Arthur Seaton, 24 ans, est ouvrier tourneur dans l'usine de cycle Raleigh de Nottingham. Il gagne 14 000 £ par semaine pour produire 1 000 pièces identiques par jour. Il méprise son collègue Jack qui se plie aux ordres du contremaitre Robboe. "Moi je veux me marrer dans la vie, le reste est propagande" dit-il avant de rentrer chez lui en vélo. C'est vendredi soir et, il donne une partie de son salaire à sa mère et ironise sur son père, calé devant la télévision, indifférant à l'accident qui vient d'avoir lieu dans l'atelier de mécanique.
Samedi soir. Arthur se fait beau pour la soirée au pub où il met au défi un marin de boire plus que lui. Au bout dune dizaine de pintes, il est vainqueur ; il renverse une ultime bière sur des clients bougons et dévale au bas de l'escalier qui mène aux toilettes. Plus tard dans la nuit, il est chez Brenda qu'il a laissée au café et avec qui il entretient une relation secrète. Celle-ci est mariée à Jack qui a emmené leur fils à la mer pour le week-end. Ils sont tous deux pressés d'aller au lit.
Le dimanche matin, Brenda prépare son petit déjeuner à Arthur, le pressant de partir avant le retour de Jack. Celui-ci revient en moto, ce qui laisse juste le temps à Arthur de filer en douce. Arthur rejoint ensuite son cousin et meilleur ami, Bert, qui est au pub avec sa mère et tante d'Arthur, Ada. Les deux garçons se donnent rendez-vous pour une partie de pêche l'après-midi. Dans le pub, Arthur a remarqué Doreen, venue fêter l'anniversaire de sa mère et qu'il invite à boire un verre avec lui. Ils se donnent rendez-vous pour le mercredi au cinéma.En péchant prés du fleuve, Arthur exprime son désir de n'être jamais prisonnier du mariage synonyme d'aliénation et de télévision. Il est excédé de tant donner à l'usine, aux impôts, aux assurances, heureux encore d'échapper à la guerre. Il veut être plus rusé que ses camarades qui se contentent d'espérer que tout s'arrangera tout seul.
Le lundi, Arthur est de retour à l'usine et s'amuse méchamment à faire peur à une ouvrière avec un rat mort. Il discute avec son collègue Jack qui ne se doute pas que sa femme et son collègue sont amant et auquel il apprend qu'il va désormais travailler de nuit. Robboe tente de le coincer pour le coup du rat mort et le traite de communiste ce qu'Arthur nie... tout en avouant à Jack avoir voté pour ce parti en volant la carte d'électeur de son père.
Apres quinze jours de travail de nuit, Jack s'inquiète de voir sa femme toujours de sortie. Elle a en effet rendez-vous avec Arthur. Ceux-ci croient que Jack ne soupçonne rien mais ils retrouvent sa moto devant le pub où ils viennent s'amuser chaque soir. Arthur y rentre seul et Jack le menace à mots couverts de lui flanquer une raclée car son frère et un de ses copains militaires sont en permission chez lui pendant quinze jours. Arthur et Doreen sortent du cinéma où ils sont allés voir Pillow talk (Michael Gordon, 1959). Doreen invite Arthur chez sa mère qui leur fera à manger. Arthur voudrait inviter Doreen à sortir avec lui dans un pub mais la jeune fille refuse une sortie autre que le cinéma
C'est de nouveau jour de paie à l'usine. Artur donne sa part à sa mère et s'amuse avec le plus jeune fils de sa tante qu'il course jusque dans l'épicerie où il a une nouvelle altercation avec Mrs Bull sa voisine et commère du quartier.
Le samedi, il danse avec Doreen chez elle. Elle a invité son amie Betty pour Bert. Mais l'arrivée de Gratton met fin à la fête. Le soir, Arthur a rendez-vous avec Brenda qui, effondrée, lui apprend qu'elle est enceinte. Elle sait aussi qu'il fréquente Doreen. Il promet de l'aider et l'amène le lendemain chez Ida qu'il sait au courant des pratiques d'avortement. Il doit cependant laisser Brenda chez sa tante car Bert arrive à l'improviste. Les deux cousins vont au cinéma et, le soir tentent de défendre un vieil ivrogne qui avait cassé la devanture d'un magasin de pompes funèbres. Mrs Bull intervient pour que l'ivrogne soit arrêté par la police. Arthur décide de se venger.
