Tempête à Washington

1962

(Advise and consent). Avec : Henry Fonda (Robert A. Leffingwell), Walter Pidgeon (Bob Munson), Franchot Tone (le Président), Lew Ayres (le Vice-Président Harley Hudson), Charles Laughton (Seabright Cooley, de la Caroline du Sud). 2h22.

Le président des États-Unis (gravement malade et se sachant condamné) a pressenti Robert Leffingwell pour devenir secrétaire d'État aux Affaires étrangères. Bob Munson, chef de la majorité du Sénat, sénateur du Michigan, lui promet son soutien. Il le met en garde contre Seab Cooley, sénateur de la Caroline du Sud, représentant le vieux 2 Sud réactionnaire, qui veut l'abattre.

Cooley accuse aussitôt Leffingwell d'avoir été communiste. Le sénateur Van Ackerman, jeune ambitieux, désire présider la commission d'enquête qui interrogera Leffingwell. Après une séance orageuse au Sénat, Munson demande à son ami Brig Anderson de présider cette commission. Leffingweil parvient à prouver que Herbert Gelman, qui l'accuse d'avoir fait partie d'une cellule communiste, est un malade mental. En privé, il avoue au président qu'il a bien été communiste. Au Sénat, van Ackerman attaque violemment Brig Anderson, qui reste irréductible. Brig, victime d'un chantage à propos d'amitiés particulières qu'il aurait eues, se suicide, après avoir demandé à Leffingwell de retirer sa candidature. Munson soupçonne van Ackerman d'être l'instigateur du chantage. Le président maintient sa décision. Le vote va avoir lieu au Sénat. Les adversaires sont à égalité. Mais le vice-président annule le vote : il vient d'apprendre la mort du président des États-Unis. Il nomme alors son propre secrétaire d'État.

Le président propose le nom de Robert Leffingwell pour le poste de secrétaire d’État. Le titre original, Advise & Consent, est l'appellation de la procédure qui conduira le Sénat à valider ou non cette nomination. Une rumeur enfle : Leffingwell aurait été communiste. À partir de là, Preminger observe les politiques entre eux : les uns intriguent, d’autres règlent leurs comptes, les plus vicieux font chanter les plus honnêtes.

Tempête à Washington est un document passionnant sur l’exercice du pouvoir, la description minutieuse des rapports entre le législatif et l’exécutif. Et qui nous interroge : la fin justifie-t-elle les moyens ? Preminger adapte pour ce film le livre d’Allen Drury, en en modifiant certains éléments : celui-ci faisait un véritable héros du personnage incarné par Charles Laughton, alors que le cinéaste penche du côté d’Henry Fonda. Il affirme sa position : « Si Advise & Content ne critique aucun parti, il s’attaque néanmoins au maccarthysme, qu’il condamne, je l’espère, sans équivoque. Je suis libéral et j’estime que le maccarthysme est une hystérie haïssable, mais que l’on ne peut pas rattacher à un parti, ni même à une idée. » (propos recueillis par Bertrand Tavernier, Cahiers du cinéma n°133, juillet 1962)

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