquel on avait attribué plus de quatre-vingts meurtres dans les années 1930-1940. Des membres de la famille de Siodmak avaient été victimes du régime hitlérien, et le film, tout en décrivant le personnage de Lüdke, est une dénonciation virulente des méthodes de la Gestapo et des SS pour camoufler une vérité insupportable : depuis l’avènement de Hitler, un Allemand aryen à l’esprit dérangé a échappé à la justice du IIIe Reich et bafoué, par ses crimes de sang, les théories sur la pureté de la race et l’élimination des handicapés.
Le cinéaste retrouve son style réaliste et sombre des dernières années de la République de Weimar et provoque un grand choc émotionnel et politique (face au cinéma à bonne conscience de la RFA) par des images fortes et implacables".
Jacques Siclier pour Télérama