Le samedi suivant alors que Mrs Bull est à son poste il lui tire dans les fesses avec un fusil a plomb depuis sa fenêtre. Il en rigole avec Bert. Mrs Bull vient se plaindre avec son mari mais Arthur l'intimide. Arrive ensuite Doreen et Mrs Bull qui revient à la charge accompagnée cette fois d'un policier qui recule quand le père d'Arthur, qui déteste Mrs Bull, le défend. La journée se termine autour d'une danse improvisée avec Doreen et Arthur hilares.
Le dimanche toutefois il a rendez-vous avec Brenda qui lui apprend que Ida n'avait qu'un remède de bonne femme à lui proposer, à base de gin et de bain bouillant, qui l'a tendu malade mais n'a rien donné. Elle a besoin de 5 000 livres pour les services d'un médecin. Arthur promet de les lui amener dans les deux jours.
Le samedi suivant, Arthur se promène avec Doreen qui lui parle mariage. Apres l'avoir rabrouée il semble accepter et se propose de l'amener à la fête foraine le soir même. Arthur y retrouve Brenda avec son mari, leurs fils et les deux militaires en permissions. Arthur veut des nouvelles sur l'avortement de Brenda mais celle-ci lui apprend qu'elle y a renoncé et s'est décidé à garder l'enfant. Troublé, Arthur se cache avec elle dans le manège de la chenille où il est observé par les deux militaires. Il croit leur échapper mais se fait rudement tabassé par eux dans un terrain vague.
Huit jours plus tard, alité, il reçoit la visite de Doreen. Ils échangent un baiser. Le soir ils se retrouvent chez Doreen et, une fois la mère de celle-ci partie se coucher, ils deviennent amants.
A la pèche avec Jack, Arthur s'avoue prêt au mariage mais aimerait échapper à la télévision aux cigarettes et aux comportements moutonnier. Il aimerait plus que cela dans la vie. Sur la colline où se construisent de nouveaux lotissements, dominant Nottingham, Doreen et Arthur observent le lieu où s'élèvera sans doute bientôt leur maison tout confort. Arthur y jette une dernière pierre de défi.
Saturday Night and Sunday Morning est l'histoire d'un jeune homme en colère dont la vie se partage entre les semaines mornes où il ronge son frein à l'usine et le week-end où il enchaîne les beuveries épiques au pub avec ses amis. pour s'évader de ce Nottingham grisâtre, se ficher de tout et de tout le monde et n'en faire qu'à sa tête. Impuulsif et espiègle, il refuse le monde des adultes et s'amuse à placer un rat mort au poste d'une collègue d'usine ou tirer au fusil à plomb dans la fesse de sa commère de voisine récalcitrante. Arthur ne cherche qu'à vivre au jour le jour et sans attache, et le mariage, aboutissement logique de tous les jeunes gens de son âge, est synonyme de prison à laquelle il faut échapper. Le film se fait le portrait d'une certaine Angleterre de l'après-guerre, résignée et sans perspectives. Les quidams qui ont connu la guerre et les privations se contentent aisément d'un travail modeste et monotone qui leur apporte sécurité, la télévision étant une distraction bien suffisante et ils n'aspirent finalement à rien d'autre. La génération suivante, celles de leurs enfants ne se reconnaît pas dans cette perspective toutes tracée mais le film montre finalement l'impasse de ces jeunes gens face aux possibilités d'avenir terriblement limitées.
Saturday Night and Sunday Morning est un des films manifeste du "free cinéma" anglais, mouvement britannique des sixties contemporain de la Nouvelle Vague française même si plus politiquement engagée que cette dernière. Le phénomène trouve d'ailleurs en partie son origine du côté littéraire puisque certaines de ses préoccupation se retrouvent déjà chez les Angry Young Men, groupe de jeunes auteurs britanniques apparus durant les années cinquante. Leurs écrits se caractérisaient par la touche authentique et réaliste des milieux prolétaires dépeints, que ce soit les personnages type working class heroes favorisant une écriture au langage simple ou dans les situations issues du quotidien qui leur vaudront également le qualificatif de kitchen sink drama (variation du terme Kitchen sink painters attribué aux peintres réalistes anglais des années 40/50).
Le film de Karel Reisz adapte un des livres les plus culte du mouvement, écrit par Alan Sillitoe (qui en signe également le scénario) en 1958 et qui verra un autre de ses écrits transposé dans le cadre du free cinéma avec La Solitude du Coureur de fond réalisé en 1962 par Tony Richardson (ici producteur).