Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts
(1924-2000)
9 films
   
   
3

Né et élevé sur la côte Est des États-Unis, Lionel Rogosin est le fils unique d'Israel Rogosin, l'un des plus importants chefs d'entreprise et philanthrope de l'industrie textile. Il étudie à l'Université Yale et obtient un diplôme d'ingénieur chimiste afin de travailler dans la compagnie de son père.

Très affecté par la Seconde Guerre mondiale, il se porte volontaire dans la marine américaine pour se battre contre la guerre, le fascisme et le nazisme. À son retour, il passe son temps libre pour voyager en Europe de l'Est et de l'Ouest dévastées par la guerre et en Israël, ainsi qu'un voyage en Afrique en 1948. Il travaille ensuite dans la compagnie de son père jusqu'en 1954 tout en apprenant seul à filmer, avec une caméra Bolex 16mn. Profondément touché par les problèmes politiques incluant le racisme et le fascisme, liés à ses yeux, Rogosin participe à la réalisation d'un film pour les Nations unies, Out, film de style documentaire sur la tragédie des réfugiés hongrois.

Changeant radicalement son destin et abandonnant une carrière confortable, il décide de consacrer sa vie à promouvoir la paix et à s'opposer à des problèmes comme la guerre nucléaire, l'impérialisme et le racisme. Pour faire un film contre l'apartheid, sa première cible, il décide de se former en filmant le Bowery, bas quartier de New York. Cette tentative est influencée par les documentaires de R. J. Flaherty. C'est ainsi qu'il réalise On The Bowery en 1955-1956 dans la tradition du néo-réalisme. Le film est le premier film américain à recevoir le Grand Prix du Documentaire au Festival de Venise en 1956. Il reçoit aussi le British Academy Film Award décerné par l'Académie britannique du film en 1956 et est aussi proposé pour un Oscar du cinéma la même année.

Armé de son expérience réussie, Rogosin parvient à entamer sa lutte contre l'apartheid. Avec une équipe très réduite et en prétendant réaliser un film commercial sur la musique africaine, il filme en réalité clandestinement la vie d'un travailleur migrant sud-africain à Johannesburg. Terminé en 1958, avec des acteurs non professionnels et une jeune chanteuse, Miriam Makeba, Come Back, Africa fait sensation à la Mostra de Venise 1958 et remporte le Prix de la Critique.

Conscient des difficultés de distribution pour les films indépendants aux États-Unis, Lionel Rogosin fonde et ouvre le Bleecker Street Cinema à New York en 1960 qui devient l'un des plus importants cinémas d'art et essai de New York avec le New Yorker Cinema et une sorte d'université du cinéma pour de jeunes réalisateurs comme Milos Forman, Francis Ford Coppola et pour de nombreux critiques et cinéphiles. En même temps, il devient membre fondateur très actif du mouvement New American Cinema avec Jonas et Adolphas Meekas, Shirley Clarke, Bob Downey et beaucoup d'autres, dont les films sont montrés au Bleecker Street Cinema.

Entre 1960 et 1965, Rogosin voyage dans le monde entier pour rassembler des documents pour son film contre la guerre nucléaire Good Times, Wonderful Times présenté comme le film britannique au Festival de Venise en 1965. Le film est aussi projeté dans de nombreuses universités américaines pendant la guerre du Vietnam. Pour résoudre les problèmes de production et de distribution, Lionel Rogosin fonde Impact films en 1965 et distribue de nombreux films politiques et indépendants qui n'auraient pu être distribués autrement. Toujours en 1965, il organise contre la guerre du Vietnam, avec d'autres personnes comme Bertrand Russell (un fan de Good Times, Wonderful Times) le British Artists' Protest (protestation des artistes britanniques) en août et le European Artists' protest (protestation des artistes européens) en décembre.

En 1966 il s'essaie à la comédie et tourne deux courts métrages à petit budget, How Do You Like Them Bananas et Oysters Are In Season tout en dirigeant le Bleeker Street Cinema et Impact Films.

Dans les années 1970, confronté à des difficultés financières grandissantes, Rogosin tourne des films à petit budget soutenus par des chaînes de télévision européennes. Deux d'entre eux, Black Roots et Black Fantasy traitent des souffrances économiques et sociales subies par les Noirs en Amérique. Il poursuit avec Wood Cutters Of The Deep South sur une coopérative gérée par des Blancs et des Noirs et, enfin, avec Arab-Israeli Dialogue, un essai pour donner la parole et un terrain de rencontre aux deux parties par le biais d'une discussion entre un poète palestinien et un journaliste israélien.

En 1974, Rogosin vend le Bleecker Street Cinema puis met fin à Impact Films en 1978. Bien que continuant à développer de nombreux projets sur des sujets comme les indiens Navajos, la violence policière, Paul Gauguin et une comédie musicale sur les enfants des rues au Brésil, il n'est jamais parvenu à réunir l'argent nécessaire aux tournages. Malgré son succès auprès de la critique en Europe et auprès d'autres cinéastes américains indépendants, il n'a jamais été reconnu ni soutenu aux États-Unis.

Dans les années 1980, il s'installe en Angleterre et se tourne vers l'écriture. Sa santé déclinant, il retourne à Los Angeles à la fin des années 1990 où il meurt le 8 décembre 2000.

Filmographie :

1957 On the Bowery
Avec : Ray Salyer, Gorman Hendricks, Frank Matthews (eux-même). 1h05.

Ray, un cheminot à bout de ressources, échoue sur le Bowery, le quartier des clochards à New York...

   
1959 Come back, Africa
Avec : Miriam Makeba, Vinah Makeba, Zachria Makeba, Molly Parkin. 1h35.

Paysan zoulou fuyant la famine, Zacharia arrive à Johannesburg en quête d'un travail pour subvenir aux besoins de sa famille. Employé à la mine d'or, il espère ainsi obtenir un permis de résidence en ville mais constate très vite qu'on l'a mal informé. Aspirant à un travail moins aliénant, Zacharia occupe plusieurs tâches clandestines successives

   
1966 Oysters 'R' in Season
   
   
1966 How Do You Like Them Bananas
   
   
1966 Good Times, Wonderful Times
Avec : Lionel Rogosin, Molly Parkin. 1h10.

Une soirée très élégante dans le Londres bourgeois, intellectuel et superficiel de droite avec, en parallèle, des images d'archive sur les horreurs de la guerre.

   
1970 Black Roots

 

 
   
1972 Black Fantasy
   
   
1973 Woodcutters of the Deep South

 

 

   
1974 Arab Israeli Dialogue
   
   
Retour