Corneliu Porumboiu et son père, Adrian, regardent un match de football : le Steaua contre le Dinamo; en 1988, que son père arbitrait. Leurs commentaires accompagnent en temps réel les images originales du match : le derby de Bucarest entre le Steaua et le Dinamo en 1988, un an avant la révolution en Roumanie...
la partie est réputée « à haut risque », dans un pays où les enjeux politiques déteignaient fréquemment sur le sport. Sous une neige battante, l’équipe de l’armée rouge affronte celle des services secrets. Âgé de 13 ans, Corneliu se souvient d’ailleurs avoir reçu par téléphone une menace de mort adressée à son père quelques heures avant la rencontre. Entre les anecdotes sportives, les souvenirs d’enfance et l’évocation de la fin de la dictature
On y apprend que le Steaua, comme le Milan de Berlusconi ou le Real de Juan Carlos, est le club du pouvoir (politique et financier) ; on y apprend aussi qu’à la fin des années 80 ces équipes dominent le football européen (le Steaua remporte la ligue des Champions en 1986 et perd en finale contre le Milan, trois ans plus tard).
Le dispositif expose un match périmé, car « Le football est un produit périssable » dit Porumboiu père, avant que son fils n’ajoute : « un spectacle à consommation immédiate ». Ce match de novembre 1988 n’aurait jamais dû sortir des fonds de la télévision roumaine, et le coup de génie du cinéaste consiste à le montrer quand même, malgré la qualité désuète et l’illisibilité des images. Filmées en vidéo et prévues pour une diffusion cathodique, elles ne font l’objet d’aucun dépoussiérage, exhibées en l’état.